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AVERTISSEMENT.

Le mérite des Leçons françaises de littérature et de morale est trop bien apprécié, leur utilité trop généralement reconnue, pour que nous en fassions ici l'éloge. Nous nous bornerons à exposer, en peu de mots, ce qui distingue notre édition de toutes celles qui ont paru jusqu'à présent. La réimpression que nous offrons aujourd'hui au public reproduit textuellement la dernière édition publiée à Paris.

Nous avons apporté la plus scrupuleuse attention à la correction typographique. Les leçons douteuses ont été vérifiées sur le texte même des écrivains cités.

Nous avons fait précéder l'ouvrage par un Résumé de l'histoire de la littérature française, travail entièrement neuf, spécialement destiné à la jeunesse, et qui lui présente, avec des aperçus généraux sur l'esprit et les modifications successives de la littérature, une nomenclature complète et raisonnée de tous les hommes qui s'y sont distingués depuis le douzième jusqu'au dix-neuvième siècle.

Nous avons ajouté au corps de l'ouvrage près de cent nouveaux morceaux, choisis surtout parmi les écrivains modernes, et que nous avons recueillis, soit dans les auteurs eux-mêmes, soit dans les divers recueils publiés en France et en Belgique.

De courtes notes, historiques, littéraires, scientifiques, grammaticales,

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répandues dans tout le cours du livre, éclaircissent les passages qui pouvaient offrir aux jeunes gens quelque obscurité, ou qui ont paru nécessiter un développement ou une rectification.

Enfin, le lecteur trouvera, à la fin du volume, une Table alphabétique des auteurs cités, avec l'énonciation de la date et du lieu de leur naissance et de leur mort, de leur position sociale, et de tous leurs écrits.

Nous osons espérer que des améliorations aussi importantes assureront à cette nouvelle édition une supériorité incontestable sur toutes celles qui l'ont précédée.

PRÉFACE.

TROIS OU QUATRE CENTS VOLUMES, et peutêtre davantage, ont été choisis, feuilletés, lus en partie, pour composer le Recueil classique français, d'une exécution aussi neuve, en ce genre, que le fonds en est riche et précieux, sous le double rapport de la littérature et de la morale. C'est un choix exquis, en prose et en vers, des morceaux de notre langue les mieux écrits et les mieux pensés, dans les parties de composition les plus difficiles, et qui demandent le plus de soin: Narrations, Tableaux, Descriptions, Définitions, Allégories, Morale religieuse ou Philosophie pratique, Discours et Morceaux oratoires, Caractères ou Por· traits, etc.

Faire voir de suite aux jeunes gens, dans l'enseignement des langues et de la rhétorique, des ouvrages entiers, est une erreur dans l'instruction, un défaut essentiel, dont Quintilien, Rollin, Dumarsais, d'Olivet (1), etc., recommandent d'éviter le danger et l'inconvénient. A cette méthode, ils substituaient, autant qu'il était en eux, celle de ne voir, en général, les auteurs que par extraits et morceaux choisis. La supériorité de cette méthode sur l'autre se fait bientôt sentir d'une manière frappante par la rapidité des progrès et du succès des études et de l'enseignement.

Ce principe, en effet, est puisé dans la nature, et l'expérience en confirme le précepte. Interrogez les instituteurs qui ne suivent qu'elle pour guide; écoutez leur

(1) Voyez la Préface des Pensées de Cicéron.

maitre à eux-mêmes, leur modèle, leur éternel oracle dans l'enseignement des langues et de la rhétorique : « Il ne s'agit pas pour lors, dit Rollin, de faire comprendre aux jeunes gens la suite d'un raisonnement long et obscur, ce qui est beaucoup au-dessus de leur âge, mais de les former à la pureté du langage, et de leur donner de bons principes. Or, des extraits faits avec soin, qui pour<< raient avoir quelquefois une longueur raisonnable, seraient également propres < pour ces deux vues, et n'auraient point < les inconvénients qui sont inévitables quand on explique tout de suite des livres qui certainement n'ont point été faits pour apprendre une langue à des jeunes gens, etc., etc. Avant de lire les « auteurs, ils doivent apprendre à les lire et à les étudier. Traité des Études, lom. Ier.

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Partout, à chaque page, dans ses excellents traités sur l'étude des langues française, latine, grecque, et de la rhétorique, les réflexions, les avis de ce célèbre professeur consacrent cette méthode; et non-seulement il invite à la suivre, mais même, en plusieurs endroits (2), il demande « des re<cueils de morceaux choisis, soit en latin,

soit en français, des livres composés « exprès, qui épargnent aux maîtres beaucoup de peine pour feuilleter tant de volumes, et aux élèves des frais consi«dérables pour se les procurer. ›

(2) Traité des Etudes, tom. I et II, passim.

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Cette autorité, déjà si imposante, de Quintilien, de Rollin, et de tant d'habiles professeurs, sanctionnons-la, pour ainsi dire, rendons-la décisive par celle de Nicole (1). On sait qu'il possédait aussi parfaitement le grec et le latin, que notre langue. Voici comme il s'exprime sur l'enseignement en général et les differentes méthodes d'instruction: « Il ne faut jamais permettre <que les enfants apprennent rien par cœur qui ne soit excellent; c'est pourquoi c'est << une fort mauvaise méthode que de leur <apprendre des livres entiers, parce que << tout n'est pas également bon dans les << livres. On pourrait néanmoins excepter Virgile du nombre des auteurs dont il ne faut apprendre que des parties, ou au moins quelques livres de Virgile, comme <le II, le IVe et le VI de l'Énéide. Mais, pour les autres auteurs, il faut user de « discernement; autrement, en confondant les endroits communs avec ceux qui sont « excellents, on confond aussi leur jugement. « Il faut donc choisir dans Cicéron, dans <Tite-Live, dans Sénèque, certains lieux si ⚫ éclatants, qu'il soit important de ne les << oublier jamais. Il faut user de la même réserve dans la lecture des poëtes, tels << que Catulle, Horace, Ovide, Sénèque, << Lucain, Martial, Stace, Claudien, Au

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exprimer; de telle sorte que lorsqu'ils n'en ont que d'excellents, il faut, comme par nécessité, qu'ils s'expriment d'une <manière noble et élevée (2). >

Des vues si justes, si naturelles, et dont l'exécution était impérieusement réclamée par la raison et l'expérience, pour le plus grand bien des études, ont fixé toute notre attention. Nous nous sommes attachés à les remplir avec l'intérêt et le soin dus à l'importance de leur objet. Rien n'a été omis surtout pour rendre ce Recueil digne de l'approbation publique et de l'éducation nationale. Nous espérons qu'il laissera peu à désirer pour l'utilité, la variété, l'agrément et la disposition des matières.

Nous avons profité de l'avantage inestimable d'une position à laquelle rien n'était à comparer pour la perfection de notre travail. Ce Recueil, en général, embrasse. l'ensemble des deux plus beaux siècles de notre littérature, et il en est, pour ainsi dire, l'abrégé. C'est une espèce de muséum ou d'élysée français, où nos meilleurs orateurs, historiens, philosophes et poëtes, semblent se réciter entre eux, ou lire à la jeunesse les endroits de leurs écrits qu'ils ont travaillés avec le plus d'intérêt, qui leur plaisent à eux-mêmes davantage pour la pensée, le style, le goût et la morale.

Nous avons multiplié, autant qu'il a été en nous, les rapprochements, les sujets de comparaison, les oppositions, les contrastes dans les choses, dans les personnes, etc., en mettant les écrivains qui traitent d'objets semblables, analogues ou contraires, en opposition les uns avec les autres, et quelquefois le même auteur avec lui-même, pour comparer le génie, le talent, et faire

(2) Cette dernière idée est évidemment celle de Quintilien dans ces deux phrases: Optimis assuescent, et habebunt intra se quod imitentur. Etiam non sentientes, formam orationis illam quam mente penitùs acceperint, expriment.

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