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les insectes qui ont des ailes, etc., la chauve-souri également, malgré son double caractère qui lui fait dire alternativement :

Je suis oiseau; voyez mes ailes.

Je suis souris; vivent les rats!

LE CORBILLON.

Ce jeu est un de ceux qui plaisaient à nos aïeux, et il a un air de bonhomie et de simplicité qui doit nous toucher. Le mot corbillon, qui signifiait une petite corbeille, n'est plus d'usage dans la langue moderne; mais il peut faire supposer que dans l'origine les joueurs se passaient le corbillon de main en main. A présent, on prend n'importe quel objet, et on le donne à son voisin en disant Je vous vends mon corbillon. Le voisin demande: Qu'y met-on? On doit répondre en rimant en on par un mot qu'il faut tenir tout prêt, comme un bonbon, une chanson, etc., puis le corbillon passe à un autre jusqu'à ce qu'il ait fait le tour du cercle. Si on préfère une rime en ette, on peut dire Je vous vends ma cassette, demander: Que roulez-vous qu'on y mette? répondre un mot comme une allumette, une pincette, etc.; mais c'est une variété qui ajoute peu d'intérêt à ce jeu. On donne un gage si on oublie la rime, ce qui nous paraît

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assez difficile, et cette méprise serait assurément l'excès de la naïveté, comme dans ces vers si connus de Molière :

....

S'il faut qu'avec elle on joue au corbillon,

Et qu'on vienne à son tour lui dire : « Qu'y met-on ? »
Je veux qu'elle réponde: « Une tarte à la crème. »

COMMENT L'AIMEZ-VOUS.

Sans être bien compliqué, ce jeu peut commencer la série des amusements dans lesquels l'esprit est appelé à jouer déjà un certain rôle. Il se rattache à certaines connaissances de grammaire qui ne sont sans doute pas chose nouvelle pour la plupart de nos jeunes lectrices, et qu'il nous suffira, dans tous les cas, de rappeler par quelques courtes explications."

On choisit un mot parmi les homonymes, c'est-àdire parmi les mots qui sonnent de même quoique ayant un sens différent. On peut choisir soit un homonyme qui a plusieurs acceptions, mais dont l'orthographe ne varie pas, comme fraise, son, voile, livre, glaces, soit des homonymes qui se prononcent à peu près de la même manière, mais dont l'orthographe est différente, tels que mer, mère, maire; ou vert, verre, ver, vers; ou bien encore chant, champ. Les premiers homonymes doivent être préférés dans le jeu dont il est ici ques

tion. Prenons pour exemple le mot voile, qui a plusieurs significations.

Une des jeunes filles, qui doit deviner, et par conséquent ignorer le mot qui a été choisi par ses compagnes, se présente au milieu d'elles et leur adresse successivement la question suivante : Comment l'aimez-vous? Il faut que chacune, dans sa réponse, fasse allusion à une des propriétés du mot qui a été choisi. Par exemple, si c'est le mot voile, l'une dira: « Je l'aime en dentelle; » une autre répondra « Je l'aime sur un navire, etc. »

Le jeu se jouera de la même manière avec les homonymes de la seconde espèce. Ainsi, en prenant pour exemple les mots vert, verre, ver, vers, les jeunes personnes interrogées peuvent faire les réponses suivantes à la première question : « Je l'aime transparent, en cristal, à pied (én parlant d'un verre à boire); je l'aime en rubans de chapeau (en parlant de la couleur verte); je l'aime à la façon de Racine (en parlant de vers, poésies, etc. » Ces exemples, que nous choisissons très-simples, peuvent être plus ingénieux, de manière à embarrasser la personne qui questionne, en lui représentant un emploi toujours différent, mais toujours juste du même mot. Il nous souvient qu'en jouant ce jeu, on avait choisi le mot toit, toi. On adressa la question d'usage à une personne qui répondit : « Je l'aime mieux que vous. » Il y avait là une équivoque assez déli

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