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s'empressa de faire un grand feu. L'intensité du froid rendait cette précaution plus nécessaire que jamais. »

Nous sommes obligé d'avertir, en donnant ce modèle de contre-sens, qu'il ne nous est pas venu à la pensée d'imiter la forme de quelques romans modernes.

LE JOURNAL.

Ce jeu, moins difficile que le précédent, lui ressemble sous quelques rapports. La jeune fille qui le dirige doit avoir un livre ou un journal contenant un récit sérieux. Chacune des autres choisit un métier, comme confiseur, épicier, marchand de joujoux, marchande de modes, etc. Elles se placent visà-vis de la lectrice. Celle-ci, en lisant, s'arrête quand elle rencontre un substantif et quelquefois un verbe, et regarde celle qui doit parler, ou bien tire un ruban, comme nous l'avons indiqué plus haut. La jeune fille à qui s'adresse ce langage muet doi à l'instant placer un mot qui se rapporte au métier qu'elle a choisi. La lectrice alors finit la phrase, et continue, s'arrêtant de nouveau aux endroits que nous avons déjà indiqués, et regardant tantôt l'une, tantôt l'autre de ses compagnes. Celle qui ne répond pas, ou qui fait une erreur, paye un gage. L'exemple que nous allons donner suffira pour notre explication.

MARIE. Asseyez-vous toutes en face de moi; voici mon journal. Quels métiers choisissez-vous?

HÉLÈNE. Je suis épicier.
HENRIETTE. Moi, quincaillier.
LOUISE. Moi, fruitière.

MATHILDE. Moi, je serai lingère.

ÉMILIE. Moi, marchande de nouveautés.

JULIETTE. Moi, je serai herboriste.

MARIE. Je commence : Une grande....

HÉLÈNE. Bougie.

MARIE. Se fait sentir dans notre....

HENRIETTE. Arrosoir.

MARIE. A plusieurs reprises cette semaine des....
LOUISE. Carottes.

MARIE. Ont proféré des cris séditieux. Des....
MATHILDE. Bonnets.

MARIE. Considérables, se sont formés en cherchant à séduire les....

ÉMILIE. Gros de Naples.

MARIE. Honnêtes de notre....
JULIETTE. Graine de lin.

« Une grande agitation se fait sentir dans notre ville. A plusieurs reprises, cette semaine, des groupes ont proféré des cris séditieux. Des attroupements considérables se sont formés en cherchant à séduire les habitants honnêtes de notre ville. »

On continue ainsi jusqu'à la fin de l'article, si le jeu amuse.

L'AVOCAT.

Toutes les jeunes filles se placent en rond, ou sur deux lignes, en nombre égal. Au milieu se tient celle qui fait les questions. Quand elle s'adresse à une de ses compagnes, il faut que ce soit sa voisine qui réponde pour elle, en parlant à la première personne, comme l'avocat qui prend fait et cause pour son client. Cette complication amène des erreurs fréquentes, qui obligent à donner des gages. Nous allons développer le jeu à l'aide du dialogue. Henriette fait les questions; elle s'adresse à Marie, qui a Mathilde à sa droite. HENRIETTE. Marie, aimes-tu bien Mathilde? MATHILDE. Oui, elle l'aime beaucoup.

«

HENRIETTE. Un gage, Mathilde; il fallait répondre: Oui, je l'aime beaucoup.

D

MATHILDE. Mais je ne pouvais pas répondre cela de moi-même.

HENRIETTE. C'est le jeu. Tu sais que les avocats parlent souvent comme s'ils étaient la partie intéressée. Ne disent-ils pas : « Comment, j'ai passé dans votre pré avec mon âne! Vous osez dire que mes poules ont mangé votre grain, et je prends à témoins tous mes voisins que je les renferme dans mon poulailler! » Allons, continuons. Émilie, chante avec ta voisine: « Au clair de la lune, » à deux parties. (Émilie et Hélène chantent.)

HENRIETTE. C'est Hélène qui devait chanter la première partie, et Émilie la seconde, parce que je m'adressais à Émilie. Et toi, Louise, saurais-tu chanter aussi?

LOUISE. Que faut-il que je chante?

HENRIETTE. Allons, encore un gage. C'était à Juliette à répondre.

JULIETTE. C'est vrai, je n'y ai pas pensé.

HENRIETTE. Juliette, n'est-ce pas qu'Hélène a un bon caractère?

HÉLÈNE. Non, il y a des moments où je ne suis pas aimable.

HENRIETTE. Hélène, ta petite sœur Julia ne seraitelle pas en état de jouer avec nous?

MARIE. Oui, je trouve que nous pourrions amener ma petite sœur, et choisir pour elle des jeux simples.

Nous conseillons ce jeu, qui n'est pas très-difficile et qui peut amener des réponses inattendues, si on veut se donner la peine de le bien jouer.

LA SELLETTE.

Nous ne quitterons pas le tribunal sans expliquer le jeu de la sellette, qui est un de ceux que l'on aime le mieux quand la compagnie est un peu nombreuse. On sait que la sellette est le siége sur lequel se place un accusé. On prend un petit tabouret, qui

en tient lieu; on le place au milieu de la chambre, et la personne coupable s'assied. Une autre fait le tour du cercle et demande tout bas à chaque juge quelle est son accusation. Quand on a pris l'opinion de chaque personne, on la dit tout haut à l'accusé, qui doit deviner qui a parlé contre lui. Nous supposons qu'Henriette est sur la sellette. Elle peut faire, si elle veut, un petit discours pour attendrir ses juges, .pendant qu'on recueille les opinions. Cela n'est pas hors du jeu, qu'il faut animer autant que possible.

MARIE interroge tout bas les juges, puis elle dit: Henriette, tu es sur la sellette, parce qu'on t'accuse de chanter faux. De qui vient ce reproche?

HENRIETTE. C'est Louise qui me fait ce reproche. Parce qu'elle a la voix très-juste, elle est très-difficile pour les autres.

MARIE. Non, c'est Hélène. Donne un gage. On t'accuse d'être paresseuse.

HENRIETTE. C'est toi, Marie, parce que j'ai mieux aimé me promener aujourd'hui que de travailler avec toi au jardin.

MARIE. Non, c'est Juliette. La cour exige que tu donnes encore un gage. On t'accuse de n'avoir pas l'air de te repentir.

HENRIETTE. Oh! c'est Mathilde qui a dit cela.

MARIE. Oui, c'est Mathilde. A ton tour, sur la sellette.... Mathilde, on t'accuse d'être gourmande.

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