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LE CAPUCIN.

C'est encore un jeu qui a une grande analogie avec les précédents. Chacune prend le nom d'une partie de l'habillement d'un capucin. L'une sera le manteau, l'autre la robe, l'autre les sandales, l'autre la barbe, l'autre le capuchon, etc. Une aussi fait le rôle du capucin, et enfin celle qui dirige le jeu s'appelle l'historien. Elle doit inventer une histoire où figure un capucin, et, chaque fois que dans cette histoire revient un des noms donnés, il faut que celle qui le porte le répète deux fois si l'historien le dit une, et une fois si l'historien le dit deux. Ce jeu, qui est assez animé s'il est bien conduit, et qui fait donner beaucoup de gages, ressemble un peu à celui de la toilette de madame, que nous avons décrit plus haut; mais il demande quelques efforts d'imagination, parce qu'il y a un récit qu'il faut inventer en y faisant entrer souvent les mêmes mots.

COMBIEN VAUT L'ORGE?

A ce jeu, il y a une des jeunes filles qui représente le maître, et dont le rôle est le plus difficile, parce qu'elle fait les questions. Les autres s'appellent Pierrot, Combien, Comment, Oh, oh!, Vingt sous, Trente sous, Quarante sous, etc. On

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invente tous les noms qu'on veut. Dès qu'on s'entend appeler, il faut répondre : « Plaît-il, maître? » et alors le maître vous demande combien vaut l'orge, et on répond le prix qu'on veut. Nous allons mettre ce jeu en action, et distribuer ainsi les rôles :

Le maître. Henriette.

Pierrot. Hélène.

Combien. Louise.

Comment. Marie.
Oh, oh! Émilie.

Vingt sous. Juliette.

Trente sous. Mathilde.

HENRIETTE. Je commence, soyez bien attentives.

Pierrot?

HÉLÈNE. Plaît-il, maître?

HENRIETTE. Combien vaut l'orge?

HÉLÈNE. Trente sous.

HENRIETTE. Oh, oh!... c'est bien cher. Un gage, Emilie. Dès que j'ai prononcé Oh, oh!, il fallait

répondre « Plaît-il, maître? »

:

ÉMILIE. Eh bien! Plaît-il, maître?

HENRIETTE. Combien vaut l'orge?

ÉMILIE. Vingt sous.

HENRIETTE. Ce n'est pas trop cher, vingt sous!

JULIETTE. Plaît-il, maître?

HENRIETTE. Bon! c'est cela; combien vaut l'orge?

JULIETTE. Trente sous.

HENRIETTE. Oh, oh!... Combien ?... Comment?... Eh bien! personne ne répond?

LOUISE. Je pensais à la distraction d'Émilie. HENRIETTE. C'est ce qui arrive souvent à ce jeu-là. Il est assez rare de pouvoir retrouver l'origine d'un de ces jeux d'esprit, qui n'a pas ordinairement assez d'importance pour que l'on se soit occupé de la conserver et de la transmettre aux races futures; mais ici, il paraît qu'un fait historique a donné lieu à une coutume qui a longtemps existé, et qui ne se retrouve plus que dans le jeu dont nous venons de tracer l'esquisse. Le fameux duc de Lorges, faisant le siége de la petite ville de Lagny, dit, en parlant des habitants : « Ils me résistent, mais je leur ferai voir combien vaut l'orge. » Depuis cette époque, les habitants de Lagny se croyaient insultés quand on leur adressait cette question; ils se saisissaient du malencontreux questionneur, et le plongeaient dans une fontaine sur la place. Quelquefois, on faisait la très-mauvaise plaisanterie de faire dire à quelqu'un qui ignorait les conséquences de cette phrase innocente: « Combien vaut l'orge?» et il l'apprenait à ses dépens.

LES CRIS DE PARIS.

Chacune des jeunes filles prend le nom d'un de ces marchands qui parcourent les rues de Paris

en annonçant à haute voix leur marchandise. Un grand nombre de ces cris est de tradition, et conserve sans doute depuis des siècles les mêmes formules et les mêmes inflexions de voix. Nous allons indiquer ceux que l'on entend le plus fréquemment : Le marchand d'habits. Habits, habits, galons! La marchande de chiffons. Chapeaux à vendre! Voilà la marchande de chiffons!

La marchande de plaisirs. Voilà l' plaisir, mesdames, voilà l' plaisir !

Le marchand de cerises. A la douce, cerises, à la douce!

Le marchand de groseilles. Groseilles à confire, à confire!

Le marchand d'huîtres. A la barque, à la barque, à la barque!

La marchande de poissons. Harengs qui glacent, qui glacent, limandes à frire, à frire!

Le marchand d'œufs. A la coque, tous les gros œufs, à la coque!

La lanterne magique. Voilà la lanterne magique (très-lentement et avec accompagnement d'orgue de Barbarie).

La marchande de cerneaux. Des gros cerneaux! Le marchand de fromages. Bon fromage de Marolles !

Le marchand de légumes. Des choux, des poireaux, des carottes, navets, navets!

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Le marchand de jouets. V'là les petits moulins à vent! V'là l'amusement des p'tits enfants!

Le marchand de coco. A la fraîche, qui veut boire? etc. »

Maintenant, pour jouer le jeu, chacune des jeunes filles ayant pris un métier, elles se promènent lentement. La première qui commence appelle l'une d'elles par le nom de son métier. Celle-ci, à l'instant, doit imiter le cri qui convient à ce métier. Alors l'autre lui demande une des choses qu'elle doit vendre. Il faut qu'elle réponde : « Je n'en ai pas, demandez à tel autre marchand. » Celle qu'elle désigne commence à imiter le cri du rôle qu'elle a pris. On lui fait la même question; elle renvoie aussi à une autre, et ce jeu, qui n'a pas d'autre mérite que l'imitation fidèle des cris bien connus, n'est pas assez compliqué pour avoir besoin d'une plus longue explication. On donne des gages quand on manque à l'appel de son nom, ou quand on demande à un marchand un objet qu'il ne doit pas vendre.

LES ÉLÉMENTS'.

Dans ce jeu on emploie un mouchoir roulé comme une balle. Les jeunes filles sont assises en

1. On a cru, pendant des siècles, que les corps n'étaient composés que d'eau, de terre, d'air et de feu, et on a appelé ces

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