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LA

LITTÉRATURE FRANÇAISE

CONTEMPORAINE,

RECUEIL EN PROSE ET EN VERS DE MORCEAUX
EMPRUNTÉS AUX ÉCRIVAINS LES PLUS
RENOMMÉS DU XIXE SIÈCLE.

AVEC

DES NOTICES BIOGRAPHIQUES ET LITTÉRAIRES,

TIRÉES DES OUVRAGES DE

P. POITEVIN, M. ROCHE, L. GRANGIER, G. VAPEREA U
ETC., ETC.

PAR L. PYLODET

NOUVELLE ÉDITION CORRIGÉE

&

NEW YORK

HENRY HOLT AND COMPANY

F. W. CHRISTERN

BOSTON: S. R. URBINO

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Entered, according to act of Congress, in the year 1867, by

LEYPOLDT & HOLT,

in the Clerk's Office of the District Court of the United States for the Southern

District of New York.

Imprimerie de ASHER HALL, 24 Church St., New York.

JOHN F. TROW & SON, PRINTERS, 205-213 EAST 12TH ST., NEW YORK,

PRÉFACE.

Il existe de très-nombreux recueils de morceaux choisis de prose et de vers empruntés aux écrivains des deux derniers siècles; ces recueils reproduisent invariablement les mêmes morceaux et conséquemment les noms des mêmes auteurs et des mêmes ouvrages. L'élève qui a lu un de ces recueils, les connaît tous, et il lui est difficile de sortir du cercle dans lequel par prudence ou par système on a cru devoir le renfermer.

ces

Que l'on donne aux études littéraires classiques pour point de départ et pour principal objet les grandes œuvres des poëtes et des prosateurs du dix-septième et du dixhuitième siècle, nous le comprenons très-bien ; œuvres-là sont pour les élèves un lait substantiel et nourricier qui ne peut que rendre leur esprit robuste et sain ; mais l'esprit, comme le corps, se fatigue à la longue d'un même aliment, et il faut selon les âges modifier la nourriture afin d'exciter l'appétit.

Les meilleurs élèves en sortant des lycées ont presque tous le style vieux; ils ne pensent pas assurément comine Fénelon, Massillon, Fléchier et Buffon; mais ils ont dans la mémoire la forme habituelle de leur style, l'ordinaire arrangement de leurs phrases, l'enchaînement, le nombre

et l'harmonie de leurs périodes, et ils reproduisent à leur insu une classique imitation de ces écrivains qui probablement, s'ils vivaient aujourd'hui, écriraient eux-mêmes d'un tout autre style et donneraient à leurs œuvres plus de variété de mouvement et de couleur...

Mettre, entre les mains de ceux qui étudient, un livre qui résume pour eux tout le travail littéraire du dix-neuvième siècle et leur montre ce que, par suite de modifications insensibles mais cependant profondes, est devenue aujourd'hui la langue du grand siècle, c'est leur rendre un véritable service et leur faciliter un travail que beaucoup d'entre eux ne feraient pas sans doute faute des éléments nécessaires et indispensables.

De la familiarité établie entre les élèves et la plupart des écrivains modernes, leurs contemporains, il résultera pour tous l'habitude de parler et d'écrire la langue de leur siècle et de leur temps, dans sa forme la plus correcte et la plus pure; et, pour ceux qui sont doués d'une véritable aptitude littéraire, l'avantage, par suite de la comparaison faite entre ces styles si divers, de se faire un style à eux, lequel en empruntant les qualités de tous les autres no reproduira la manière d'aucun et aura son caractère et sa physionomie propres. (Extrait de la Préface du Cours pratique de Littérature française par M. P. PoITEVIN.

LITTERATURE CONTEMPORAINE.

JOSEPH DE MAISTRE.

1753-1821.

JOSEPH DE MAISTRE, né à Chambéry, fut ambassadeur de Sardaigne a Saint-Pétersbourg, puis ministre d'Etat et régent de la grande chancellerie. Ses principaux ouvrages sont des Considérations sur la Révolution française; le livre Du Pape, et les Soirées de Saint-Pétersbourg on entretiens sur toutes les questions philosophiques qui agitent le monde. Ce dernier ouvrage, plein de pensées élevées et écrit de verve, est le chef-d'œuvre de l'auteur. C'est M. de Maistre qui, dans le Bacon, a donné du beau cette définition qu'on croirait emprunté à Platon: "Le beau, dans tous les genres imaginables, est ce qui plaît à la vertu éclairée.'

Les Lettres et Opuscules de M. de Maistre, publication récente, nous le font voir sous un jour nouveau. Si les Opuscules sont à peine dignes de lui, les Lettres ajouteront à la gloire de son nom. C'est là que l'esprit le plus absolu de notre siècle se montre le plus tendre des pères, et que le plus dogmatique des écrivains est un de nos plus aimables épistolaires.

Lettre à Mlle. Constance de Maistre.

Saint-Pétersbourg, 1808.

Tu me demandes donc, ma chère enfant, après avoir lu mon sermon sur la science des femmes, d'où vient qu'elles sont condamnées à la médiocrité ? Tu me demandes en cela la raison d'une chose qui n'existe pas, et que je n'ai jamais dite. Les femmes ne sont nullement condamnées à la médiocrité ; elles peuvent même prétendre au sublime, mais au sublime féminin. Chaque être doit se tenir à sa place et ne pas affecter d'autres perfections que celles qui lui appartiennent. Je possède ici un chien nommé Biribi, qui fait notre joie ; si la fantaisie lui prenait de se faire seller et brider pour me porter à la campagne, je serais

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