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voyage. Il faut maintenant que je m'en retourne. » On décida de consulter la jeune fille et de s'en remettre à sa décision. « Veux-tu, dirent-ils, nous quitter aujourd'hui et t'en aller avec cet homme! » Elle répondit : « Je le veux. »>

Ils laissèrent donc partir Rébecca. Elle monta sur les chameaux d'Eliézer avec sa nourrice et ses jeunes servantes. On l'accompagna jusqu'à la citerne où avait eu lieu la rencontre, et là ses parents la bénirent et lui souhaitèrent une heureuse vie.

Dans la terre de Canaan, le père et le fils attendaient le retour d'Eliézer. Un soir Isaac sortit dans les champs pour se livrer à sa tristesse. Il leva les yeux, et voici que dans le désert il vit s'avancer une caravane. Au même moment, Rébecca aussi, qui était assise sur la haute selle, leva ses yeux et regarda, et elle vit Isaac debout au milieu du champ. (( Quel est cet homme, dit-elle à Eliézer, qui vient là-bas à notre rencontre ? » Le serviteur répondit : « C'est mon seigneur lui-même. » Alors Rébecca descendit de sa monture et se couvrit de son voile. Eliézer raconta à Isaac toutes les choses qu'il avait faites. Ils montèrent tous ensemble vers les chènes de Mambré. Isaac prenant Rébecca par la main, la fit entrer dans la tente de Sarah; elle devint sa femme, et le jeune homme fut consolé de la mort de

sa mère.

A mesure qu'Abraham inclinait vers le tombeau, la paix de l'Eternel descendait en lui, et, dans son

cœur dépouillé de désirs, son intelligence devenait plus claire. N'attendant rien de la vie, il tournait toutes ses pensées vers sa mort prochaine et vers ses actions passées. Il se souvenait des premières paroles que Dieu lui avait adressées : « Toutes les familles de la terre seront bénies en toi. » Il en pénétrait mieux le sers, et il comprenait que l'Eternel avait dirigé lui-même sa vie pour qu'elle demeurât dans la mémoire des hommes comme un exemple et comme un souvenir. Ayant vu, dès sa jeunesse, que les peuples, autour de lui, adoraient des dieux aux formes de bêtes, il avait élevé son cœur vers un Dieu juste et fidèle. Comme un ami guide son ami, le Vivant qu'il avait cherché l'avait dirigé dans ses voies. Aux villes perverties de l'Egypte et de la Chaldée il avait préféré la solitude du désert et la liberté des hauts lieux. Il avait marché devant ses troupeaux en détournant son pied de tout mauvais chemin. Après de longs voyages il avait établi ses tentes à l'ombre des chênes sacrés. Il avait dressé des autels, il avait creusé des puits et planté des arbres, il avait conclu de justes contrats. Il avait honoré ses morts et fait la justice aux vivants. Ses tâches étaient accomplies, et quand Rébecca fut venue dans la terre de Canaan, comme une source de fraîcheur sortie des jardins de Kharan, Abraham mourut sous ses tentes d'Hébron, le cœur plein de gratitude et rassasié de jours.

Sa mort fut connue dans tout le pays et jusqu'à la terre d'Egypte. Ismaël l'apprit au fond du désert de Paran, et il se mit en route pour venir honorer son père. Les deux frères conduisirent le corps au lieu de son repos, Ismaël, le tireur d'arc, et Isaac, le con

ducteur de troupeaux. Il n'y eut pas de querelle entre eux à cause de leur douleur commune, mais ils pleu rèrent ensemble, et Abraham fut enseveli par leurs mains dans la caverne de Macpéla, en vue des chênes de Mambré, à côté de Sarah, sa femme.

Henri MICHEL.

COMPTE RENDU

DES

TRAVAUX DE L'ANNÉE

Par le Secrétaire Perpétuel.

MESDAMES, MESSIEURS,

Appelé par la bienveillance de mes collègues à remplacer comme Secrétaire perpétuel M. l'abbé Francqueville, nommé évêque de Rodez, je n'ai pas l'ambition de faire oublier mon très distingué prédécesseur. Je n'ai pas non plus à esquisser ici son éloge, si mérité qu'il soit. Vous avez tous en effet présent à l'esprit le souvenir des comptes rendus. qu'il a faits pendant huit années des travaux de notre Société. Vos encouragements ne lui ont pas manqué dans l'accomplissement de cette tâche qui, à la longue, peut sembler monotone à celui même qui en est chargé. Votre constante approbation a prouvé que M. l'abbé Francqueville, par l'étendue de ses connaissances, la finesse de son esprit, le charme de sa parole, savait se renouveler et captiver son auditoire. Que pourrais-je ajouter à ce témoignage si flatteur pour lui?

Cependant ses collègues seuls ont pu, dans la vie

journalière et intime de notre Société, estimer à leur juste prix la sûreté de ses relations et son zèle infatigable pour le bien de l'Académie, qu'il aimait ardemment et dont il s'est séparé avec des regrets que nous avons tous partagés.

Les travaux de l'Académie ne sont pas très nombreux cette année, mais leur variété prouve que rien ne lui échappe de ce qui doit intéresser les esprits cultivés. Fidèle à son titre, elle accueillle, dans ses séances privées ou publiques, toutes les communications qui sont du domaine des Sciences, des Lettres et des Arts. Assurément elle ne parcourt pas en une seule année le cercle entier des connaissances humaines; mais, à consulter ses Mémoires, on verrait qu'aucune d'elles ne lui demeure étrangère.

Est-il besoin de vous rappeler les discours de réception de M. le président Franqueville et de M. Percheval, auxquels notre Directeur a si magistralement répondu ? M. Franqueville, en lettré épris du beau, en humaniste convaincu, évoquait devant nous l'Antiquité Gréco-latine dans toute sa splendeur, M. Percheval, en poète et en artiste, nous peignait amoureusement la mélancolique disparition des

Choses Anciennes.

Les travaux destinés à nos séances privées, quoique d'allure en général plus modeste, ne sont pas moins dignes d'attention. On peut même dire que souvent leurs auteurs, n'ayant pas à affronter l'appréciation directe du public, se livrent davantage à leurs goûts personnels et ne craignent pas de traiter des sujets d'un caractère plus spécial, où l'érudition s'étale tout à son aise.

Tel est en particulier le cas de M. Delignières.

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