Il est dans les rayons dont l'horizon s'enflamme, C'est Lui, c'est toujours Lui! C'est Lui, partout c'est Lui! Le retentissement des empires qui croulent, Et des peuples émus les cris étourdissants, Le sourd bourdonnement des siècles qui s'écoulent, Font entendre sa voix dans leurs rauques accents; Elle éclate parmi les bruits divers du monde ; Jamais plus clairement ni plus haut qu'aujourd'hui; Dans les rugissements de l'univers qui gronde... C'est Lui, c'est toujours Lui! Mais mon coeur aime mieux l'écouter dans le Livre : C'est Lui, c'est toujours Lui! le Qui trouvé-je voilé sous un mal salutaire? C'est Lui, c'est encor Lui! C'est Lui qui vient, c'est Lui! Le fragment suivant d'une pièce intitulée le Voyage, nous a semblé au moins aussi remarquable. Il a de la grandeur et de la grâce; l'allégorie qu'il développe est neuve et frappante; et par un bonheur que n'ont pas toutes les allégories, l'image est si peu sacrifiée à l'idée, l'auteur a si bien su nous intéresser à toutes les deux à la fois, que poëme, dépouillé de son sens allégorique, est encore un poëme complet, qui, réduit à sa plus prochaine signification, se suffit à lui-même. Le fragment que nous citons est suivi d'une explication; poétiquement, il valait mieux peut-être laisser l'allégorie s'expliquer elle-même, et ne point ajouter de contre-partie. Aux flancs des monts si beaux, que pour notre patrie Il marche ; le chemin, plus roide, se resserre; Du torrent écumeux les arides rivages, Cependant, quelquefois une source limpide, Il respire un instant, un instant se repose, 7 Mais ce n'est qu'un instant, mais vers la haute cime, Enfin il touche au but, il s'arrête, il admire On a pu voir, dans ces deux citations, de quels yeux un chrétien voit la nature; d'autres morceaux pourraient montrer comment les saintes affections domestiques deviennent, dans un tel cour, plus saintes encore, et tout ensemble plus tendres. Car, ainsi qu'un ami l'écrivait un jour à son ami, « c'est « sur le terrain de la croyance chrétienne que naît a la véritable intimité des caurs. Toutes les autres « convenances ou sympathies n'ont pas ce pouvoir. « Sous leur influence, les âmes ne se joignent pas « par ce qu'elles ont de plus intérieur et de plus profond. Dieu seul est le vrai milieu de la vraie « amitié. C'est en lui qu'elle s'accomplit comme « tout le reste. Toute liaison , si douce et si chère qu'elle soit, reste superficielle, tant qu'elle n'est a pas trempée dans cet élément. Les relations mêmes « de la nature y gagnent, et beaucoup, alors même « qu'elles ne semblent pas pouvoir devenir plus in times ; ce n'est qu'après que le christianisme leur « a fait sentir son influence, qu'on sent qu'elles « avaient quelque chose à gagner. La charité s'ajoute à tous les amours comme l'infini à toutes les espérances. N'est-ce pas là un sceau irrécusable « de la divinité de notre cher Évangile ? Aimons-la « donc bien, cette Parole, qui est un fait, une vie, « une seconde nature humaine, une résurrection de « tout cet ensemble de forces primitives, de joies « et de gloire, qui s'était enseveli avec nous dans le « lombeau du péché. » V. JUSTE ET CAROLINE OLIVIER. LES Deux Voix. Un volume in-8°, - 1835. C'est quelque chose de nouveau, et de piquant peul-être par sa nouveauté, qu'un recueil de poésies composé par deux époux. La manière dont les qualités poétiques sont distribuées entre ces deux talents n'offre pas une singularité moins intéressante : l'élévation et la gravité du côté de la femme, la naïveté et la grâce dans le lot du mari. Et ce qui est le plus important, c'est que ce volume, en dépit de l'imitation peut-être trop complaisante de quelques allures modernes, ajoute à tous les genres connus et cultivés un genre vraiment nouveau. Et ne croyez pas à une invention proprement dite, à un système; en poésie, ce sont ceux qui ne cherchent pas qui trouvent. Quand Silvio Pellico ouvrit en Italie le trésor de cette poésie intime, lille du bonheur domestique et des affections paisibles, et dont un mot allemand (gemüthlich) résume tous les charmes, il n'inventa pas cette poésie si étrangère à son pays, il la trouva dans son cour et dans une |