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l'urne, pacifiquement et progressivement, toutes ces conséquences des trois grands principes de la révolution, c'est-à-dire le gouvernement de tous, par tous et pour tous, la République une et indivisible, démocratique et sociale.

Les citoyens représentants du peuple formant la réunion de la

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montagne :

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Astaix (Puy-de-Dôme), -Bac (Haute-Vienne), Baune (Loire), -Bertholon (Isère), -Benoît (Rhône), - Bravard (Puy-de-Dôme), Bremaud (Haute-Loire), Brives (Hérault), - Bruys (Saône-et-Loire), -Buvignier (Meuse), Calès (Haute-Garone), Cholat (Isère), -Clément (Isère), -Dacis (Guadeloupe), - Delbetz (Dordogne), Demontry (Côte-d'Or), - Detours (Tarn-et-Garonne), -Deville (Hautes-Pyrénées), Doutre (Rhône), - Dubarry (Hautes-Pyrénées), Fargin-Fayolle (Allier), - Gambon (Nièvre), Gent (Vaucluse), -Germain Sarrut (Loir-et-Cher), - Greppo (Rhône), — Joigneaux (Côte-d'Or), Joly (Haute-Garonne), -Joly (Aube), -Labrousse (Lot), - Lamennais (Seine), Lasteyras (Puy-de-Dôme), - Ledru-Rollin (Seine), Madet (Allier), Maichain (Deux-Sèvres), Martin Bernard (Loire), Mathé (Allier), Mathieu (Drôme), - Ménand (Saôneet-Loire), Michaud (Loire), -Mie (Dordogne), Moréry (Côtes-du(Nord), Mulé (Haute-Garonne), - Ollivier (Bouches-du-Rhône), Pégot-Ogier (Haute Garonne), -Pelletier (Rhône), -Perdiguier (Seine) -Pierre Leroux (Seine), - Pyat (Cher), Raspail (Vaucluse), Robert (Yonne, Ronjat (Isère), Schoelcher (Martinique), Signard (Haute-Saône), Terrier (Allier), -Vignerte (Hautes-Pyrénées).

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Nous croirions faire injure au bon sens public si nous discutions ces lieux communs de la politique révolutionnaire s'essayant à bégayer la langue du socialisme. Tous ont été longuement développés et délayés à la tribune ou dans la presse par tous ceux des signataires (le nombre en est petit) qui sont à peu près capables d'écrire un article ou de réciter un discours. Ces orateurs et ces écrivains n'ont jamais fait preuve que d'une ignorance égale à leur présomption. Si l'expérience n'a pas suffi, s'il existe en ce moment, dans le pays, une majorité ou seulement une minorité digne d'être comptée, que de telles pauvretés peuvent

séduire, c'est que le génie du mal triomphe et ne saurait plus être vaincu que par sa propre victoire. Une doctrine qui peut être impunément soutenue par de si faibles apôtres n'a plus à craindre les arguments de la raison.

En sommes-nous là? Dieu le sait ! Le socialisme est le mot de la révolution de Février. La logique la fait aboutir à M. Proudhon, comme elle a fait aboutir la révolution de 1789 à Robespierre, comme elle a fait, dès l'origine, et par une conséquence que la vigueur catholique a pu détourner alors, aboutir l'hérésie de Luther à la guerre des paysans. Touchous-nous une seconde fois à ce dernier terme du formidable syllogisme qui s'est posé dans le monde toutes les fois que la conscience humaine a violé la vérité? C'est le secret de l'avenir et d'un avenir prochain. Tout ce que nous pouvons dire aujourd'hui, c'est que les députés de la montagne, socialistes malgré eux, et tout pleins, quoi qu'ils en disent, de sang bourgeois et de faiblesses bourgeoises, n'ont pas cette confiance sauvage qui distingue les socialistes purs. D'une part, ils mitigent, ils adoucissent le principe, ils ont des explications qui sentent le remords et l'effroi ; de l'autre, ils n'osent, excepté eux-mêmes, recommander personne aux électeurs. Les socialistes du lendemain, lorsqu'ils n'étaient que de simples républicains de la veille, faisaient des listes. Ils n'en font plus aujourd'hui. Le suffrage universel, contre lequel ils ont et ils avouent tant de rancunes faciles à concevoir, les déconcerte; et ils suivent humblement l'exemple que leur donnent les conservateurs, en protestant qu'ils ne veulent pas imposer de noms. Pour qui les connaît, pour qui sait à quel point M. Barbès a révélé le fond de la pensée révolutionnaire, lorsqu'il a proclamé à Bourges, non plus la souveraineté du peuple, mais la souveraineté du but, cette déférence forcée dit assez ce qu'ils sauront faire du suffrage universel, si jamais ils sont maîtres de la situa

tion.

Quoi qu'il arrive, le devoir des conservateurs, à quelque parti qu'ils appartiennent, est désormais tracé. Les programmes de la montagne, comme ceux de la presse socialiste, ont cela d'avantageux, qu'ils indiquent et font connaître du moins les noms à exclure. Aucune conciliation n'est possible avec les hommes qui les ont signés ou qui les acceptent, et de grands sacrifices doivent être consentis pour les éloigner. C'est déjà un gain pour tout homme de bon sens que de contribuer à leur montrer le peu d'influence qu'ils exercent dans le pays, et à quel prix l'opinion les estime.

CANDIDATURE DE M. GUIZOT.

18 avril 1849.

Il nous paraît tout naturel que les amis de M. Guizot lui aient offert la candidature. N'y eût-il que l'ostracisme furieux dont les vainqueurs de Février le frappent, ce serait assez pour que d'autres, ceux qui ont été les vaincus, eussent le désir de le voir et de l'entendre. En le proscrivant, ce sont eux, c'est leur opinion qu'on veut proscrire, ou du moins désarmer dans une certaine mesure. Après le 15 mai et le 25 juin, les socialistes et les révolutionnaires ont élu les candidats les plus socialistes et les plus révolutionnaires, M. Caussidière, M. Proudhon, M. Raspail. Par là, ils ont fait preuve de force, d'union, de courage, et, ce qui vaut mieux encore, de fidélité. Rien n'est plus permis que d'en appeler ainsi, après la défaite, à la persévérance des convictions vaincues; rien n'est plus honorable et plus habile. C'est ainsi qu'on tient en respect un ennemi victorieux. Qu'importe qu'on l'irrite, si en même temps on le rend modeste et sage? En politique, la raison fait plus de concessions que la pitié. La grande chance d'une armée en retraite, c'est de former le carré et d'attendre l'ennemi.

Cette candidature offerte, il est tout naturel aussi que M. Guizot l'accepte. M. Guizot peut, sans trop de vanité, se compter du nombre de ceux qui représentent quelque

chose et qui ont un avis à exprimer sur la conduite de nos affaires; la politique des hommes qui l'ont renversé peut lui donner à croire que la sienne n'est pas jugée sans appel; les principes qui se produisent en gouvernement, en législation, en morale, en droit national et international, peuvent ne lui pas paraître tous meilleurs que les siens. Pourquoi se refuserait-il, lorsqu'on l'appelle, à défendre ceux-ci, à combattre ceux-là? Il croit que telle ou telle forme de gouvernement est meilleure en soi que celle que nous avons. Eh! mon Dieu, c'est l'opinion de beaucoup d'électeurs. A la république démocratique, qui est pour le moment la république orthodoxe, de très chauds républicains ne préféreraient-ils pas la république sociale? Pourquoi des républicains plus modérés ne donneraient-ils pas un regret à cette autre forme de la république qu'on appelait la monarchie constitutionnelle? Les uns et les autres ne sont tenus qu'à une seule chose, qui est de ne point conspirer contre la république démocratique. Sous cette seule réserve, ils sont parfaitement libres de tirer, qui vers le socialisme, qui vers le régime constitutionnel. Le gouvernement de la parole n'a pas été inventé pour autre chose. Il en résulte sans doute des difficultés, des mécomptes, des ajournements. Tout ce que l'on voudrait abattre résiste; tout ce que l'on attaque se défend, et tout ce que l'on veut sauver est compromis: l'idée stationne dans l'enceinte des clubs, l'infàme capital fait encore des victimes; l'infàme religion, l'infâme famille, l'infâme propriété, plusieurs autres infamies sont ébranlées, mais elles se maintiennent. Quel remède? Nul autre que le coup de fasil, le couperet, le despotisme. Remèdes pires que le mal! Or, du moment qu'il faut se résigner à discuter, ce que chaque opinion peut faire de mieux, c'est de choisir de bons avocats, qui sachent bien ce qu'elle vent et qui lui inspirent confiance. La victoire, étant plus débattue, sera plus belle.

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