Avec messieurs les rats; car il a des oreilles Je l'allois aborder, quand d'un son plein d'éclat Mon fils, dit la souris, ce doucet est un chat, D'un malin vouloir est porté. Bien éloigné de nous mal faire, Servira quelque jour peut-être à nos repas. Garde-toi, tant que tu vivras, De juger des gens sur la mine. » FABLE VI. Le Renard, le Singe, et les Animaux. Les animaux, au décès d'un lion, Dans une chartre un dragon la gardoit. A pas un d'eux elle ne convenoit : : Il dit au roi : « Je sais, sire, une cache, Le renard dit, au nom de l'assistance : Qu'à peu de gens convient le diadème. FABLE VII. Le Mulet se vantant de sa généalogie. Le mulet d'un prélat se piquoit de noblesse, Que de sa mère la jument, Dont il contoit mainte prouesse. Elle avoit fait ceci; puis avoit été là. Qu'on le dût mettre dans l'histoire. Quand le malheur ne seroit bon Qu'on le dit bon à quelque chose. : FABLE VIII. Le Vieillard et l'Ane. Un vieillard sur son âne aperçut en passant Il y lâche sa bête; et le grison se rue Au travers de l'herbe menue, Se vautrant, grattant, et frottant, Me fera-t-on porter double bât, double charge? Non pas, dit le vieillard, qui prit d'abord le large. - Eh! que m'importe donc, dit l'âne, à qui je sois? Sauvez-vous, et me laissez paître. Notre ennemi, c'est notre maître : FABLE IX. Le Cerf se voyant dans l'eau. Dans le cristal d'une fontaine Dont il voyoit l'objet se perdre dans les eaux. Des taillis les plus hauts mon front atteint le faîte; Un limier le fait partir. Dans les forêts il s'emporte : Son bois, dommageable ornement, Nuit à l'office que lui rendent Ses pieds, de qui ses jours dépendent. Il se dédit alors, et maudit les présens Nous faisons cas du beau, nous méprisons l'utile; Ce cerf blâme ses pieds qui le rendent agile; Rien ne sert de courir; il faut partir à point: α « Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez point Sitôt moi ce but. Sitôt! êtes-vous sage? que Repartit l'animal léger : Ma commère, il vous faut purger Sage ou non, je parie encore. » Ainsi fut fait, et de tous deux Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter, D'où vient le vent, il laisse la tortue Elle part, elle s'évertue; Elle se hâte avec lenteur. Lui cependant méprise une telle victoire, Qu'à la gageure. A la fin, quand il vit Que l'autre touchoit presque au bout de la carrière. Il partit comme un trait; mais les élans qu'il fit : Eh bien! lui cria-t-elle, avois-je pas raison? L'âne d'un jardinier se plaignoit au Destin Et pourquoi? pour porter des herbes au marché! Lui donne un autre maître; et l'animal de somme J'attrapois, s'il m'en souvient bier, Quelque morceau de chou qui ne me coûtoit rien : Mais ici point d'aubaine, ou, si j'en ai quelqu'une, C'est de coups. Il obtint changement de fortune; Et sur l'état d'un charbonnier Il fut couché tout le dernier. α Autre plainte. Quoi donc! dit le Sort en colère. Ce baudet-ci m'occupe autant Que cent monarques pourroient faire! Croit-il être le seul qui ne soit pas content? N'ai-je en l'esprit que son affaire? » Le Sort avoit raison. Tous gens sont ainsi faits : Notre condition jamais ne nous contente; |