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courte durée. A peine les derniers échos de ses obsèques s'étaient-ils évanouis, à peine la dernière souscription était-elle parvenue au comité que le silence se fit autour de sa mémoire. Un monument fut élevé en 1831 sur sa tombe; mais tandis qu'on dressait de tous côtés sur nos places publiques des statues ou des bustes à des illustrations de clocher, dont parfois la renommée n'avait pas franchi les limites de leur arrondissement, le grand lutteur de 1825 attendait toujours le marbre ou le bronze destiné à rappeler son image (1). Il appartenait au libérateur du territoire, dont le général Foy avait prédit « le grand avenir », de signer, en 1872, en qualité de Président de la République, le décret autorisant l'érection de sa statue sur une des places de sa ville natale.

Sept ans plus tard, le 20 juillet 1879, ce monument était solennellement inauguré au milieu d'une foule considérable, et je tiens à constater que deux de nos membres firent entendre en cette circonstance leur parole éloquente, M. Goblet, alors sous-secrétaire d'Etat au Ministère de la Justice, en qualité de repré sentant du Gouvernement de la République, et M. Dauphin, président du Conseil général.

Il reste à l'Académie d'Amiens un dernier devoir à remplir envers la mémoire de son illustre concitoyen. J'espère que le jour où elle disposera de sommes suffisantes pour rémunérer dignement les

(1) En 1879 un membre de l'Académie d'Amiens, M. Gédéon de Forceville, a représenté le général Foy dans l'attitude de l'orateur, à l'angle du monument de Picardie qu'il a fait élever dans la rue Duthoit.

concours, que la modicité de ses ressources l'oblige à ajourner trop souvent, elle tiendra à honneur, parmi les sujets qui solliciteront son attention, de donner la préférence à une biographie et à une étude complètes sur cet éminent homme d'Etat. Ce n'est point en effet une notice de quelques pages, trop longue assurément pour ceux qui ont bien voulu l'écouter, mais où cependant les lacunes abondent, c'est un volume, que comporterait pour être complète l'histoire du général Foy.

ORIGINE

DE LA

PENSÉE RELIGIEUSE ET DES RELIGIONS

Par M. CAMERLYNCK

De nombreux penseurs, philosophes et savants, ont affirmé que la raison humaine, frappée du spectacle des magnificences de l'univers, est religieuse et théiste.

D'autres humains, plus nombreux encore, ont été d'avis que leur religion provient d'une révélation directe de la Divinité; mais cette révélation ayant été diverse en raison du nombre de religions parues, il n'est guère possible de ce côté de rechercher historiquement où est la vérité, d'autant plus qu'il n'est point rare de constater que de prétendues manifestations supra-naturelles ne sont que l'effet des hallucinations d'esprits maladifs.

Quant à l'autre opinion, les plus grands théologiens mêmes n'ont jamais répudié le rationalisme religieux: saint Paul, saint Augustin, saint Anselme, saint Thomas d'Aquin, Bossuet, Fénelon et Clarke ont argumenté à la façon de Descartes et de Leibnitz, d'accord, en cela, avec Aristote et Platon. Parmi les modernes rationalistes on trouve notamment Renan, Michelet, de Quatrefages et Darmestetter.

Il existe cependant une nuance entre les théologiens et les philosophes spiritualistes. Les premiers

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Des passages biffér

sont aux qui ont éte éliminés de mon mémoire prètenté an

Congrès d'histoire ulsgrente de 1900
E.C2

ont dit que l'humanité peut, quand elle a été privée de la révélation, s'élever exceptionnellement jusqu'à la connaissance de Dieu et de ses principaux attributs, avec l'aide des lumières naturelles, alors que les seconds font de cette connaissance une règle positive, un phénomène en dehors de toute idée de révélation spéciale, et inhérent à la nature humaine.

Mais, même sur ce terrain, parce qu'il est dogmatique, il n'est pas possible ici de suivre les deux partis dans leurs discussions; nous ne pouvons nous appuyer que sur des faits d'ordre naturel. Disons seulement, afin de ne pas prolonger outre mesure ces lignes d'introduction, que les notions et principes de la philosophie spiritualiste indépendante ont le grand avantage de s'appliquer indistinctement à toutes les religions avouables, ce qui démontre leur mérite historique en même temps que leur universalité, alors que les religions organisées étant diverses et exclusives ont tous les inconvénients du particularisme.

Voilà ce qu'il n'était, peut-être, pas inutile de rappeler d'abord sur l'origine de la pensée religieuse, et, cette tendance naturelle de l'humanité vers la cause première, a été revendiquée encore, en 1893, au Congrès religieux de Chicago, par tous les orateurs catholiques ou protestants, parsis ou israélites, d'après le livre si documenté de M. Bonet-Maury, intitulé Le Congrès des Religions.

Sous le rapport de l'origine positive des religions, l'existence d'un monothéisme primitif et plus ou

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