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OBSERVATIONS

SUR

LES MOEURS FRANÇAISES

AU COMMENCEMENT DU 19o SIÈCLE.

VOLUME VI.

ERMITE DE LA GUIANE, T. I.

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AVANT-PROPOS

DES PREMIÈRES ÉDITIONS.

Ce premier volume de l'Ermite de la Guiane est le huitième d'un recueil d'observations où je me suis proposé de peindre les mœurs des Français à l'époque de leur histoire où cette tâche était, sans contredit, la plus difficile à remplir. Un écrivain n'a pas moins de peine à saisir la physionomie d'un peuple violemment agité qu'un peintre à fixer les traits d'un individu toujours en mouvement : l'immobilité du modèle est pour l'ordinaire une des conditions de la ressemblance du portrait.

Privé de cet avantage, il m'est néanmoins permis de croire que je n'ai point échoué dans mon entreprise : le succès que ce nouveau Tableau de Paris obtient en France; les traductions qui en ont été faites en anglais, en allemand, et en italien; les imitations qu'il a fait naître m'autorisent à penser que ce recueil, à défaut d'autre mérite, en a du moins

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un qui lui est propre, et que je crois pouvoir indiquer moi-même; celui de l'intérêt qui résulte, en tout pays, d'un livre dont l'auteur, toujours de bonne foi avec ses lecteurs et avec lui-même, ne cherche que la vérité utile, ne parle que de ce qu'il voit, et ne dit que ce qu'il pense; dont l'auteur, ami sincère des lois et du gouvernement de son pays, respecte le pouvoir sans le flatter, gourmande les vices sans attaquer les individus, et se moque des sots sans les craindre (acte de courage dont il est permis de se vanter quand on est, comme moi, bien convaincu que sottise et méchanceté sont rigoureusement synonymes).

Peut-être aura-t-on peine à croire qu'un ouvrage sur les mœurs nationales, où la satire personnelle n'a jamais trouvé d'accès, où la critique et l'éloge même ne se montrent que sous des traits généraux, où je puis assurer que l'esprit de parti ne m'a jamais dicté une seule phrase; peut-être, dis-je, aura-t-on peine à croire qu'un pareil ouvrage ait pu me faire des ennemis, même de l'espèce de ceux que je me vantais tout-à-l'heure de ne pas craindre. Rien n'est plus vrai, cependant; et je remarque, comme un trait caractéristique

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