CLEANTHIS. C'est pour ton nez, vraiment! cela se fait ainsi! Non, morbleu! je n'en ferai rien, Et je veux être, à mon tour, en colère. CLEANTHIS. Va, va, traître, laisse-moi faire; On se lasse parfois d'être femme de bien. FIN DU SECOND ACTE. OUI, ACTE TROISIÈME. SCÈNE I. AMPHITRYON. sans doute, le sort tout exprès me le cache, Et des tours que je fais, à la fin, je suis las. Il n'est point de destin plus cruel, que je sache. Je ne saurois trouver, portant partout mes pas, Celui qu'à chercher je m'attache, pas. Et je trouve tous ceux que je ne cherche Pour fuir leurs persécutions, Leur tuante amitié de tous côtés m'arrête; Je leur donne tout bas cent malédictions. Ah! qu'on est peu flatté de louange, d'honneur, MOLIÈRE. 4. 21 Lorsque dans l'âme on souffre une vive douleur! Et plus mon esprit y repasse, Moins j'en puis débrouiller le funeste chaos. La nature parfois produit des ressemblances Dont quelques imposteurs ont pris droit d'abuser: Des charmes de la Thessalie I On vante de tout temps les merveilleux effets : Je fusse contraint de les croire Aux dépens de mon propre honneur. Je veux la retâter sur ce fâcheux mystère, Retater, la faire expliquer de nouveau, Et voir si ce n'est point une vaine chimère Qui sur ses sens troublés ait su prendre crédit. Ah! fasse le ciel équitable Que ce penser soit véritable, Et que, pour mon bonheur, elle ait perdu l'esprit! SCÈNE II. MERCURE, AMPHITRYON. MERCURE, sur le balcon de la maison d'Amphitryon, sans être Je m'en veux faire au moins qui soient d'autre nature, A mettre Amphitryon hors de toute mesure. Cela n'est pas d'un dieu bien plein de charité : Mais aussi n'est-ce pas ce dont je m'inquiète; Et je me sens par ma planète A la malice un peu porté. AMPHITRYON. D'où vient donc qu'à cette heure on ferme cette porte? MERCURE. Hola! tout doucement. Qui frappe? AMPHITRYON, sans voir Mercure. MERCURE. Moi. Qui, moi? AMPHITRYON, apercevant Mercure, qu'il prend pour Sosie. Ah! ouvre. MERCURE. Comment, ouvre! Et qui donc es-tu, toi Qui fais tant de vacarme et parles de la sorte? AMPHITRYON. Quoi! tu ne me connois pas? MERCURE. Non. Et n'en ai pas la moindre envie. AMPHITRYON, à part. Tout le monde perd-il aujourd'hui la raison? MERCURE. Hé bien, Sosie! oui, c'est mon nom; Me vois-tu bien? AMPHITRYON. MERCURE. Fort bien. Qui peut pousser ton bras A faire une rumeur si grande? |