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ait de la flûte' avec d'autres bergers voisins. Un loup affamé vint,2 par les fentes de l'enceinte, reconnaître l'état du troupeau. Un jeune mouton, sans expérience, et qui n'avait jamais rien vu,' entra en conversation avec lui. "Que venez-vous chercher ici ?" dit-il au glouton. "L'herbe tendre et fleurie," lui répondit le loup. "Vous savez que rien n'est plus doux que de paître dans une verte prairie émaillée de fleurs, pour apaiser sa faim, et d'aller éteindre sa soif dans un clair ruisseau : j'ai trouvé ici l'un et l'autre. Que faut-il davantage ? J'aime la philosophie qui enseigne à se contenter de peu."-"Il est donc vrai," repartit le jeune mouton, "que vous ne mangez point de chair des animaux, et qu'un peu d'herbe vous suffit? Si cela est, vivons' comme frères et paissons ensemble. Aussitôt le mouton sort du parc dans la prairie, où le sobre philosophe le mit' en pièces et l'avala.

Défiez-vous des belles paroles des gens qui se vantent d'être vertueux. Jugez-les par leurs actions et non par Fénélon.

leurs discours.

L'ABEILLE ET LA MOUCHE.

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Un jour une abeille aperçut une mouche auprès de sa ruche. "Que viens-tu faire ici ?" lui dit-elle d'un ton furieux. "Vraiment, c'est bien à toi,1o vil animal, à te mêler avec les reines de l'air!"-"Tu as raison," répondit froidement la mouche; "on a toujours tort de s'approcher d'une nation aussi fougueuse que la vôtre." "Rien n'est" plus sage que nous," dit l'abeille; nous ne cueillons12 que des fleurs odoriférantes; nous ne faisons que du miel déli

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cieux, qui égale le nectar. Ote-toi de ma présence,' vilaine mouche importune, qui ne fais que bourdonner et chercher ta vie sur les ordures."—" Nous vivons, comme nous pouvons," répondit la mouche, "la 'pauvreté n'est pas un vice, mais la colère en est un grand. Vous faites du miel qui est doux, mais votre cœur est toujours amer; vous êtes sages dans vos lois, mais emportées dans votre conduite. Votre colère, qui pique vos ennemis, vous donne la mort, et votre folle cruauté vous fait plus de mal' qu'à personne." Il vaut mieux* avoir des qualités moins éclatantes avec plus de modération. Fenélon.

LES DEUX SOURIS.

Une souris, ennuyée de vivre dans les périls et dans les alarmes, appela sa commère qui était dans un trou de son voisinage. "Il m'est venu," lui dit-elle, "une bonne pensée. J'ai lu, dans certains livres que je rongeais ces jours passés, qu'il y a un beau pays, nommé les Indes, où notre peuple est mieux traité et plus en sûreté qu'ici. Dans ce pays-là les sages croient, que l'âme d'une souris a été autrefois l'âme d'un grand capitaine, d'un roi ou d'un fakir, et qu'elle pourra, après la mort de la souris, entrer dans le corps de quelque belle dame ou de quelque grand potentat. Si je m'en souviens bien, cela s'appelle métempsycose. Dans cette opinion, ils traitent tous les animaux avec une charité fraternelle on voit' des hôpitaux de souris, qu'on met en pension et qu'on nourrit comme personnes importantes. Allons, ma sœur, partons' pour un si beau pays, où la police est si bonne, et où l'on fait justice à notre mérite.". -La commère lui répondit: "Mais, ma sœur, n'y a-t-il pas des chats

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qui entrent dans ces hôpitaux? Si cela était, ils feraient' en peu de temps bien des métempsycoses: un coup de dent ou de griffe ferait un roi ou un fakir, merveille dont nous nous passerions très bien."-" Ne craignez' point cela," dit la première, "l'ordre est parfait dans ce pays-là: les chats ont leurs maisons, comme nous les nôtres."-Sur cette conversation nos deux souris partent ensemble; elles s'embarquent dans un vaisseau qui allait faire3 un voyage de long cours, en se coulant le long des cordages le soir de la veille de l'embarquement. On part; elles sont ravies de se voir sur la mer, loin des terres maudites où les chats exerçaient leur tyrannie.

La navigation fut heureuse; elles arrivèrent à Surate. A peine furent-elles entrées dans une maison destinée aux souris, qu'elles y voulurent avoir les premières places. L'une prétendait se souvenir d'avoir été autrefois un fameux bramin sur la côte de Malabar; l'autre protestait qu'elle avait été une belle dame du même pays. Elles firent* tant les insolentes, que les souris indiennes ne purent les souffrir. On donna sans quartier sur ces deux étrangères, qui voulaient faire la loi aux autres: au lieu d'être mangées par les chats, elles furent étranglées par leurs propres sœurs.

On a beau aller loin pour éviter le péril; si l'on n'est modeste et sensé, on va chercher son malheur bien loin: autant vaudrait' le trouver chez soi.

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do not fear.

which was starting on. they they fell mercilessly. we go in vain far away.

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La mouche au bord du vase puise
Les blanches gouttes de mon lait.

L'alouette a la graine amère
Que laisse envoler le glaneur;
Le passereau suit le vanneur,
Et l'enfant s'attache à sa mère.

Et pour obtenir chaque don

Que chaque jour tu fais éclore,

A midi, le soir, à l'aurore,

Que faut-il? prononcer ton nom!

LE CEDRE DU LIBAN.

Le cèdre du Liban s'était dit à lui-même:

Lamartine.

-Je règne sur les monts: ma tête est dans les cieux;
J'étends sur les forêts mon vaste diadême;

Je prête un noble asile à l'aigle audacieux;

A mes pieds l'homme rampe! ... Et l'homme qu'il outrage, Rit, se lève, et, d'un bras trop longtemps dédaigné,

Fait tomber sous la hache et la tête et l'ombrage

De ce roi des forêts de sa chute indigné.
Vainement il s'exhale en des plaintes amères;
Les arbres d'alentour sont joyeux de son deuil;
Affranchis de son ombre, ils s'élèvent en frères,
Et du géant superbe un ver punit l'orgueil.

À MON PETIT LOGIS.

Petit séjour, commode et sain,
Où des arts et du luxe en vain
On chercherait quelque merveille;
Humble asile où j'ai sous la main

Le Brun.

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