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n'étant pas assez efficace, il avoit indiqué des services à rendre, des établissemens utiles à forle malheur réuni à la vertu à soulager: c'étoit-là ce qu'il appeloit sa Panacée, et l'effet en étoit infaillible.

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On assure qu'en peu d'années, Eraste fut doux, bien portant, et que, malgré son opulence, il fut heureux. On a même ajouté qu'il avoit goûté tant de plaisirs dans l'usage de quelques-uns de ces remèdes, qu'il les avoit continués en bonne santé; ce qui le fit parvenir à un âge très-avancé sans infirmités, sans que sa femme le contrariât, et sans que ses enfans aient eu la pensée qu'il leur étoit conservé trop long-temps.

Malheureusement cette recette ne peut convenir à tout le monde; mais on l'appliquera avec succès aux gens riches de la société, qui presque tous ont des maux pareils à ceux dont Eraste étoit atteint.

DEVAINES.

autorité le caractère auguste et imposant dont elle a besoin pour déployer son énergie. Cette inviolabilité est, pour ainsi dire, l'auréole de la majesté souveraine. Les rayons qui la composent n'en sont pas, comme on l'a cru, des émanations de la lumière céleste; mais pour n'être que des émanations de la raison humaine, son éclat n'en sera ni moins brillant ni moins sacré.

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MUSIQUE RUSSE.

Vous avez entendu parler de cette musique de cors-de-chasse, qui a été inventée et perfectionnée en Russie, et qui produit des effets dont aucune autre musique ne peut donner l'idée. Si vous voulez en avoir des notions très-exactes, lisez un livre allemand, imprimé à Pétersbourg, et qui a pour titre: L'origine, les progrès et l'état actuel de la musique de chasse russe, par J. C. Hinrichs. Cet ouvrage est vraiment curieux; l'auteur est un habile musicien, professant lui-même son art en Russie. Il a été l'ami de l'inventeur, qui se nommoit J. A. Maresch, né en Bohême en 1719, et mort en 1794. Il étoit maître de la musique de la chapelle impériale sous l'impératrice Elisabeth, lorsqu'il imagina ce genre de musique, qui plut beaucoup à l'impératrice et dont il avoit la direction. Dès-lors on a continué d'en faire usage à la cour de Russie, et l'exécution s'en est perfectionnée à un degré merveilleux.

Elle ne s'exécute qu'avec des cors plus ou moins longs, plus ou moins courbes, mais chacun ne rendant qu'un seul ton. Comme toutes les pièces qu'on exécute avec ces instrumens comprennent quatre-vingt-onze tons ou demitons divers, et que chaque ton est rendu par le même cor, il faudroit quatre-vingt-onze musiciens, si, au moyen d'une intelligente distribution des parties, un seul musicien ne pouvoit se charger de plusieurs cors dans la même pièce. Il faut au moins vingt musiciens pour exécuter les pièces les plus simples; mais l'exécution n'est parfaite qu'avec quarante musiciens, et souvent l'on en emploie davantage. Vous voyez que chacun d'eux n'a jamais qu'un même ton à faire entendre, toutes les fois que ce ton se présente dans la partition; mais la grande difficulté consiste dans l'extrême précision de mesure et dans l'art des liaisons et des nuances, que l'exécution exige pour rendre l'esprit et l'effet d'une composition. C'est cet art qui est porté à une incroyable perfection. On exécute ainsi des pièces de Haydn, de Mozart, de Pleyel, et même des concertos de Jarnowich, avec le plus bel effet, qui ne ressemble point du tout à celui des orchestres ordinaires. Ce qui en approche le plus est le jeu d'un grand orgue;

mais l'orgue ne peut pas rendre les mêmes nuances de sons, ni les mêmes finesses d'expression. Cette musique fait dans le lointain, et en grand, un effet analogue à celui que fait de près l'harmonica. Dans un temps calme et une belle nuit, elle a souvent été entendue distinctement à la distance d'une lieue et demie de France.

Le prince Potemkin, qui aimoit tout ce qui avoit de la grandeur et de l'extraordinaire, faisoit ses délices de ce genre de musique, et avoit pour cela une bande de musiciens qu'il emmenoit avec lui dans toutes ses expéditions. Cette réunion de virtuoses fut dispersée à sa mort.

On a conservé les détails d'une fête singulière donné à Moscou en 1763, où la musique des cors fut employée avec le plus brillant succès. C'étoit en carnaval. On avoit élevé, sur un immense traîneau, une colline de six toises de hauteur et de quarante de circonférence, laquelle on avoit planté d'arbres et d'arbustes qui formèrent une forêt artificielle où l'on chassoit des cerfs, des lièdes renards. Les chasseurs, dont on ne voyoit d'abord que les bonnets, entonnèrent tout-à-coup un concert de cors qui avoit quelque chose de magique. Cette machine fut traînée dans la ville par vingt-deux superbes boeufs d'Ukraine; le

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