Il se réjouissait à l'odeur de la viande On servit, pour l'embarrasser, Serrant la queue, et portant bas l'oreille. Trompeurs, c'est pour vous que j'écris: 8. Le chêne et le roseau I. 22 Le chêne un jour dit au roseau: Le moindre vent qui d'aventure Vous oblige à baisser la tête; Brave l'effort de la tempête. Dont je couvre le voisinage, Mais vous naissez le plus souvent 20 La nature envers vous me semble bien injuste. Les vents me sont moins qu'à vous redoutables: Contre leurs coups épouvantables Résisté sans courber le dos; Le plus terrible des enfants L'arbre tient bon; le roseau plie. Et fait si bien qu'il déracine IO 15 9. Le lion et le rat II. II Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde: Tant la chose en preuves abonde. Entre les pattes d'un lion Ce bienfait ne fut pas perdu. Quelqu'un aurait-il jamais cru 1 L'autre fable, La colombe et la fourmi, n'est pas donnée ici. Qu'un lion d'un rat eût affaire? Ce lion fut pris dans des rets, Patience et longueur de temps 5 10. Le coq et le renard II. 15 Un vieux coq adroit et matois. Nous ne sommes plus en querelle: Paix générale cette fois. Ne me retarde point, de grâce: Les tiens et toi pouvez vaquer Le baiser d'amour fraternelle. Que celle 20 De cette paix; ? Mesure de route, ordinairement de deux lieues. 2 Feux de joie. 5 Et ce m'est une double joie Qui, je m'assure, sont courriers Que pour ce sujet on envoie; Tire ses grègues,' gagne au haut, Se mit à rire de sa peur; TO 11. Le meunier, son fils, et l'âne III. I 15 ... «J'ai lu3 dans quelque endroit qu'un meunier et son fils, L’un vieillard, l'autre enfant, non pas des plus petits, Afin qu'il fût plus frais et de meilleur débit, 20 On lui lia les pieds, on vous le suspendit; Puis cet homme et son fils le portent comme un lustre. i Grègues = culottes. Tirer ses grègues=relever sa culotte pour mieux courir. 2 Gagner un lieu de sûreté. 3 Cette fable est mise par La Fontaine dans la bouche de Malherbe, et le «quelque endroit» est peut-être les Facéties du Pogge. IO Le plus âne des trois n'est pas celui qu'on pense.)) 5 Il fait monter son fils, il suit, et d'aventure Passent trois bons marchands. Cet objet leur déplut. Le plus vieux au garçon s'écria tant qu'il put: «Oh là, oh, descendez, que l'on ne vous le dise, Jeune homme, qui menez laquais à barbe grise! C'était à vous de suivre, au vieillard de monter. - Messieurs, dit le meunier, il vous faut contenter.)) L'enfant met pied à terre, et puis le vieillard monte, Quand trois filles passant, l'une dit: «C'est grand'honte Qu'il faille voir ainsi clocher ce jeune fils, 15 Tandis que ce nigaud, comme un évêque assis, Fait le veau sur son âne, et pense être bien sage. — Il n'est, dit le meunier, plus de veaux à mon âge: Passez votre chemin, la fille, et m'en croyez.)) Après maints quolibets coup sur coup renvoyés, 20 L'homme crut avoir tort, et mit son fils en croupe. Au bout de trente pas, une troisième troupe Trouve encore à gloser. L'un dit: «Ces gens sont fous! Le baudet n'en peut plus; il mourra sous leurs coups. Hé quoi? charger ainsi cette pauvre bourrique! 25 N'ont-ils point de pitié de leur vieux domestique? Sans doute qu'à la foire ils vont vendre sa peau. – Parbleu! dit le meunier, est bien fou de cerveau Qui prétend contenter tout le monde et son père. Essayons toutefois si par quelque manière Nous en viendrons à bout.)) Ils descendent tous deux. L'âne se prélassant marche seul devant eux. 30 |