Guide musical, Volume 41

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1895 - Music
 

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Popular passages

Page 206 - Ah! Dieu du ciel, quelle représentation! quels éclats de rire! Le Parisien s'est montré hier sous un jour tout nouveau; il a ri du mauvais style musical, il a ri des polissonneries d'une orchestration bouffonne, il a ri des naïvetés d'un hautbois ; enfin il comprend donc qu'il y a un style en musique. Quant aux horreurs, on les a sifflées splendidement.
Page 205 - Berlioz. Le fait est que c'est prodigieux. Il me semble que je pourrais écrire demain quelque chose de semblable, en m'inspirant de mon chat marchant sur le clavier d'un piano. La représentation était très curieuse. La princesse de Metternich se donnait un mouvement terrible pour faire semblant de comprendre et pour faire commencer les applaudissements qui n'arrivaient pas. Tout le monde bâillait ; mais, d'abord, tout le monde voulait avoir l'air de comprendre cette énigme sans nom. On disait,...
Page 250 - Tannhauser a été pire que la première. On ne riait plus autant, on était furieux, on sifflait à tout rompre, malgré la présence de l'empereur et de l'impératrice qui étaient dans leur loge. L'empereur s'amuse. En sortant, sur l'escalier, on traitait tout haut ce malheureux Wagner de gredin, d'insolent, d'idiot. Si l'on continue, un de ces jours, la représentation ne s'achèvera pas et tout sera dit. La presse est unanime pour l'exterminer. Pour moi, je suis cruellement vengé...
Page 132 - On mangeait donc un morceau vite, et le soir venait, et nous surprenait encore, moi anéanti, abruti, la tête en feu, la fièvre aux tempes, à moitié fou de cette poursuite insensée à la recherche des syllabes les plus baroques... et lui toujours debout, aussi frais qu'à la première heure, allant, venant, tapotant son infernal piano, et finissant par m'épouvanter de cette grande ombre crochue qui dansait autour de moi aux reflets fantastiques de la lampe, et qui me criait comme un personnage...
Page 227 - Wagner et ses partisans, qui sont pour la plupart des écrivains médiocres, des peintres, des sculpteurs sans talent, des quasi-poètes, des avocats, des démocrates, des républicains suspects, des esprits faux, des femmes sans goût, rêvasseuses de néant qui jugent les beautés d'un art de sentiment, qui doit plaire à l'oreille avant de toucher le cœur, à travers un symbolisme creux et inintelligible.
Page 253 - Tannh'àuser représente la lutte des deux principes qui ont choisi le cœur humain pour principal champ de bataille, c'est-à-dire de la- chair avec l'esprit, de l'enfer avec le ciel, de Satan avec Dieu.
Page 206 - Tannhauser: je ne vois que des gens furieux, le ministre est sorti de la répétition dans un état de colère !... L'empereur n'est pas content; et pourtant il ya quelques enthousiastes de bonne foi, même parmi les Français. Wagner est évidemment fou, il mourra comme Jullien est mort l'an dernier, d'un transport au cerveau. Liszt n'est pas venu, il ne sera pas...
Page 132 - Il faut l'avoir entendu raconter tout ce que lui faisait souffrir l'exigence de ce terrible homme, comme il l'appelait. Le dimanche, jour de repos à la douane, était naturellement celui que Wagner accaparait pour sa traduction. — Quel congé pour le pauvre Roche !
Page 229 - L'ouverture et la marche du deuxième acte exceptées, la partition n'est qu'un chaos musical... Tantôt, c'est une obscurité compacte et pesante, — ce que M. Wagner appelle la mélodie infinie, sans doute, — qui écrase la plus robuste attention; tantôt, c'est un vacarme discordant qui ne parvient qu'à dissimuler les plus grossiers fracas des tempêtes physiques.
Page 252 - On avait apporté des becs de clarinette, des cornets à bouquin; au paradis, un spectateur soufflait dans un cornet à piston, et dans une avant-scène, on frappait à tour de bras sur une grosse cloche qui avait été portée là, Dieu sait comme.

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