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.....«Il est difficile de se rendre compte des motifs qui ont déterminé les éditeurs précédens, à un seul près, dans la distribution des romans. Nous avons cru devoir adopter l'ordre chronologique, le plus naturel de tous dans les collections qui ne peuvent ni exiger l'ordre logique, ni même en laisser supposer la possibilité...............»

(Extrait de l'avertissement de l'édition en go vol. in-8°. Paris Delangle. 1825 et années suivantes.)

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LE

MONDE COMME IL VA.

VISION DE BABOUC.

I. L'apparition.

Parmi les génies qui président aux empires du monde, Ituriel tient un des premiers rangs, et il a le département de la Haute-Asie. Il descendit un matin dans la demeure du Scythe Babouc, sur le rivage de l'Oxus, et lui dit : Babouc, les folies et les excès des Perses ont attiré notre colère : il s'est tenu hier une assemblée des génies de la HauteAsie pour savoir si on châtierait Persépolis, ou si on la détruirait. Va dans cette ville, examine tout; tu reviendras m'en rendre un compte fidèle, et je me déterminerai sur ton rapport à corriger la ville, ou à l'exterminer. Mais, seigneur, dit humblement Babouc, je n'ai jamais été en Perse; je n'y connais personne. Tant mieux, dit l'ange, tu ne seras point partial; tu as reçu du ciel le discernement, et j'y ajoute le don d'inspirer la confiance: marche, regarde, écoute, observe, et ne crains rien; tu seras partout bien reçu.

II. Les armées et les hôpitaux.

Babouc monta sur son chameau, et partit avec ses serviteurs. Au bout de quelques journées, il rencontra vers les plaines de Sennaar l'armée persane, qui allait combattre l'armée indienne. Il s'adressa d'abord à un soldat qu'il trouva écarté. Il lui parla, et lui demanda quel était le sujet de la guerre. Par tous les dieux, dit le soldat, je n'en sais rien; ce n'est pas mon affaire: mon métier est de tuer et d'être tué pour gagner ma vie; il n'importe qui je serve. Je pourrais bien même dès demain passer dans le camp des Indiens; car on dit qu'ils donnent près d'une demi-drachme de cuivre par jour à leurs soldats de plus que nous n'en avons dans ce maudit service de Perse. Si vous voulez savoir pourquoi on se bat, parlez à mon capitaine.

Babouc ayant fait un petit présent au soldat entra dans le camp. Il fit bientôt connaissance avec le capitaine, et lui demanda le sujet de la guerre. Comment voulez-vous que je le sache? dit le capitaine; et que m'importe ce beau sujet? J'habite à deux cents lieues de Persépolis; j'entends dire que la guerre est déclarée; j'abandonne aussitôt ma famille, et je vais chercher, selon notre coutume, la fortune ou la mort, attendu que je n'ai rien à faire. Mais vos camarades, dit Babouc, ne sont-ils pas un peu plus instruits que vous?

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