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kale, garnies, brodées, pour le matin, à 600 fr. l'une dans l'autre. Une douzaine dito d'étoffes de fantaisie

pour s'habiller, à 300 fr. la robe . . . Une douzaine de coiffes de pelotes, brodées avec chiffre et dentelle; article essentiel.

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Une douzaine de frottoirs de mousseline,

pour

le rouge, à coins brodés en chif

fre; indispensable.

Manches et canezous en mousseline, tulle

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et bandes brodées, deux douzaines. Petits bonnets de perkale, dormeuses et cornettes du matin, une douzaine, à

125 fr...

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7,200

3,600

1,200

300

2,400

1,500

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pe

sans compter, il est vrai, 5 ou 6000 francs de tites drôleries qui ne valent pas la peine d'être portées en compte.

<< Eh bien! mon ami, qu'en dites-vous (continua M. Binôme en m'adressant la parole), ne voilà-t-il pas 60 mille francs bien employés? — Parlez, monsieur, ne vous gênez pas pour être de l'avis de mon

mari (reprit la maîtresse de la maison, voyant que j'hésitais à répondre); vous avez là un beau texte pour déclamer avec lui contre le luxe des femmes: c'est un sujet tout nouveau, sur lequel vous pouvez faire un sermon très édifiant.Si je voulais faire un sermon, madame, et si vous étiez disposée à l'entendre, ce n'est point sur le luxe, c'est sur la vanité que je prêcherais dans cette circonstance, et, sans faire la part à chacun dans mon discours, peutêtre y trouveriez-vous la vôtre. J'ai vécu trop longtemps éloigné d'un monde auquel je suis d'ailleurs étranger par mon âge et par mes habitudes, pour avoir le droit de m'établir ici médiateur entre la raison et les convenances. Je sais, ou plutôt je devine tout ce qu'on doit de sacrifices, en certains cas, à la position où l'on se trouve, au nouveau rang où l'on se place, à l'opinion, lors même que cette opinion n'est pas un préjugé; mais ce qu'il m'est plus difficile de concevoir, c'est qu'on s'impose, sans utilité pour soi ni pour les autres, l'obligation de faire par amour-propre plus qu'on n'aurait fait par sentiment, avec la certitude que personne ne vous en tiendra compte. Vous m'avez permis de dire toute ma pensée: vous mariez mademoiselle votre fille à un jeune homme très riche, qui l'aime tendrement et pour elle-même; vous croiriez lui faire injure en supposant que le don d'un trousseau, plus ou moins magnifique, pût influer sur l'attache

ment qu'il porte à celle qu'il épouse sans dot; c'est donc uniquement pour lui disputer un avantage si précieux à sa délicatesse que vous affectez de vous mettre au-dessus d'un procédé généreux dont son amour voulait se faire un titre. Je ne parle pas de cette considération puérile d'imposer par la magnificence du trousseau de la mariée à la famille de votre gendre: si elle voit cette union avec plaisir, elle blâmera, comme votre époux, une prodigalité inutile; si elle la voit avec peine, la dépense que vous avez faite sera comptée pour rien, et l'article sans dot sera publié par les parents du jeune homme avec d'autant plus d'affectation que leur vanité, par-là, croira blesser plus sensiblement la vôtre. »

Madame Binôme accueillit mes petites observations avec plus de bonté que je ne l'espérais; et, comme il était encore temps de revenir sur quelques emplettes qui n'avaient été faites que conditionnellement, on convint, en supprimant deux ou trois articles qui n'entrent pas essentiellement dans la composition d'un trousseau, d'en réduire assez les frais pour ne pas être obligé de vendre la ferme.

N° XXVIII. [17 JANVIER 1816.]

LES GENS DE LETTRES.

Crafty men despise letters; simple
Men admire them; and wise men use
Their help, and honour them.

BACON, Essais.

Les gens vains et fourbes affectent de mépriser les lettres; les hommes simples les admirent sans choix; les hommes sages en font usage, et les ho

norent.

L'ami Binôme, assis au coin de mon feu, qu'il tisonnait pendant que j'écrivais une lettre, grommelait entre ses dents quelques mots auxquels je prêtais involontairement l'oreille. « Le sot! disait-il, se jeter dans une pareille carrière, et dans quel temps encore! Mon père, c'est plus fort que moi, je cède à un penchant irrésistible, j'ai reçu du ciel l'influence secrète..... Le diable emporte ton influence! elle te conduira à l'hôpital, à Vincennes ou à Charenton; que le choix; c'est moi qui te le dis. » Et en le disant mon homme, d'un coup de pincette, fait rouler un gros tison sur le tapis; il veut le relever avec trop de précipitation, et l'éparpille en

tu n'as

charbons ardents qui multiplient le dommage: en même temps qu'il y porte remède des pieds et des mains, son impatience s'exhale en termes si vifs contre les penchants irrésistibles et contre les tisons, que je pars d'un grand éclat de rire..... « En effet, continua-t-il du même ton de colère, la chose est on ne peut plus risible; votre tapis brûle, et mon fils veut à toute force se faire homme de lettres.Voilà déja un de ces malheurs réparé, et l'autre n'est pas si grand que vous le faites: c'est une profession très honorable que celle d'homme de lettres, et si votre fils en a tout à-la-fois la vocation et les moyens, je ne vois pas quelle raison vous pourriez avoir de lui interdire une carrière qu'il peut parcourir avec honneur. En vous accordant (sans tirer à conséquence pour la suite de la discussion) qu'il suffise aujourd'hui de la vocation et des moyens intellectuels pour réussir dans cette profession, pensez-vous que j'appelle vocation cette ardeur de barbouiller du papier dont tant d'écoliers sont saisis en sortant du college? que j'appelle moyens ce peu de talent qu'il faut pour dialoguer quelques scènes d'opéra comique ou pour rimer des ariettes? Ma femme peut s'extasier de plaisir à la représentation d'un mélodrame pour la façon duquel son fils s'est associé deux ou trois beaux esprits de même force; elle peut aller colporter de maison en maison le journal où il débite à tant la ligne ses alinéas politiques : moi,

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