Permettez-moi du moins d'apprendre à tout le monde Que vous m'avez donné le sujet de ces vers. FABLE XVI. Le Marchand, le Gentilhomme, Quatre chercheurs de nouveaux mondes, De raconter quei sort les avoit assemblés, Ils s'assirent enfin au bord d'une fontaine : Chacun fit de son mieux, et s'appliquât au soin « La plainte, ajouta-t-il, guérit-elle son homme? Travaillons c'est de quoi nous mener jusqu'à Rome. » Un pâtre ainsi parler! Ainsi parler? croit-on Que le ciel n'ait donné qu'aux têtes couronnées Et que de tout berger, comme de tout mouton, Les connoissances soient bornées? L'avis de celui-ci fut d'abord trouvé bon Par les trois échoués aux bords de l'Amérique. Reprit le fils de roi. Le noble poursuivit : a Moi, je sais le blason; j'en veux tenir école. » Comme si, devers l'Inde, on eût eu dans l'esprit La sotte vanité de ce jargon frivole ! Le pâtre dit : « Amis, vous parlez bien; mais quoi! Belle, mais éloignée; et cependant j'ai faim. Dont il s'agit. Votre science Est courte là-dessus : ma main y suppléera. » Dans un bois : il y fit des fagots, dont la vente, Je conclus de cette aventure Qu'il ne faut pas tant d'art pour conserver ses jours Et, grâce aux dons de la nature, La main est le plus sûr et le plus prompt secours. Sultan léopard autrefois Eut, ce dit-on, par mainte aubaine, Force bœufs dans ses prés, force cerfs dans ses bois, Il naquit un lion dans la forêt prochaine. Comme entre grands il se pratique, Le sultan fit venir son vizir le renard, Tu crains, ce lui dit-il, lionceau mon voisin : Il a chez lui plus d'une affaire; S'il garde ce qu'il a, sans tenter de conquête. Σ Tels orphelins, seigneur, ne me font point pitié; Il faut de celui-ci conserver l'amitié, Ou s'efforcer de le détruire Avant que la griffe et la dent Lui soit crue, et qu'il soit en état de nous nuire J'ai fait son horoscope: il croîtra par la guerre ; Pour ses amis, qui soit sur terre : Tâchez de l'affoiblir. » La harangue fut vaine. Consulté là-dessus, dit avec un soupir : Pourquoi l'irritez-vous? La chose est sans remède. En vain nous appelons mille gens à notre aide : Plus ils sont, plus il coûte; et je ne les tiens bons Qu'à manger leur part des moutons. Apaisez le lion seul il passe en puissance Ce monde d'alliés vivant sur notre bien. Le lion en a trois qui ne lui coûtent rien : Son courage, sa force, avec sa vigilance. Jetez-lui promptement sous la griffe un mouton; S'il n'en est pas content, jetez-en davantage : Joignez-y quelque bœuf; choisissez, pour ce don, Tout le plus gras du pâturage. Sauvez le reste ainsi. » Ce conseil ne plut pas Proposez-vous d'avoir le lion pour ami, FABLE II. Les Dieux voulant instruire un fils de Jupiter. POUR MONSEIGNEUR LE DUC DU MAINE. Jupiter eut un fils, qui, se sentant du lieu Avoit l'âme toute divine. L'enfance n'aime rien: celle du jeune dieu Des doux soins d'aimer et de plaire. Devancèrent le temps, dont les ailes légères Il sembloit qu'il n'agît que par réminiscence, Jupiter cependant voulut le faire instruire. ས Il assembla les dieux, et dit : « J'ai su conduire, Seul et sans compagnon, jusqu'ici l'univers Mais il est des emplois divers Qu'aux nouveaux dieux je distribue. Il faut qu'il sache tout. » Le maître du tonnerre Lui montrer moi-même cet art Aux honneurs de l'Olympe et grossi cet empire. Dit le blond et docte Apollon. - Et moi, reprit Hercule à la peau de lion, Son maître à surmonter les vices, A dompter les transports, monstres empoisonneurs, Il apprendra de moi les sentiers peu battus Il dit qu'il lui montreroit tout. FABLE III. Le Fermier, le Chien, et le Renard Le loup et le renard sont d'étranges voisins! Se moque impunément de mui |