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duire les foins, les attentions ; les refpects, la flaterie, le défefpoir vrai ou fimulé, trouvent dans fon amour propre un accès facile, & dans la nature un penchant favorable.

α

D

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La vertu eft le feul fondement folide d'une heureuse fociété. « Ce« lui qui a trouvé une femme vera tueuse, dit le (a) Sage, a trouvé « un grand tréfor, il a reçu de Dieu une fource de joie. » Il n'y a que les bonnes qualités de l'ame qui foient permanentes, ou plutôt elles augmentent avec l'âge, l'amour s'accroît avec la poffeffion : mais il s'évanouit bien-tôt quand on fe laiffe guider par des motifs moins raifonnables. C'eft donc aux belles qualités de l'ame qu'il faut principalement s'attacher, lorsqu'on choisit une perfonne, avec qui l'on doit paffer fa vie, dans une liaison (4) Salom. Prov, cap. 18.

auffi intime que le mariage. On doit chercher une femme aimable & respectable par fes moeurs : il faut qu'une humeur douce & complaifante, fans caprices, ni bifarreries, la rende propre à la paix, à l'union, & à fouffrir les traverfes du mariage; que la raison toûjours victorieuse de ses paffions, rende vaines les attaques qu'on fait fouvent à la fragilité de son sexe; que la modeftie foit le principe de tous fes difcours, & de toutes fes actions, & non un voile de bienféance qui couvre les mouvemens d'un cœur corrompu ; qu'un caractere modéré, qu'une vie réglée lui fasfent préférer l'éducation de fes enfans, & les foins domestiques, à la diffipation, aux amusemens frivoles, & à l'éclat des vanités : alors elle fera le contentement & la joie du mari, & fa vertu fe répandra fur lui & fur leurs enfans. Mais j'avoue

que de pareilles femmes font aufli
rares que les hommes capables de
s'y attacher. On eft rebuté par les
imperfections du corps, & l'on paffe
deffus les vices du coeur & de
par
l'efprit.

Il eft vrai que ce fexe eft difficile à connoître ; le déguisement lui eft comme naturel; les meres inftruisent d'ordinaire leurs filles, plutôt à cacher leurs défauts, qu'à les corriger; les meres, dis-je, ne s'attachent qu'au dehors & négligent le fond; une jeune fille paroît prefque toûjours ce qu'elle devroit être en effet : mais qu'on ne fe preffe pas d'en juger, qu'on faffe attention à tout.

La nature féconde en bifarres portraits,
Dans chaque ame eft marquée à de différens
traits,

Un gefte la découvre, un rien la fait paroître.
Defpréaux. Art. Poët. L. III. v. 370.

!

L'air du vifage, le tempérament, la maniere de s'habiller, la démarche, le ton de la voix, les paroles, les manieres; en un mot tout porte le caractere de l'ame.

Mais il faut encore faire attention à deux chofes, au caractere du pere & de la mere, & à l'éducation de la fille. Quant au caractere des parens il influe beaucoup fur celui des enfans. L'exemple de ceux-là eft d'une force prefque invincible pour ceux-ci. Si un pere & une mere ont de l'orgueil, de la vanité, trop d'attachement pour les plaifirs, du mépris pour la Religion, de l'inconftance, de l'emportement, des moeurs corrompues; fi leurs difcours font relâchés, quelle dangereufe école pour les enfans! Il faut qu'ils foient bien favorifés de la Nature pour fe préferver du déreglement & du

vice.

A l'égard de l'éducation, elle fert beaucoup auffi à juger des perfonnes, elle n'a guere moins de force que le naturel. Sans m'écarter du respect que j'ai pour un sexe, parmi lequel on compte des personnes d'une vertu éminente, & capables des plus grandes chofes, qu'il me foit permis de dire, qu'en général, il est très-mal élevé. Savoir un peu de Catéchifme, lire, écrire, chanter, danser & travailler à quelques petits ouvrages; voilà ce qui fait au fentiment du vulgaire une fille bien élevée au refte elle ignore la Religion, ne s'attache qu'à certaines pratiques extérieures, qu'elle fuit par habitude, & fubftitue la fuperftition au véritable efprit du Chriftianifme; elle ne connoît pas les principes de la Morale, elle ne s'eft jamais exercée à régler les mouvemens du coeur, elle n'a nuls principes d'une vertu folide; f

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