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est indifférent et n'exerce sur lui aucune influence? Ce serait, messieurs, de votre part, un idéalisme un peu extraordinaire, et j'imagine que vous croyez, avec tout le monde, que l'âme est distincte, mais non pas absolument indépendante du corps, et que par conséquent la nature extérieure a une influence indirecte, mais très-réelle sur l'homme, et par conséquent encore sur tout ce qui est de l'homme. Pensez-vous, quelqu'un a-t-il jamais pensé, que l'homme des montagnes ait et puisse avoir les mêmes habitudes, le même caractère, les mêmes idées, et soit appelé à jouer dans le monde le même rôle que l'homme de la plaine, que le riverain, que l'insulaire ? Croyezvous, par exemple, que l'homme que consument les feux de la zone torride soit appelé à la même destinée que celui qui habite les déserts glacés de la Sibérie? Le croyez-vous? Eh bien ! ce qui est vrai des deux extrémités de la zone glacée et de la zone torride doit l'être également des lieux intermédiaires, et de toutes les latitudes.

Jusqu'ici la raison a l'avantage de s'accorder avec le préjugé, et c'est beaucoup pour elle. Oui, messieurs, donnez-moi la carte d'un pays, sa configuration, son climat, ses eaux, ses vents, et toute sa géographie physique; donnez-moi ses productions naturelles, sa flore, sa zoologie, etc., et je me charge de vous dire à priori quel sera l'homme de ce pays, et quel rôle ce pays jouera dans l'histoire, non pas accidentellement, mais nécessairement, non pas à telle époque, mais dans toutes, enfin l'idée qu'il est appelé à représenter. Un homme qu'on n'accusera pas de s'être perdu dans des rêveries métaphysiques, mais qui joignait à l'esprit le plus positif ces grandes vues où le vulgaire des penseurs ne voit qu'une imagination ardente, et qui ne sont pas moins que le regard rapide et perçant du génie; un homme qui ne jouera pas un grand rôle dans les annales de la métaphysique, le vainqueur d'Arcole et de Marengo, rendant compte à la postérité de ses desseins vrais ou simulés sur cette Italie qui devait lui être chère à plus d'un titre, commence par une description du territoire italien, dont il tire toute l'histoire passée de l'Italie, et le seul plan raisonnable qui ait jamais été tracé pour sa grandeur et sa prospérité. Je sais peu de pages historiques plus belles que celles-là. A cette autorité je joindrai celle de Montesquieu, c'est-à-dire de l'homme de notre pays qui a le mieux compris l'histoire, et qui le premier a donné l'exemple de la véritable méthode historique. L'auteur de l'Esprit des lois, après avoir établi nettement et profondément que tout a sa nécessité, que tout a sa loi, tout, à commencer par Dieu même, n'hésite pas à attribuer au climat une influence immense sur la créature humaine. Mais Montesquieu n'était pas homme à

s'arrêter à cette généralité; il la développe et l'applique en détail. Le principe général admis, il le suit dans ses plus étroites conséquences, et, descendant des hauteurs de l'idée générale, il l'applique à toutes les institutions humaines, politiques, civiles, religieuses, militaires, aux lois les plus petites comme aux plus grandes. C'est là le triomphe de l'esprit philosophique: en effet, il n'y a pas de lacunes dans les choses; tout se tient et se lie.

COUSIN. Cours d'histoire de la philosophie.

LE CHATEAU DE CHAMBORD.

A quatre lieues de Blois, à une lieue de la Loire, dans une petite vallée fort basse, entre des marais fangeux et un bois de grands chênes, loin de toutes les routes, on rencontre tout à coup un château royal, ou plutôt magique. On dirait que, contraint par quelque lampe merveilleuse, un génie de l'Orient l'a enlevé pendant une des mille nuits, et l'a dérobé aux pays du soleil, pour le cacher dans ceux du brouillard avec les amours d'un beau prince. Ce palais est enfoui comme un trésor; mais à ces dômes bleus, à ces élégants minarets, arrondis sur de larges murs, ou élancés dans l'air, à ces longues terrasses qui dominent les bois, à ces flèches légères que le vent balance, à ces croissants entrelacés partout sur les colonnades, on se croirait dans les royaumes de Bagdad ou de Cachemire, si les murs noircis, leur tapis de mousse et de lierre, et la couleur pâle et mélancolique du ciel n'attestaient un pays pluvieux. Ce fut bien un génie qui éleva ces bâtiments, mais il vint d'Italie, et se nomma le Primatice; ce fut bien un beau prince dont les amours s'y cachèrent, mais il était roi, et se nommait François Ier. Sa salamandre y jette ses flammes partout; elle étincelle mille fois sur les voûtes, comme feraient les étoiles d'un ciel; elle soutient les chapiteaux avec sa couronne ardente; elle colore les vitraux de ses feux; elle serpente avec les escaliers secrets, et, partout, semble dévorer, de ses regards flamboyants, les triples croissants d'une Diane mystérieuse, deux fois déesse et deux fois adorée dans ces bois voluptueux.

Mais la base de cet étrange monument est comme lui pleine d'élégance et de mystère : c'est un double escalier qui s'élève en deux spirales, entrelacées depuis les fondements les plus lointains de l'édifice, jusqu'au-dessus des plus bants clochers, et se termine par une lanterne ou cabinet à jour, couronné d'une fleur de lis colossale. aperçue de bien loin; deux hommes peuvent y monter ensemble sans se voir.

Cet escalier lui seul semble un petit temple

isolé; comme nos églises, il est soutenu et protégé par les arcades de ses ailes minces, transparentes, et pour ainsi dire brodées à jour. On croirait que la pierre docile s'est ployée sous le doigt de l'architecte; elle paraît, si l'on peut le dire, pétrie selon les caprices de son imagination. On conçoit à peine comment les plans en furent tracés, et dans quels termes les ordres furent expliqués aux ouvriers; cela semble une pensée fugitive, une rêverie brillante qui aurait pris tout à coup un corps durable, un songe réalisé.

ALFRED DE VIGNY. Cinq-Mars,

DESCRIPTION DE LA MAISON DE CLAËS.

L'esprit de la vieille Flandre respirait donc tout entier dans cette habitation, qui offrait à un amateur d'antiquités bourgeoises le type des modestes que se construisit la riche bourgeoisie au moyen âge.

maisons

Le principal ornement de la façade était une porte à deux vantaux en chêne garnis de clous disposés en quinconce, au centre desquels les Claes avaient fait sculpter par orgueil deux navettes en croix. La baie de cette porte, édifiée en pierre de grès, se terminait par un cintre pointu, qui supportait une petite lanterne surmontée d'une croix, et dans laquelle se voyait une statuette de sainte Geneviève filant sa quenouille. Quoique le temps eût jeté sa teinte sur les travaux délicats de cette porte et de sa lanterne, le soin extrême qu'en prenaient les gens du logis permettait aux passants d'en bien saisir les détails; aussi le chambranle, composé de colonnettes assemblées, conservait-il une couleur gris foncé qui brillait de manière à faire croire qu'il était verni.

De chaque côté de la porte, au rez-de-chaussée, se trouvaient deux croisées semblables à toutes celles de la maison. Leur encadrement en pierre blanche finissait sous l'appui par une coquille richement ornée, et, en haut, par deux arcades

que séparait le montant de la croix qui divisait le vitrage en quatre parties inégales, car la traverse placée à la hauteur voulue pour figurer une croix, donnait aux deux côtés inférieurs de la croisée une dimension presque double de celle des parties supérieures arrondies par leurs cintres. La double arcade avait pour enjolivement trois rangées de briques qui s'avançaient l'une sur l'autre, et dont chaque brique était alternativement saillante ou retirée d'un pouce environ, de manière dessiner grossièrement une grecque. Les vitres petites et en losange, étaient enchassées dans des branches en fer extrêmement minces et peintes en rouge.

Les murs bâtis en briques, rejointoyées avec

un mortier blanc, étaient soutenus de distance en distance et aux angles par des chaînes en pierre. Le premier étage était percé de cinq croisées; le second n'en avait plus que trois, et le grenier tirait son jour d'une grande ouverture ronde à cinq compartiments, bordée en grès, et placée au milieu du fronton triangulaire que décrivait le pignon, comme la rose dans le portail d'une cathédrale. Au faîte s'élevait, en guise de girouette, une quenouille chargée de lin. Les deux côtés du grand triangle que formait le mur du pignon étaient découpés carrément par des espèces de marches jusqu'au couronnement du premier étage, où, à droite et à gauche de la maison, tombaient les eaux pluviales rejetées par la gueule d'un animal fantastique. Au bas de la maison, une assise en grès y simulait une marche. Enfin, dernier vestige des anciennes coutumes, de chaque côté de la porte, entre les deux fenêtres, se trouvait dans la rue une trappe en bois garnie de grandes bandes de fer, par lesquelles on pénétrait dans les caves.

Cette façade était, depuis sa construction, soigneusement nettoyée deux fois par an; si quelque peu de mortier manquait dans un joint, le trou se rebouchait aussitôt; les croisées, les appuis, les pierres, tout en était épousseté mieux que ne sont époussetés à Paris les marbres les plus précieux; en sorte que ce devant de maison n'offrait aucune trace de dégradation, et sauf les teintes foncées causées par la vétusté même de la brique, il était aussi bien conservé que peuvent l'être un vieux tableau, un vieux livre, chéris par un amateur, et qui seraient toujours neufs, s'ils ne subissaient, sous la cloche de notre atmosphère, les différentes luttes des gaz dont nous sommes nousmêmes la proie. Le ciel nuageux, la température humide de la Flandre, et les ombres produites par le peu de largeur de la rue, ôtaient fort souvent à cette construction le lustre qu'elle empruntait à sa propreté recherchée, qui, d'ailleurs, la rendait froide et triste à l'œil. Un poëte aurait aimé quelques herbes dans les jours de la lanterne, ou des mousses sur les découpures du grès; il aurait souhaité que ces rangées de briques se fussent fendillées, et que sous les arcades des croisées, quelque hirondelle eût maçonné son nid dans les triples cases rouges qui les ornaient. Aussi le fini, l'air propre de cette façade à demi râpée par le frottement lui donnaient-ils un aspect sèchement honnête et décemment estimable, qui, certes, aurait fait déménager un romantique, s'il eût logé en face.

Quand un visiteur avait tiré le cordon en fer tressé de la sonnette qui pendait le long du chambranle de la porte, et que la servante venue de l'intérieur lui en avait ouvert le battant au milieu

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DÉFINITIONS.

DE L'AMITIÉ,

Ordinairement ce que nous appelons amis et amitiés, ce ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent. En l'amitié, de quoi je parle, elles se mêlent et confondent l'une en l'autre d'un mélange si universel, qu'elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais 1, je sens que cela ne se peut exprimer qu'en répondant Parce que c'était lui; parce que c'était moi. Il y a, au delà de tout mon discours et de ce que j'en puis dire particulièrement, je ne sais quelle force inexplicable et fatale, médiatrice de cette union. Nous nous cherchions avant que de nous être vus, et par des rapports que nous avions l'un de l'autre, qui faisaient en notre affection plus d'effort que ne porte la raison des rapports; je crois par quelque ordonnance du ciel. Nous nous embrassions par nos noms et à notre première rencontre, qui fut par hasard en une grande fête et compagnie de ville, nous nous trouvâmes si pris, si connus, si obligés entre nous, que rien dès lors ne nous fut si proche que l'un à l'autre. Il écrivit une satire latine excellente, qui est publiée, par laquelle il excuse et explique la précipitation de notre intelligence si promptement parvenue à sa perfection. Ayant si peu à durer, et ayant si tard commencé, car nous étions tous deux hommes faits, et lui plus de quelques années, elle n'avait point à perdre temps, elle n'avait à se régler au patron des amitiés molles et régulières, auxquelles il faut tant de précautions de longue et préalable conversation. Celle-ci n'a point d'autre idée que d'elle-même, et ne se peut rapporter qu'à soi: ce n'est pas une spéciale considération, ni deux, ni trois, ni quatre, ni mille; c'est je ne sais quelle quintessence de tout ce mélange, qui, ayant saisi toute ma volonté, l'amena se plonger et se perdre dans la sienne; qui, ayant saisi toute sa volonté, l'amena se

A Ce chapitre de Montaigne est rempli des souvenirs de l'amitié fraternelle qui l'unissait à La Boetie,

plonger et se perdre en la mienne, d'une faim, d'une concurrence pareille : je dis perdre, à la vérité, ne nous réservant rien qui nous fût propre, ni qui fût ou sien ou mien.

Nos âmes ont charrié si uniment ensemble; elles se sont considérées d'une si ardente affection, et de pareille affection découvertes jusqu'au fin fond des entrailles l'une de l'autre, que non-seulement je connaissais la sienne comme la mienne, mais je me fusse certainement plus volontiers fié à lui de moi, qu'à moi.

L'ancien Menander disait celui-là heureux, qui avait pu rencontrer seulement l'ombre d'un ami: il avait certes raison de le dire, même s'il en avait tâté. Car, à la vérité, si je compare tout le reste de ma vie, quoiqu'avec la grâce de Dieu je l'aie passée douce, aisée, et, sauf la perte d'un tel ami, exempte d'affliction poisante, pleine de tranquillité d'esprit, ayant pris en payement mes commodités naturelles et originelles, sans en rechercher d'autres; si je la compare, dis-je, toute, aux quatre années qu'il m'a été donné de jouir de la douce compagnie et société de ce personnage, ce n'est que fumée, ce n'est qu'une nuit obscure et ennuyeuse. Depuis le jour que je le perdis, je ne fais que traîner languissant; et les plaisirs mêmes qui s'offrent à moi, au lieu de me consoler, me redoublent le regret de sa perte nous étions à moitié de tout; il me semble que je lui dérobe sa part : j'étais déjà si fait et accoutumé à être deuxième partout, qu'il me semble n'être plus qu'à demi. Il n'est action ou imagination où je ne le trouve à dire; comme si eût-il bien fait à moi car de même qu'il me surpassait d'une distance infinie en toute autre suffisance et vertu, aussi faisait-il au devoir de l'amitié.

MONTAIGNE.

LA VRAIE ET LA FAUSSE GRANDEUR.

La fausse grandeur est farouche et inaccessible comme elle sent son faible, elle se cache, ou du moins ne se montre pas de front, et ne se fait voir qu'autant qu'il faut pour im

poser et ne paraître point ce qu'elle est, je veux dire une vraie petitesse. La véritable grandeur est libre, douce, familière, populaire; elle se laisse toucher et manier; elle ne perd rien à être vue de près plus on la connaît, plus on l'admire. Elle se courbe par bonté vers ses inférieurs, et revient sans effort dans son naturel. Elle s'abandonne quelquefois, se néglige, se relâche de ses avantages, toujours en pouvoir de les reprendre et de les faire valoir; elle rit, joue et badine, mais avec dignité. On l'approche tout ensemble avec liberté et avec retenue: son caractère est noble et facile, inspire le respect et la confiance, et fait que les princes nous paraissent grands et très-grands, sans nous faire sentir que nous sommes petits.

LA VENGEANCE.

LA BRUYÈRE.

Grands du siècle, grands du siècle, encore un coup; et sous ce titre prenez garde, mes frères, que je n'entends pas seulement les grands du monde, les rois, les princes, les souverains, mais un père et une mère dans sa famille, un magistrat dans son barreau, un juge dans sa ville, un seigneur dans sa terre, quelque petite qu'en soit l'étendue, quelques personnes que ce soient d'un rang supérieur aux autres, jusque dans les conditions les moins relevées; maîtres du siècle, si jaloux de votre autorité, et si ardents à la défendre; si sensibles aux moindres outrage, et si durs aux plaintes qu'on vous fait; si prompts à la vengeance, et si lents à pardonner; ce sont vos propres sentiments que je consulte, c'est à vous-mêmes que j'en appelle! A quoi vous porte tous les jours dans le monde une légère insulte reçue, un défaut de respect, un outrage de rien? De là quelles inimitiés, quels emportements, quels éclats de colère? On se ruine en procès, on se déchire par des calomnies, l'enfant lève la main sur son père, le mari abandonne sa femme, et le frère même va plonger le poignard jusque dans le sein de son frère. Vous êtes maitre, dites-vous, vous voulez être obéi et respecté je souscris à votre raison; mais au fond, dans les choses dont vous êtes le plus touché, dans ce qui vous pique le plus vivement, quel sujet avez-vous de vouloir ainsi vous venger? De quoi s'agit-il? D'un droit souvent douteux, et purement arbitraire, fondé tout au plus sur la naissance ou la fortune, et rarement sur le mérite; d'un frivole point d'honneur; d'une légère contestation; enfin quand on vient à l'examiner, on trouve qu'il y a peu de différence entre l'agresseur et l'offensé.

Vers de terre que nous sommes! cendre et

poussière! viles créatures! il nous sied bien d'être si sensibles aux moindres injures, et de nous soulever pour un regard, pour une parole; tandis qu'on ne compte pour rien d'insulter au maître souverain de l'univers, qui a tout pouvoir et qui ne s'en venge pas; d'attenter à ses droits si sacrés et si légitimes, si justes et si incontestables, si nécessaires et si essentiels.

DE LA RUE.

CE QUE C'EST QUE L'HARMONIE.

L'harmonie, en musique, est le sentiment que produit sur nous le rapport appréciable des sons. Si les sons se font entendre en même temps, ils font un accord; et ils font un chant et une mélodie, s'ils se font entendre successivement.

Il est évident que l'accord ne peut pas entrer dans ce qu'on appelle harmonie du style; il n'y faut donc chercher que quelque chose d'analogue au chant. Or il y a deux choses dans le chant: mouvement et inflexion.

Nos mouvements suivent naturellement la première impression que nous leur avons donnée; et il y a toujours le même intervalle de l'un à l'autre. Quand nous marchons, par exemple, nos pas se succèdent dans des temps égaux. Tout chant obéit également à cette loi : les pas, si je puis m'exprimer ainsi, se font dans des intervalles égaux, et ces intervalles s'appellent mesures.

Suivant les passions dont nous sommes agités, nos mouvements se ralentissent ou se précipitent, et ils se font dans des temps inégaux. Voilà pourquoi, dans la mélodie, les mesures se distinguent par le nombre et par la rapidité ou la lenteur des temps.

En effet, la nature et l'habitude ont établi une si grande liaison entre les mouvements du corps et les sentiments de l'àme, qu'il suffit d'occasionner dans l'un certains mouvements pour éveiller dans l'autre certains sentiments. Cet effet dépend uniquement des mesures et des temps auxquels le musicien assujettit la mélodie.

L'organe de la voix fléchit comme les autres, sous l'effort des sentiments de l'âme. Chaque passion a un cri inarticulé qui la transmet d'une ame à une àme; et lorsque la musique imite cette inflexion, elle donne à la mélodie toute l'expression possible. Chaque mesure, chaque inflexion a donc, en musique, un caractère particulier, et les langues ont plus d'harmonie, et une harmonie plus expressive, à proportion qu'elles sont capables de plus de variété dans leurs mouvements et dans leurs inflexions.

CONDILLAG

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