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dans l'appréciation de certains faits et de certaines personnes, cela ne peut influer en rien sur un système et sur des doctrines philosophiques qui sont complètement étrangères à ces personnes et à ces faits. Et nous pouvons traduire ses ouvrages philosophiques, les publier, les étudier, les adopter même, tout en gardant, relativement aux questions accessoires placées en dehors du sujet, la plus parfaite indépendance. Mais ce n'est pas assez en voulant discuter les reproches qu'on lui adresse, nous les avons trouvés tous complètement faux ou entièrement exagérés.

1° M. Gioberti, dit-on, a, en politique, des idées ultradémocratiques. Qu'on lise son cinquième chapitre, où il expose au long toutes ses idées sur la politique, on les trouvera d'une parfaite modération.

2o Il est impoli, grossier même envers ses antagonistes. Ceux qui ont lu les Considérations peuvent juger de la vérité du fait par les ménagements excessifs que l'auteur garde envers M. Cousin. On trouvera la même chose dans l'Introduction à propos de M. Rosmini. Et si dans d'autres ouvrages il s'est écarté de ce ton, il y a été contraint par des adversaires qui voulaient faire prendre les formes polies et les compliments pour des concessions et des aveux de faiblesse. Accusé par les personnalités et les injures, M. Gioberti a pu quelquefois, non pas user des mêmes armes pour sa défense, mais traiter rudement l'amour-propre littéraire de ceux qui ne craignaient pas de l'attaquer par tous les moyens. Voici, du reste, ce qu'il nous écrivait le 17 Juin 1844. En lui adressant quelques exemplaires de la traduction des Considé

rations, nous lui faisions part de notre intention de traduire immédiatement Les Errori di Rosmini; après avoir cherché à nous en détourner, il ajoute : « Dans le cas que vous soyez >> résolu à entreprendre la traduction de mon ouvrage sur Ros>> mini, je vous prierais d'élaguer tout ce qui pourrait blesser >> mes adversaires. Il n'y a pas un mot contre leurs personnes; >> mais je ménage peu leur amour-propre littéraire, et je les >> traite un peu rudement. Quand la première édition parut, ce langage était nécessaire; mais depuis, les circonstances ont » bien changé, et je puis revenir sans danger au ton modéré » de ma Teorica et de mon Introduction. »

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3o M. Gioberti, dit-on encore, est ennemi de la France, de son clergé, de ses grands hommes. La lecture attentive. de l'Introduction montrera l'extrême injustice de ces reproches. Il voudrait voir le clergé de France reprendre le rang qu'il occupait au XVIIe siècle, en tête du mouvement scientifique et littéraire ; il lui désire autant de science qu'il a de vertus. Puissent tous nos ennemis faire pour nous les mêmes vœux! Selon lui, Bossuet, traduit littéralement en italien dans certains passages de ses oraisons funèbres, ne serait pas goûté des juges habiles, parce que le génie de l'éloquence italienne diffère du génie de l'éloquence française. En vérité, nous rougirions de répondre davantage à de pareilles accusations. Mais il est ennemi de la France! Pour un Italien, c'est un tort très-grave. Voyons pourtant à quoi tout se réduit M. Gioberti trouve les Français de notre siècle incrédules, légers, vains, impropres par leur génie naturel aux profondes élucubrations de la synthèse; il veut que les

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Italiens se soustraient de toutes leurs forces à l'influence française et à la gallomanie, qui altère leur caractère national et gâte leurs littérateurs; en un mot, il veut que les Italiens soient Italiens et non pas Français. Mais, d'ailleurs, voici ce qu'il dit de la France, qu'il appelle une grande et noble nation: « Les Français sont certainement un grand peuple; » ils eurent des hommes et firent des choses admirables; » ils possèdent des institutions que nous pourrions emprun» ter avec sagesse, et ont fait des progrès qu'il nous serait » facile de partager. La liberté civile et politique de l'Europe » est en partie leur ouvrage; et on peut croire qu'ils seront » alliés de l'Italie, lorsque l'Italie aura reconquis sa natio» nalité 1. » En vingt endroits, M. Gioberti tient le même langage. Citons seulement un fragment emprunté à la lettre élo-` quente que M. Gioberti adressait, le 19 Mai 1844, au rédacteur de la Revue des Deux-Mondes, qui venait d'insérer contre lui un article rempli de critiques injustes et amères, dues à la plume de M. Ferrari. La Revue ayant refusé d'insérer cette lettre, M. Gioberti l'ajouta à son troisième volume des Erreurs de Rosmini, qui parut peu après.

« Je n'ai jamais méconnu, dit-il au rédacteur de la Re» vue des Deux-Mondes, la mission sublime que la Provi>> dence vous a confiée en vous destinant à être le bras de » la chrétienté européenne 2, et en vous dotant des facultés >> convenables à cette tâche magnifique. J'ai dit et répété » plusieurs fois que votre gouvernement est un des meilleurs

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