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l'on veut pénétrer le fond, on n'y trouve rien de lié, rien qui se soutienne fon efprit n'a aucune justeffe, aucune habitude de raison& fon imagination, affujettie aux caprices, aux fantaisies est presque vuide d'idées. Faut-il s'étonner qu'une fille pareille devenue femme donne dans tant de travers, fasse son capital de tant de bagatelles, foit d'une fi foible reffource pour la conduite de fa famille, & des affaires domeftiques? Eft-elle propre à autre chofe qu'à produire des enfans? Eft-elle en état de leur donner une bonne éducation? Peut-elle les conduire par des routes qu'elle ne connoît pas, leur enfeigner ce qu'elle ignore? Voilà autant de chofes qu'un homme fage doit éviter dans le choix d'une femme. Qu'il s'attache à celles qui auront eu le meilleur exemple dans leur famille, & la meilleure édu

cation,

cation; ou à celles que la nature aura le plus favorifées des dons de l'ame.

Au refte on fe flateroit envain de trouver une perfonne fans défauts, celle qui en a le moins est la plus parfaite mais lorsqu'on les connoît avant que de s'engager, il faut, autant qu'on le peut, ne paffer que fur ceux qui font les plus faciles à fupporter. C'eft ce que chacun peut fentir felon fon goût & fes inclinations, dont la conformité contribue à rendre les mariages heureux.

Quand on fe marie, rarement la raifon nous conduit. Quelque paffion domine prefque toûjours. Ou l'idée de fatisfaire quelques defirs, ou l'intérêt, nous occupent. On ne fonge pas aux vices de l'ame, ni aux changemens auxquels le corps eft fujet, ni aux embarras du mariage. On eft furpris de trouver Bbb

dans une femine de la légereté, de l'inconftance, de l'humeur, de la vanité, l'amour des plaifirs, & le goût des riens; on ne s'attend pas aux changemens que caufent l'âge, les maladies, & divers accidens du mariage; on ne prévoit pas les inquiétudes, les chagrins & les peines que donne le foin d'élever les enfans. La mauvaise humeur, les dégoûts, & l'impatience, fuccedent bien-tôt aux paffions qui féduifoient d'abord.

Quoique la douceur, la complaifance & l'indulgence, n'aient pas toûjours l'éclat des autres vertus, elles ne font pas moins recommandables, puifqu'elles maintiennent l'union des coeurs, & la bonne intelligence, le plus grand bien du mariage. Mais quand on eft une fois lié, on ceffe de fe contraindre, on fe néglige en tout, on ne s'embarraffe plus de plaire à la perfonne

dont il est le plus important d'être aimé, ayant à vivre avec elle. On se contente feulement de quelques dehors de bienféance, lorfque dans l'intérieur ce n'eft que mépris, inquiétudes, plaintes, conteftations & quereles. Mais il eft bien infenfé de croire corriger des défauts, ou des vices, par l'aigreur, qui ne peut au contraire que les irriter. La douceur, la prudence, & les fages confeils, les careffes même font des moyens bien plus sûrs. Si l'on ne s'en croit pas capable, on vivroit bien plus heureux de ne pas s'engager dans une fociété qui dure autant que la vie.

Les qualités le plus à rechercher dans le mariage font celles du coeur: mais il faut qu'un homme y joigne celles de l'efprit. Il eft le chef & le foutien de cette union facrée, & par conféquent destiné à l'être d'une petite République dont les

grandes font compofées. Il doit être le flambeau qui l'éclaire, & qui la guide par des routes certaines. Il faut une grande fageffe, & beaucoup de belles connoiffances pour bien élever les enfans ; & les affaires de famille demandent de l'intelligence pour les bien conduire. D'ailleurs, il ne fuffit pas d'être mariés pour s'aimer véritablement: il eft important de mériter l'eftime & la confiance d'une femme, ce qui arrive nécessairement lorfqu'on a l'eftime, & la confidération du public, parce qu'on ne l'obtient que par l'efprit, les talens, la pureté des moeurs, & l'attachement à fes devoirs, comme chef de famille, & comme citoyen. Une femme ne fait guere cas de fon mari qu'à proportion de la réputation qu'il a dans le monde ; l'honneur & les avantages qu'il en retire fe répandent fur elle & fur

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