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elle constitue la plante parasite, propre et unique des cistes.

Quelques écrivains ont regardé l'hypocistite comme un champignon du ciste. Ce qui les a trompés sans doute, c'est que cette plante, lorsqu'elle commence à pousser, n'offre d'abord qu'une masse informe et tuberculeuse. Je remarquerai ici au sujet du loranthus d'Europe et de l'hypocistite, que ces plantes ont chacune une seule et même matrice, des sucs de laquelle elles se nourrissent; la première ne vit que sur le chêne, et l'autre sur le ciste. Au contraire, les autres plantes parasites, sur - tout dans l'Allemagne septentrionale, n'ont presque jamais de matrices particulières et propres; elles naissent et croissent indifféremment sur plusieurs espèces de plantes toutes différentes.

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DISCOURS

DISCOURS

SUR L'ORIGINE ET LES VICISSITUDES

DU VER S.

LES Grecs sont les seuls, au moins que nous connoissions, qui, en perfectionnant leur langue, aient conservé les traces et le caractère du langage naissant et primitif. Les hommes ne se sont d'abord expliqués que par des gestes et par des sons intimement et nécessairement liés aux objets de leurs besoins et de leurs passions. Or, des cris inarticulés, qui ne se faisoient entendre qu'aux sens, ne pouvoient avoir un caractère d'expression qu'au moyen d'une intonation forte, et marquée par des intervalles considérables, tant dans la qualité que dans la durée des tons.

Les Grecs, ce peuple sensible au point que l'humanité, la philosophie et les lois ne purent s'introduire chez eux qu'à la faveur de la cadence et du chant, n'eurent garde, en perfec

Tome 1V.

T

tionnant leur langage, d'en abolir les premiers signes, qu'ils regardoient avec raison comme les plus énergiques et les plus pittoresques. Cependant, de la prononciation confuse et tumultueuse de mots, dont toutes les syllabes portoient sensiblement le caractère d'une intonation haute ou basse, lente ou rapide, devoit nécessairement résulter, tantôt une cadence agréable et un chant mélodieux, et tantôt un désordre et des dissonances insupportables.

Il n'étoit pas possible que le peuple le plus heureusement organisé qui fut jamais, abandonnât long-temps au hasard un procédé qui intéressoit si essentiellement son oreille. Pour éloigner donc toute espèce de trouble et de confusion, soit dans les sons, soit dans les temps, les Grecs en observèrent les rapports et les proportions; ils les saisirent et les enchaînèrent par des règles désormais invariables. C'est ainsi que la mélodie, et même le rhythme, qui dans toutes les autres langues est si peu dépendant de la nature des mots, qu'il peut, sans leur faire violence, en prolonger ou en racourcir les syllabes, devinrent en quelque sorte parties substantielles et constitutives de la langue grecque, la plus belle sans doute que les hommes aient jamais parlée. On sent par-là combien il est

ridicule de demander si chez les Grecs le chant étoit inséparable du vers. Nous ne parlerons point de la poésie latine, elle fut absolument calquée sur celle des Grecs; mais vraisemblablement les accens n'y conservèrent pas le même degré d'énergie. Les Lafins, en empruntant des Grecs la poésie et les arts, n'empruntèrent ni leurs mœurs, ni leurs organes. Ce peuple grave, ferme dans ses principes et dans ses desseins, ne se vit jamais dans le cas de craindre que sa morale reçût la moindre atteinte des altérations que pourroit subir sa musique.

Descendons à la versification moderne. S'il faut s'en rapporter au célèbre Gravina, un des plus profonds et des plus sublimes observateurs qu'aient eu la jurisprudence et les arts, la rime a dû son origine à l'école des déclamateurs et des rhéteurs latins, qui altérèrent les véritables couleurs de l'éloquence, et affectèrent dans la chûte de leurs périodes la consonance des mots. L'Italien, ajoute-t-il, soumis à des vainqueurs barbares, perdit bientôt le sentiment de la différence fine et délicate que la cadence des pieds et des nombres mettoit entre le vers et la prose, et ne connut plus d'autre harmonie. que celle qui naissoit de la grossière et fastidieuse conformité des désinences. Mais Gravina cher

choit plus à flétrir la rime contre laquelle il ne cessoit de s'élever et qu'il auroit voulu exterminer, qu'à en démêler la véritable origine. Cependant, que prétendoit ce savant homme? Pouvoit-il ignorer que la langue italienne s'étoit tellement éloignée de sa source que l'harmonie qui caractérisoit la latine étoit devenue tout-à-fait étrangère à l'italienne, et ne pouvoit plus lui convenir? Avoit - il oublié que Claude Tolomei avoit inutilement essayé de rappeler le rhythme ancien, et de l'introduire dans sa langue, et que quelqu'heureux que nous paroissent ses essais, comme on peut s'en convaincre par ces deux vers:

Questa per affetto tenerissima lettera mando

A te che tratti barbaramente noi.

son exemple ne fut suivi de personne? Ne sentoit-il pas que ce mélange de breves et de longues n'étoit propre qu'à révolter l'oreille de la nation; et qu'en effet le dactyle, qui répand dans le vers latin tant de noblesse et de grandeur ne donne au vers italien qu'un bondissement désagréable, occasionné sans doute la trop grande abondance des voyelles dont cette langue est composée? Castelvetro croyoit au contraire que le vers italien, tel qu'il existe, soit entier, soit rompu, descendoit immédiate

par

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