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DE

DESCARTES

SUR

LA RELIGION ET LA MORALE

RECUEILLIES

PAR M. EMERY

SUPÉRIEUR GÉNÉRAL DE SAINT-SULPICE

AM

TOURS

ALFRED MAME ET FILS, ÉDITEURS

M DCCC LX X

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UNIVERSITY OF CALIFORNIA
DAVIS

NOTICE

SUR DESCARTES

RENÉ DESCARTES naquit à la Haye, petite ville de Touraine, le 31 mars 1596. Sa famille, noble et ancienne, était originaire de Bretagne; son père siégeait comme conseiller au parlement de cette province.

Henri IV venait à peine de fonder le collége de la Flèche, et de le confier aux RR. PP. Jésuites, que Descartes, quoique très-jeune encore, y fut envoyé par ses parents (1604). Une extrême passion pour l'étude, une grande docilité, des efforts constants pour contenter ses maîtres, enfin son empressement à profiter de leurs exhortations à la vertu, autant que de leurs savantes leçons, le distinguèrent parmi tous ses condisciples. Les Jésuites ne cessèrent jamais de témoigner à leur ancien élève l'intérêt le plus vif; luimême eut toujours à cœur de leur prouver sa reconnaissance. C'est à la Flèche qu'il se lia avec Marin Mersenne, depuis religieux minime, dont l'amitié lui fut dans la suite aussi utile que fidèle.

Après huit années passées au collége, Descartes retourna dans sa famille (1612). Son premier soin, comme il nous l'apprend dans son Discours sur la méthode, fut de renoncer à ses livres, et de travailler à effacer de son entendement tout ce qu'il avait appris d'incertain, pour n'y admettre désormais que ce qui lui semblerait démontré par le raisonnement et l'expérience. Cette résolution hardie, pour ne pas dire téméraire, fut l'origine de son fameux doute

méthodique. On va même jusqu'à penser que ce jeune philosophe était déjà en possession de ses plus belles découvertes dans le domaine de la géométrie.

Appelé à choisir une carrière, il se décida pour celle des armes : sa naissance, les idées de son siècle, et surtout son goût pour les voyages, le portèrent à prendre ce parti. Son but n'était aucunement d'arriver à la fortune ou aux honneurs d'un grade élevé ; il voulait voir de près, et par lui-même, les hommes et les choses, afin de se perfectionner dans la philosophie.

Il servit successivement comme volontaire dans les troupes de la Hollande et de Maximilien, duc de Bavière; en 1621, il se trouvait à la bataille de la Montagne Blanche, près de Prague en Bohême, combat célèbre, où l'illustre Tilly, avec les soldats de la ligue catholique et les Impériaux, battit l'électeur palatin Frédéric V, et sauva le trône de Ferdinand II d'Autriche. Le tumulte des camps. n'empêcha point Descartes de continuer ses spéculations métaphysiques et mathématiques. Ce fut en particulier pendant son séjour à Breda (Hollande) qu'il composa son traité sur la musique. (Compendium musicæ.)

Mais cette existence agitée, si ennemie du recueillement qu'exigent de sérieuses études, dégoûta peu à peu le jeune savant; il pensa donc à chercher et à fixer le genre de vie qu'il lui convenait de suivre. Dès 1619, pendant qu'il était en quartier d'hiver dans la Bavière, cette grave question avait vivement préoccupé son esprit; en proie à une grande perplexité, il avait eu recours à Dieu, et l'avait prié de lui manifester sa volonté, en même temps de le conduire dans la recherche du vrai et du bon. S'adressant ensuite

à la sainte Vierge, il avait fait vœu, c'est lui-même qui le raconte, de faire le pèlerinage de Lorette en Italie.

Après plusieurs voyages, libre enfin de réaliser ses pieux désirs, Descartes se rendit à Notre-Dame-de-Lorette, visita Rome afin d'assister aux exercices du jubilé de 1625, puis revint par Florence.

De retour en France en 1625, il arrêta pour toujours le genre d'occupations auxquelles il allait désormais se livrer. Sa résolution définitive fut de consacrer sa vie et toutes les forces de son âme à la recherche et à la défense de la vérité. Les passions qui trop souvent dominent et égarent la jeunesse n'avaient eu encore sur lui aucun

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