& tendres des vaiffeaux & des vifceres, en détruifent le tiffu, enflamment le fang, & diffipent la partie la plus onctueuse, & la plus fubtile; la variété des mets, par le mêlange de principes hétérogenes rallentit la digeftion, & caufe des crudités; (a) Sanctorius a remarqué que la tranfpiration infenfible en eft beaucoup moins abondante. Les (b) jeunes gens ont befoin de beaucoup de nourriture, il faut leur en laiffer prendre à difcretion. Mais fi on les accoûtume à la frugalité, qu'on ne leur ferve qu'une forte d'aliment, apprêté d'une maniere fimple, ils n'en prendront pas plus que le corps n'en peut fupporter; il s'en forme un chyle doux & balfamique, propre à la nutrition des

(a) Sect. 2. Aphor. 7.

(b) Qui crefcunt plurimum habent calidi plurimo igitur egent alimento alioquin corpus abfumitur. Hippocr. 1. 1. Aphor. 14.

parties. Si l'on joint à cela l'exercice du corps, & qu'on leur fasse prendre le grand air de tems en tems, le tempérament se fortifiera, & l'on évitera plufieurs maladies : il faut faire attention que rien ne trouble davantage la digeftion, que de boire & de manger entre les repas.

Les alimens maigres font depuis près d'un fiecle dans un grand difcrédit, je n'en recherche pas ici la cause. Dans les autres pays, Catholiques ou Proteftans, on pense différemment. En France c'eft un préjugé de l'enfance, & une habitude: la plus légere indifpofition est un prétexte suffisant, même aux perfonnes régulieres, pour se difpenfer des loix de l'Eglife. On s'imagine que les enfans ne peuvent fupporter le maigre. Eft-il rien plus fain que les alimens liquides, c'està-dire, les foupes, les oeufs frais,

les

les bouillies de différentes efpeces, les ris, les gruaux, ils fe diftribuent facilement dans toutes les parties, & y portent un chyle doux : Hippocrate (a) les confeille aux Febricitans & fur-tout aux enfans. Le pain, quelques fruits cuits, quelques légumes, la plupart des poiffons ont-ils rien de nuifible à la fanté? Tous ces alimens ne font-ils pas même plus faciles à digérer que la plupart des viandes? Les Médecins en Angleterre & dans les pays Proteftans confeillent le poiffon & certains alimens maigres aux convalefcens, & à quelques infirmes. On fait qu'à Londres quelques perfonnes ont été guéries, ou infiniment foulagées de maladies Chroniques par les alimens maigres. Dans les

(a) Victus Humidus Febricitantibus omnibus confert, maximè vero pueris & aliis qui tali viclu uti confueverint. Lib. 1. Aphor, K

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II. Part.

premiers fiecles du monde, que les Poëtes appellent l'âge d'or, connoiffoit-on l'ufage des viandes? Cependant les hommes jouiffoient d'une vie infiniment plus faine plus vigoureuse & plus longue. Futil une Nation plus robufte & plus brave que les Lacédémoniens (a) qui vivoient de pain, de fromage & de figues? Les Athletes pendant plufieurs fiecles entretinrent leur force, leur vigueur & leur embompoint par l'ufage des alimens maigres. Voit-on plus de maladies qu'ailleurs dans les maifons Religieufes, où l'on vit dans une continuelle abstinence? Les enfans du bas peuple qui ne connoiffent, pour ainfi dire, point l'ufage des viandes, ne font-ils pas plus vigoureux & plus fains que ceux des Grands!

A l'égard de la boisson, il femble que l'eau foit la plus naturelle, (4) Plut. in vit. Lycur.

& la plupart des miniftres de la fanté regardent cette liqueur comme la plus falutaire : mais San&orius, , par des expériences ingénieufes, vérifiées en France & en Angleterre, a remarqué que l'eau diminue l'infenfible tranfpiration. Pour moi, je crois qu'une liqueur fermentée, telle que le vin, le cidre, la biere, ou l'hydromel, bien trempée, d'eau eft la plus falutaire aux enfans, & même aux adultes.

Mais ces liqueurs pures, ou d'autres encore plus fortes; que la fenfualité a introduites fur les tables, font dangereufes pour la jeuneffe. Dans cet âge tendre la nature rend les fibres nerveufes & mufculaires, humides & fouples, pour faciliter la nutrition, & l'accroiffement des parties: les liqueurs fermentées où fpiritueufes les endurciffent, les deffechent & leur font perdre l'élafticité, elles caufent de la fer