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d'une montagne dans le fond d'un ravin, où il arrive brisé. Antigone se retourne, le cœur.serré de mille angoisses, et elle voit, entre les deux chênes embrasés, le malheureux roi de Thèbes, le visage couvert d'un long voile, tenant d'une main le couteau sacré, et de l'autre la patère, pleine du sang de la victime. L'auguste misérable est entouré d'une lumière dont la vierge ne peut soutenir tout l'éclat, et qui s'éteint aussitôt : alors d'épaisses ténèbres lui dérobent la vue de son père; et, du sein de ces ténèbres mystérieuses, sort ce dernier cri: Hélas! hélas! adieu, ma fille! A l'instant même renait la clarté du jour : Antigone s'approche en tremblant; mais elle ne trouve que la brebis égorgée: il ne restait plus rien d'OEdipe. Ainsi disparut de la terre le fils

de Laius. Fut-il consumé par la foudre? fut-i englouti dans un abîme? fut-il enlevé vivant dans l'Olympe? Les dieux se sont réservé ce se

cret.

La généreuse fille d'OEdipe, restée seule, partagée entre l'étonnement et la douleur, chercha trois jours entiers le corps de son père, pour lui rendre les honneurs de la sépulture. Les chênes embrasés brùlaient encore. Elle ne foulait qu'avec terreur ce lieu consacré par le jugement des dieux. A la fin, excédée de fatigue, elle se réfugie dans la modeste demeure d'un vieux pasteur, en attendant qu'elle puisse exécuter les dernières volontés de son père, et se rendre à la cour de Thésée.

BALLANCHE. Antigone, liv. II.

CARACTÈRES OU PORTRAITS, ET PARALLÈLES.

La Nature, féconde en bizarres portraits,
Dans chaque âme est marquée à de différents traits.
BOILEAU. Art poet., cuant 1.

PRECEPTES DU GENRE.

PORTRAIT. Description de la figure ou du caractère d'une personne, quelquefois de l'une et de l'autre. Lorsque c'est une espèce d'hommes que l'on peint, comme l'avare, le jaloux, l'hypocrite, la prude, la coquette, ce n'est plus un portrait, c'est un caractère; et c'est là ce qui distingue la satire permise, de la satire qui ne l'est pas. La Bruyère fut accusé d'avoir fait des portraits, il D'avait fait que des caractères; mais la malignité, en les appliquant et en calomniant le peintre, avait deux plaisirs à la fois.

La poésie, l'éloquence et l'histoire, sont également susceptibles de cette sorte de peinture; il faut seulement observer que leur manière n'est pas la même.

Dans tous les genres d'éloquence, un portrait peut être placé. Dans la louange et dans le blâme, rien de plus naturel. Dans la délibération, il importe encore plus de faire connaître les hommes, et par conséquent de les peindre. Dans le plaidoyer, c'est aussi très-souvent par les qualités personnelles, qu'on peut juger de l'intention, de la vraisemblance, de la nature même de l'action, et du degré d'indulgence ou de rigueur qu'elle mérite.

Or, dans tous les cas où l'orateur a un grand intérêt de faire connaître une personne, il a droit de la peindre; et plus le portrait sera fidèle, intéressant, important à la cause, plus il aura de beauté réelle; car la beauté, en fait d'éloquence, n'est que la bonté combinée avec la force du moyen.

L'histoire est, de tous les genres, celui auquel cette manière de rassembler les traits d'un caractère et de le dessiner avec précision semble être la plus propre et la plus familière. Mais, dans l'histoire même, lorsqu'ils sont trop fréquents, les portraits nous sont importuns. Vrais, singuliers, intéressants pour l'intelligence des faits; importants par le rôle qu'ont joué les personnes;

frappants, et par leur ressemblance et par la force, la justesse, l'originalité des traits qui les composent, ils font sur nous l'impression d'une vérité lumineuse, qui répand au loin ses rayons. Mais le portrait d'un homme isolé, et dont le caractère n'est d'aucune influence, n'a lui-même aucun intérêt, et ne peut être dans l'histoire qu'un ornement postiche et vain, digne tout au plus d'amuser une curiosité frivole, mais indigne d'un vrai sage, comme d'un lecteur sérieux. La règle de l'un sera donc de ne se donner la peine de peindre que les personnes qui, par leur caractère, leurs fonctions, leurs rapports avec les faits intéressants, peuvent donner envie à l'autre de les connaître et de les voir au naturel. Par là, les portraits seront rares, et ils se feront désirer.

Je crois même, et j'en ai pour exemple tous les meilleurs historiens, que lorsque tout un caractère se développe dans l'action même, il est assez connu par elle, et qu'il est inutile d'en résumer les traits.

Plutarque les a réunis, mais au moment du parallèle, et c'est alors qu'il est indispensable de rassembler tous les rapports. Si cependant, à la fin d'un règne ou de la vie d'un homme, un court épilogue en rappelle les circonstances les plus marquées, et le fait voir lui-même d'un coup d'œil avec les traits de caractère, les variations, les contrastes, les qualités diverses ou opposées que les événements ont fait paraître en lui, ce sera sans doute un mérite et une grande beauté de plus. Tel est dans Tacite le portrait de Tibère à la fin de son règne, modèle effrayant, pour ne pas dire désespérant, de précision, de force et de clarté 1.

Il est aisé de concevoir pourquoi, dans des mémoires particuliers, les portraits sont naturellement plus fréquents qu'ils ne doivent l'être dans l'histoire. Celle-ci n'a guère intérêt que de faire

1 Voyez Tacite.

connaître l'homme public, et les événements l'exposent; au lieu que des mémoires nous décèlent l'homme privé, et ne font qu'effleurer les actions publiques. Les Mémoires du cardinal de Retz sont le derrière de la toile du singulier spectacle de la Fronde; et, dans les portraits qu'il nous trace des personnages principaux de cette scène héroïcomique, il nous fait voir souvent ce que l'action même ne nous aurait point appris.

Par la même raison, lorsque, dans l'histoire, un personnage a plus d'influence que d'apparence, qu'il agit plus au dedans qu'au dehors, il est intéressant de décrire avec soin ce ressort intérieur et secret des événements qu'on raconte. Ainsi rien de plus nécessaire, de plus intéressant dans le récit du règne de Tibère, que le portrait de Séjan 1.

Dans un historien éloquent (presque tous les anciens l'étaient, témoin Thucydide, Xénophon, Salluste, Tite-Live et Tacite), la manière de peindre ne diffère de celle de l'orateur que par une précision et une vérité plus sévères. On va le voir par des exemples qui dédommageront un peu de la sécheresse de mes observations. Salluste peint Catilina.

Lucius Catilina... Voyez Salluste. ›

De ce caractère et de celui de César, Bossuet semble avoir formé le portrait de Cromwell, où le ton de l'éloquence est plus élevé que celui de l'histoire.

Un homme s'est rencontré, etc. »V. plus bas. Mais la différence est plus sensible encore dans le portrait qu'a fait Cicéron de ce même Catilina, en justifiant Coelius d'avoir été lié avec ce factieux, reproche important à détruire.

Habuit Catilina..., etc. ›

Que l'on rapproche ce morceau de celui de Salluste; et, des deux côtés, on aura un modèle de perfection dans l'art de peindre en orateur et en historien.

Mais, pour ceux qui n'entendent point la langue de Cicéron et de Salluste, il y a, dans la nôtre, de grands exemples de l'un et de l'autre genre d'écrire. Le cardinal de Retz, dans ses Mémoires, a fait les portraits du grand Condé et de Tu

renne.

M. le prince, né capitaine, etc. ›

M. de Turenne a eu, dès sa jeunesse, etc. › Voilà l'historien, voici l'orateur :

Vit-on jamais en deux hommes, etc. 2, › dit Bossuet.

Rien n'éblouit tant les lecteurs superficiels que les portraits de fantaisie; rien ne décèle mieux l'ignorance de l'écrivain aux yeux de l'homme instruit et clairvoyant. Sans même consulter les faits, et avoir présent le modèle, un lecteur judicieux distingue un portrait qui ressemble, d'un portrait vague et imaginaire.

MARMONTEL. Éléments de littérature, t. iv.

1 Voyez Tacite.

2 Voyez plus bas.

CARACTÈRES POLITIQUES.

LE PEUPLE ATHÉNIEN.

L'histoire nous le représente, tantôt comme un vieillard qu'on peut tromper sans crainte, tantôt comme un enfant qu'il faut amuser sans cess quelquefois déployant les lumières et les sentiments des grandes âmes; aimant à l'excès les plaisirs et la liberté, le repos et la gloire; s'enivrant des éloges qu'il reçoit, applaudissant aux reproches qu'il mérite; assez pénétrant pour saisir aux premiers mots les projets qu'on lui communique, trop impatient pour en écouter les détails

et en prévoir les suites; faisant trembler ses magistrats dans l'instant même qu'il pardonne à ses plus cruels ennemis; passant, avec la rapidité de l'éclair, de la fureur à la pitié, du découragement à l'insolence, de l'injustice au repentir; mobile surtout et frivole, au point que, dans les affaires les plus graves, et quelquefois les plus désespérées, une parole dite au hasard, une saillie heureuse, le moindre objet, le moindre accident, pourvu qu'il soit inopiné, suffit pour le distraire de ses craintes ou le détourner de son intérêt.

BARTHÉLEMY. Voyage d'Anacharsis.

MÊME SUJET.

Il y a un peuple fier et poli, savant et guerrier, passionné pour la gloire et pour le plaisir, qui, par le haut degré d'excellence où il porta tous les arts, condamna les âges suivants à l'éternelle nécessité de l'imiter, et au désespoir de le surpasser jamais. L'Athénien, disposé aux émotions douces avant même qu'il vit le jour, par le soin qu'il fallait avoir de n'offrir aux yeux d'une mère enceinte que des objets agréables; l'Athénien qui, dès ses premières années, réglait tous ses mouvements sur les sons cadencés et mélodieux de la voix et des instruments; qui, dès son enfance, formait ses yeux au discernement des plus belles formes, en les dessinant lui-même; qui puisait ses premières instructions dans les vers les plus harmonieux de la plus harmonieuse des langues, et dont l'âme, successivement préparée par la jouissance des chefs-d'œuvre de musique, de peinture, de sculpture et d'architecture, recevait au théâtre l'impression simultanée de tous les arts combinés et réunis ; l'Athénien dut être, en effet, prodigieusement sensible aux charmes de l'éloquence; il abhorrait les fers de la tyrannie, mais il volait au-devant des chaînes de la persuasion.

L'abbé ARNAUD.

LES MOEURS DE SYBARIS.

On ne met point, dans cette ville, de différence entre les voluptés et les besoins; on bannit tous les arts qui pourraient troubler un sommeil tranquille; on donne des prix, aux dépens du public, à ceux qui peuvent découvrir des voluptés nouvelles. Les citoyens ne se souviennent que des bouffons qui les ont divertis, et ont perdu la mémoire des magistrats qui les ont gouvernés.

On y abuse de la fertilité du terroir, qui y produit une abondance éternelle; et les faveurs des dieux sur Sybaris ne servent qu'à encourager le luxe et à flatter la mollesse.

Les hommes sont si efféminés, leur parure est si semblable à celle des femmes, ils composent si bien leur teint, ils se frisent avec tant d'art, ils emploient tant de temps à se corriger à leur miroir, qu'il semble qu'il n'y ait qu'un sexe dans toute la ville.

Bien loin que la multitude des plaisirs donne aux Sybarites plus de délicatesse, ils ne peuvent plus distinguer un sentiment d'avec un sentiment.

Leur àme, incapable de sentir les plaisirs, semble n'avoir de délicatesse que pour les peines; un citoyen fut fatigué toute la nuit d'une feuille de rose qui s'était repliée dans son lit.

La mollesse a tellement affaibli leur corps,

qu'ils ne sauraient remuer les moindres fardeaux; ils peuvent à peine se soutenir sur leurs pieds; les voitures les plus douces les font évanouir; lorsqu'ils sont dans les festins, l'estomac leur manque à tous les instants.

Ils passent leur vie sur des siéges renversés, sur lesquels ils sont obligés de se reposer tout le jour sans être fatigués; ils sont brisés quand ils vont languir ailleurs.

Incapables de porter le poids des armes, timides devant leurs concitoyens, lâches devant les étrangers, ils sont des esclaves tout prêts pour le premier maître 1.

MONTESQUIEU.

LES GRECS, LES ROMAINS.

Quoi qu'en dise un des plus judicieux écrivains de l'antiquité qui cherche à diminuer la gloire des Grecs, leur histoire ne tire point son principal lustre du génie et de l'art des grands hommes qui l'ont écrite. Peut-on jeter les yeux sur tout le corps de la nation grecque, et ne pas avouer qu'elle s'élève souvent au-dessus des forces de l'humanité? On voit quelquefois tout un peuple être magnanime comme Thémistocle, et juste comme Aristide. Salluste nierait-il que Marathon, les Thermopyles, Salamine, Platée, Mycale, la retraite des Dix mille, et tant d'autres exploits exécutés dans le sein même de la Grèce pendant le cours de ses guerres domestiques, ne soient au-dessus des louanges que leur ont données les historiens? Les Romains n'ont vaincu les Grecs

que par les Grecs mêmes. Mais quelle aurait été la fortune de ces conquérants, si, au lieu de porter la guerre dans la Grèce corrompue par mille vices, et affaiblie par ses haines et ses divisions intestines, ils y avaient trouvé ces capitaines, ces soldats, ces magistrats, ces citoyens qui avaient triomphé des armes de Xercès? Le courage aurait été alors opposé au courage, la discipline à la discipline, la tempérance à la tempérance, les lumières aux lumières, l'amour de la liberté, de la patrie et de la gloire, à l'amour de la liberté, de la patrie et de la gloire.

Un éloge particulier que mérite la Grèce, c'est d'avoir produit les plus grands hommes dont l'histoire doive conserver le souvenir. Je n'en excepte pas la république romaine, dont le gouvernement était toutefois si propre à échauffer les esprits, à exciter les talents, et à les produire dans tout leur jour. Qu'opposera-t-elle à un Lycurgue, à un Thémistocle, à un Cimon, à un

1 Voyez en vers, Portraits, la traduction de ce morceau.

Épaminondas, etc., etc.? On peut dire que la grandeur des Romains est l'ouvrage de toute la république. Aucun citoyen de Rome ne s'élève au-dessus de son siècle et de la sagesse de l'État, pour prendre un nouvel essor et lui donner une face nouvelle. Chaque Romain n'est sage, n'est grand, que par la sagesse et le courage du gouvernement; il suit la route tracée, et le plus grand homme ne fait qu'y avancer de quelques pas plus que les autres. Dans la Grèce, au contraire, je vois souvent ces génies vastes, puissants et créateurs, qui résistent au torrent de l'habitude, qui se prêtent à tous les besoins différents de l'État, qui s'ouvrent un chemin nouveau, et qui, en se portant dans l'avenir, se rendent les maîtres des événements. La Grèce n'a éprouvé aucun malheur qui n'ait été prévu longtemps d'avance par quelqu'un de ses magistrats; et plusieurs citoyens ont retiré leur patrie du mépris où elle était tombée, et l'ont fait paraître avec le plus grand éclat. Quel est, au contraire, le Romain qui ait dit à sa république que ses conquêtes devaient la mener à sa ruine? Quand le gouvernement se déformait, quand on abandonnait aux proconsuls une autorité qui devait les affranchir du joug des lois, quel Romain a prédit que la république serait vaincue par ses propres armées? Quand Rome chancelait dans sa décadence, quel citoyen est venu à son secours, et a opposé sa sagesse à la fatalité qui semblait l'entraîner?

Dès que les Romains cessèrent d'être libres, ils devinrent les plus làches des esclaves. Les Grecs, asservis par Philippe et Alexandre, ne désespérèrent pas de recouvrer leur liberté : ils surent, en effet, se rendre indépendants sous les successeurs de ces princes. S'il s'éleva mille tyrans dans la Grèce, il s'y éleva aussi mille Thrasybule 1. Écrasée enfin sous le poids de ses propres divisions et de la puissance romaine, la Grèce conserva une sorte d'empire, mais bien honorable, sur ses vainqueurs. Ses lumières et son goût pour les lettres, la philosophie et les arts, la vengèrent, pour ainsi dire, de sa défaite, et soumirent à leur tour l'orgueil des Romains. Les vainqueurs devinrent les disciples des vaincus, et apprirent une langue que les Homère, les Pindare, les Thucydide, les Xénophon, les Démosthène, les Platon, les Euripide, etc., avaient embellie de toutes les grâces de leur esprit. Des orateurs qui charmaient déjà Rome allèrent puiser chez les Grecs ce goût fin et dé

1 Thrasybule, un des plus grands capitaines d'Athènes, se révolta deux fois contre la tyrannie: d'abord contre le gouvernement des Quatre-Cents, ensuite contre celui des Trente (N. E.)

2 Voyez les Leçons latines anciennes.

licat, peut-être le plus rare des talents, et ces secrets de l'art qui donnent au génie une nouvelle force; ils allèrent, en un mot, se former au talent enchanteur de tout embellir. Dans les écoles de philosophie, où les Romains les plus distingués se dépouillaient de leurs préjugés, ils apprenaient à respecter les Grecs; ils rapportaient dans leur patrie leur reconnaissance et leur admiration, et Rome rendait son joug plus léger; elle craignait d'abuser des droits de la victoire, et, par ses bienfaits, distinguait la Grèce des autres provinces qu'elle avait soumises. Quelle gloire pour les lettres d'avoir épargné au pays qui les a cultivées, des maux dont ses législateurs, magistrats et ses capitaines n'avaient pu le garantir! Elles sont vengées du mépris que leur témoigne l'ignorance, et sûres d'être respectées, quand il se trouvera d'aussi justes appréciateurs du mérite que les Romains 2.

MABLY. Observations sur l'histoire de France.

LES GRECS ET LES ITALIENS.

ses

L'Italie, où la littérature grecque venait d'être transportée par les soins de Boccace et de la république florentine, était le pays de l'Europe le plus propre à faire revivre l'ancienne Grèce. La nature elle-même s'est plu à doter ces deux magnifiques contrées de dons à peu près semblables. Elle a multiplié, dans l'une et dans l'autre, les sites pittoresques; elle y a entassé des rochers majestueux, creusé des vallons riants, et ménagé des cascades rafraichissantes; elle a orné, comme pour un jour de fête, leurs campagnes de la plus riche végétation; et, tandis qu'elle a enrichi à l'envi l'Italie et la Grèce par les prodiges de sa puissance, elle a aussi donné aux hommes qui les habitent, des qualités semblables, si du moins Fon peut reconnaitre le caractère primitif d'un peuple, lorsqu'il a déjà été altéré par les gouvernements divers. Les qualités communes aux peuples de l'Italie et de la Grèce, les qualités permanentes, dont le germe s'est maintenu sous tous les gouvernements, et se retrouve encore, sont une imagination vive et brillante, une sensibilité rapidement excitée et rapidement étouffée : enfin, le goût inné de tous les arts, avec des organes propres à apprécier ce qui est beau dans tous les genres, et à le reproduire. Dans les fêtes du peuple des campagnes, on démêlerait aujourd'hui des hommes en tout semblables à ceux dont les applaudissements animèrent le génie de Phidias, de Michel-Ange ou de Raphaël. Ils ornent leurs chapeaux de fleurs odoriférantes; leur manteau est drapé d'une manière pittoresque, comme celui des statues antiques; leur langage est figuré

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