Je crois qu'il en sait plus; et j'oserois peut-être Deux seaux alternativement Puisoient le liquide élément : Notre renard, pressé par une faim canine, Voilà l'animal descendu, Tiré d'erreur, mais fort en peine, Car comment remonter, si quelque autre affamé, Et succédant à sa misère, Par le même chemin ne le tiroit d'affaire? Deux jours s'étoient passés sans qu'aucun vînt au puits. De l'astre au front d'argent la face circulaire. Compère loup, le gosier altéré, Passe par là. L'autre dit : « Camarade, Le reste vous sera suffisante pâture. Descendez dans un seau que j'ai là mis exprès. Il descend; et son poids emportant l'autre part, Ne nous en moquons point: nous nous laissons séduire Sur aussi peu de fondement; Et chacun croit fort aisément Ce qu'il craint et ce qu'il désire. FABLE VII. Le Paysan du Danube. Il ne faut point juger des gens sur l'apparence. Me servit à prouver le discours que j'avance : On connoît les premiers: quant à l'autre, voici Son menton nourrissoit une barbe touffue; Représentoit un ours, mais un ours mal léché: Et ceinture de joncs marins. Cet homme ainsi bâti fut député des vi les Ne pénétrât alors et ne portât les mains. Faute d'y recourir, on viole leurs lois. Rome est, par nos forfaits, plus que par ses exploits, Craignez, Romains, craignez que le ciel quelque jour Nos esclaves à votre tour. Et pourquoi sommes-nous les vôtres? Qu'on me die Nous cultivions en paix d'heureux champs; et ros mains Ils ont l'adresse et le courage: S'ils avoient eu l'avidité, Comme vous, et la violence, Peut-être en votre place ils auroient la puissance, La majesté de vos aute!s Car sachez que les immortels Ont les regards sur nous. Grâces à vos exemples, D'avarice qui va jusques à la fureur. Rien ne suffit aux gens qui nous viennent de Rome : Font pour les assouvir des efforts superflus. Nous quittons les cités, nons fuyons aux montagnes; Nous ne conversons plus qu'avec des ours affreux, Et de peupler pour Rome un pays qu'elle opprime. Nous souhaitons de voir leurs jours bientôt bornés : Les Germains comme eux deviendront C'est tout ce que j'ai vu dans Rome à mon abord. Point de pourpre à donner? c'est en vain qu'on espère Je finis. Punissez de mort Une plainte un peu trop sincère. » On le créa patrice; et ce fut la vengeance Le sénat demanda ce qu'avoit dit cet homme, FABLE VIII.-Le Vieillard et les trois jeunes Hommes. Un octogénaire plantoit. << Passe encor de bâtir; mais planter à cet âge! Disoient trois jouvenceaux, enfans du voisinage: Assurément il radotoit. α Car, au nom des dieux, je vous prie, Quel fruit de ce labeur pouvez-vous recueillir? Autant qu'un patriarche il vous faudroit vieillir. D A quoi bon charger votre vie Des soins d'un avenir qui n'est pas fait pour vous? - Il ne convient pas à vous-mêmes, Repartit le vieillard. Tout établissement Vient tard, et dure peu. La main des Parques blêmes De se donner des soins pour le plaisir d'autrui? Plus d'une fois sur vos tombeaux. »> Le vieillard eut raison : l'un des trois jouvenceaux Et, pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre FABLE IX. Les Souris et le Chat-Iluant. Il ne faut jamais dire aux gens: Ecoutez un bon mot, oyez une merveille. » En feront une estime à la vôtre pareille? |