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d'y mettre les pieds ; d'où lui vient fon nom qui, en Grec, fignifie, Lieu où l'on ne va point, où il n'eft pas permis d'aller; c'eft pourquoi on don ne quelquefois ce nom au fanctuaire des temples. Il y en a qui ont dit que l'Abatos, dont il s'agit, étoit le tombeau d'Ofiris.

ABDERE, jeune homme ami d'Hercule, & fon compagnon d'armes. Le Héros, après avoir enlevé les cavales de Diomède, Roi de Thrace, les conduifit fur le bord de la mer, où fa flotte l'attendoit; & les laiffa à la garde d'Abde rus, pendant qu'il étoit occupé lui-même à fe débarraffer des Biftons, qui l'avoient pourfuivi pendant cette expédition. Les cavales, accoutumées à fe nourrir de chair humaine, dé vorèrent le jeune homme. Hercule, pour fe confoler de la perte de fon favori, bâtit la ville d'Abdère dans l'endroit où il fut enterré. Il y a des Auteurs qui ont dit qu'Ab dère étoit un ferviteur de Dio mède, qui fut tué par Hercule avec fon maître. Voyez Dio mède.

ABDERE, foeur de Diomède, Roi des Thraces-Biftons. Elle donna, fuivant quel ques uns, fon nom a la ville qui le porte. Goltzius rapporte une médaille, qui

(a) In Ibim

pourroit faire penser, comme l'obferve Lucas Holftenius que c'étoit - là l'opinion des Abdéritains eux-mêmes. Cette médaille porte la figure d'une femme, avec la légende ΑΒΔΗΡΑΣ ΚΟΡΑΣ.

ABDERE, ville maritime de Thrace: les habitans de cette ville avoient la bar. bare coutume de dévouer à cer tains jours, pour le falut de tous les autres, quelques malheureux citoyens, qu'on af fommoit enfuite à coups de pierre. Ovide (a) met cela en tre les malédictions qu'il fou haite à fon ennemi. Mais rien n'eft plus étrange que la maladie qui régna, dit-on, pendant quelques mois dans Ab dère. On y avoit représenté l'Andromède d'Euripide: ce fpectacle, qui fe donna dans l'été, remua tellement l'imagination des Abdéritains, qui, pendant toute la pièce, furent expofés à un foleil ardent, que la plupart fortirent du théâtre faifis d'une violente fiévre. Ils fe mirent à courir les rues en déclamant de longues tirades d'Euripide, & faifant des exclamations tragiques. Cela du ra jufqu'à l'hiver qui fut trèsfroid, & plus propre par-là à faire ceffer cette rêverie. Lucien a décrit les fymptomes de cette prétendue maladie. Sur l'origine de cette ville, voyez

les deux articles précédens. On avoit élevé, dans Abdère, un temple en l'honneur de Jafon, Parménion le fit détruire. ABEILLES, Nourrices de Jupiter. Des ruches d'Abeil les s'étant trouvées dans l'antre de Dicté, où Jupiter avoit été nourri, auffi-tôt on fit aux Abeilles l'honneur de les comp ter au nombre des Nourrices du Dieu. On ajoute que quatre hommes étant un jour en trés dans cet antre pour dérober les ruches, Jupiter fit gronder fon tonnere, & lança fes foudres, contre ces facrileges.

ABELLION, ancien Dieu des Gaulois au pays de Cominges: Voffius croit que c'est le Soleil qui a été ainfi nommé du nom Belus ou Be lenus, que les Crétois don noient à cet Aftre, père du jour. Voyez Belenus.

ABEONA & ADEONA, étoient, felon Saint Auguftin, des Déeffes qu'on invoquoit l'une pour aller, l'autre pour revenir, felon la fignification des mots Latins adire & abire, aller & revenir,

ABIA, foeur & nourrice d'Hillus, fils d'Hercule. Elle ༢༠ fe retira à Hiré, où elle confacra un temple à Hercule. Ceft pourquoi Crefphonte lui fit rendre, dans la fuite, plufieurs honneurs; entr'autres i donna fom nom à la ville.

ABONDANCE, Divinité allégorique, qu'on trou

ve perfonifiée dans les anciens monumens; mais elle n'a jamais eu ni temple, ni autel. On la repréfente fous la figure d'une femme de bonne mine couronnée d'une guirlande de fleurs, qui tient de la main droite une corne remplie de toutes fortes de fruits, & panchée vers la terre; & de l'autre main un faisceau d'épis de plufieurs fortes de grains, dont la plupart tombent pêle-mêle par terre. Cette figure accompagne affez fouvent les images des Dieux & des Héros, pour marquer l'abondance procurée par la la bonté des Dieux, & par la valeur des Héros ; quelquefois même on en met deux pour marquer une abondance extraordinaire. Voyez Amalthée, Acheloüs, Corne d'A bondance, Euthenie.

ce

ABRASAX ou ABRAXAS Bafilide, hérétique qui vivoit fous Adrien, & fes Sectateurs donnoient ce nom au Dieu tout-puiffant, duquel les autres n'étoient que des émanations. Il contenoit fept Anges, qui préfidoient aux fept cieux, avec leurs 365 vertus qui étoit même figuré par les valeurs numérales des fept lettres de fon nom, qui, étant additionnées, formoient le nombre de 365. Saumaife prétend que ce nom étoit purement Egyptien, & qu'il faut le prononcer Abrafax, & non pas Abraxas, Il ajoute que ce pré

tendu Dieu étoit communé ment représenté fous la figure d'un homme armé d'une cuiraffe, tenant un bouclier d'une main, & un fouet de l'autre : il avoit la tête d'un Roi, & pour pieds des ferpens. S. Jérôme, & après lui plufieurs Auteurs ont cru que ce Dieu n'étoit autre chofe que Mithras; c'eft-à-dire, le Soleil. Voyez Mithras. ABSYRTE, fils d'Aëte, Roi de Colchide & frère de Médée. On raconte fon hiftoire de plufieurs manières. Quand Médée eut pris la réfolution de fuir avec la Toifon d'or, elle étoit füre que la vieilleffe mettroit trop de lenteur dans les opérations de fon père, pour qu'il pût la pourfuivre; fon frère étoit feul capable de courir après elle & de l'atteindre; elle le prévint, en le faisant égorger dans le palais même d'Aete. Suivant d'autres, il fuivoit Médée dans fa fuite, ou même elle l'avoit enlevé avec la Toifon d'or, ou enfin il avoit été pris dans un combat que les Colches perdirent fur les bords du Phafe contre les Argonautes. Ceux-ci étant preffés par Aete, Médée coupa Abfyrte par morceaux, qu'elle fema fur la route de fon père, afin de fufpendre fa marche par un fpectacle fi affreux. Enfin il y en a qui difent que ce Prince fut chargé par fon père de pourfuivre Médée, qui, l'ayant

attiré à un rendez-vous, fous prétexte de la tirer des mains des Grecs, qui, difoit- elle, l'enlevoient contre fon gré, le fit maffacrer, & répandit, dans le chemin, fes membres déchirés, qui arrêtèrent quelque temps les compagnons d'Af byrte, & donnèrent à Médée la facilité de fuir. Les uns placent cette trifte fcène dans la Colchide; les autres fur les côtes de l'Illyrie, dans le golphe Adriatique, & prétendent que les Ifles Abfyrtides en prenoient leur nom. Les autres à Tomes, Ville fituée fur les bords du Pont - Euxin, à la droite des embouchures du Danube. Elle a pris fon nom, difent-ils, de cette avanture. Teuva, en Τέμνω Grec, d'où Touis ou Toμos eft dérivé, fignifie couper. C'est dans cette Ville qu'Ovide fut exilé, & finit fes jours. Onomacrite rapporte d'une autre façon cette hiftoire, à laquelle il ôte tout ce qu'elle a d d'horrible. Selon lui, Aëtès donna une flote à fon fils Abfyrthe pour aller à la pourfuite des Argonautés. Ceux-ci, après avoir erré long-temps fur plufieurs mers, arrivèrent au pays des Phéaciens, où ils rencontrèrent la flote d'Absyrthe, qui étoit venue-là par un autre chemin, les attendre. Abfyrthe demanda que Médée lui fûc rendue ; & l'on convint de part & d'autre que Jafon feroit obligé de la laiffer aller, fi vé

ritablement il ne l'avoit pas époufée. Mais la femme d'Alcinous, qui avoit été prife pour juge, ayant fait célébrer la même nuit, la cérémonie du mariage, & ayant enfuite déclaré à Abfyrthe qu'elle fçavoit, à n'en point douter, que les deux amans étoient mariés dès l'inftant de l'enlevement de Médée, le Prince de Colchide fut obligé de fe retirer, & de laiffer aller fa fœur en Grèce. Voyez Aëte, Médée, Jafon. ABYLA. Voyez Colonnes d'Hercule.

ACACALLIS. Paufanias femble diftinguer deux Acacallis; l'une fille de Minos, dont Mercure devint amoureux, & eut un fils nommé Cydon. Il qualifie fimplement Nymphe l'autre Acacallis, fans dire de qui elle étoit fille. Apollon abufa de celle-ci à Tara, ville de Crète, dans la maifon de Carmanor. Voyez Carmanor. Ce Dieu eut deux fils d'Acacallis, Philacis & Philandre. D'autres n'ont parlé que d'une Acacallis, & ont dit qu'elle avoit eu commerce avec Apollon & avec Mercure; que d'Apollon, elle avoit eu Naxus, & de Mercure Cydon, qui donna son nom à la ville de Cydonie. Il paroît que l'amour d'Apollon pour elle ne fut pas paffager, puifque quelques Auteurs difent qu'il eut encore de cette Princeffe Milet, père de Byblis & de

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ACAMAS, fut fils de Théfée. On eft incertain fur fa mère; les uns lui donnent Ariadne; les autres Phèdre; d'autres enfin Antiope. Acamas marcha avec les autres Princes Grecs contre Troye. Il fut député avec Diomède, pour redemander Hélène. On ne lui rendit point Hélène, mais il gagna le cœur de Laodice, fille de Priam. Cette Princes fe, à la feule vue d'Acamas, conçut une fi violente paffion pour lui, qu'aucune confidération ne put l'arrêter. Elle ouvrit fon cœur à Philobie, femme de Perfée, Gouverneur de la ville de Dardanus. Philobie fut touchée de l'état de la Princeffe, & engagea fon mari à se prêter à quelqu'arrangement qui pût procurer à Laodice une entrevue avec l'objet de fon amour. Perfée prit pitié de l'état de la Princeffe; d'ailleurs, il étoit trop complaifant pour rien refufer à fa femme. Il fit amitié avec Acamas, & en obtint une vifite dans la ville de Dardanus. Laodice en fut avertie, & ne manqua pas

de s'y rendre avec quelques Troyennes. Après le feftin, on la fit coucher avec Acamas, à qui on la donna pour une des concubines du Roi. Cette avan ture rendit Laodice mère d'un fils, qui fut nommé Munitus, & qu'elle fit élever par Athra, mère de Théfée. Voyez Athra. Quelques Auteurs ont encore attribué à Acamas une avanture avec Phyllis, qui a beaucoup de reffemblance avec celle de Laodice; mais ils ont confondu Acamas avec Démophoon, à qui tous les Auteurs originaux attribuent ce qui concerne la malheureuse Phyllis. Voyez Démophoon, Phyllis. Acamas fut un des Grecs qui s'enfermèrent dans le cheval de bois. Quand il en fortit, Laodice eut foin de le faire fouvenir du gage qu'il lui avoit laiffé: le jeune Munitus fut tranfporté en Thrace. Voyez Munitus. Après le retour d'Acamas en Grèce, l'Oracle ordonna à une des Tribus d'Athènes de fe faire appeller Acamantide, du nom d'Acamas. Il fonda, dans la grande Phrygie, une ville, qui fut nommée Acamantium.

Acamas, dont on vient de parler, n'eft pas le feul qui ait porté ce nom dans le même temps. Il y en avoit un, qui étoit Prince de Thrace, qui alla au fecours de Priam, &

(a) Liv. 7, chap. 56.

qui fut t Ajax. Un autre étoit f Ad'Anténor, & frère d'Archiochus. Homère dit de ces deux frères qu'ils étoient fort experts dans toutes fortes de combats.

.

ACANTHE, jeune Nymphe, qui, pour avoir plût à Apollon, fut changée en la plante qui porte ce nom.

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ACAÑAS & Amphiterus, étoient fils d'Alcméon & de Callirhoë: leur père ayant été tué lorfqu'ils étoient encore dans la plus tendre jeuneffe trouva néanmoins en eux des vengeurs à cet âge; ce qui fit dire aux Poëtes que la Déeffe Hébé avoit augmenté le nombre de leurs années, pour les mettre promptement en état d'exécuter cette vengeance. Voyez Alcméon, Amphia raüs, Callirhoë.

ACASTE, fils de Pélias, Roi de Theffalie, & parent de Jafon, fut un des Argonautes: il a paffé pour un grand chaffeur, habile furtout à tirer de l'arc, Jaculo infignis Acaftus, dit Ovide. A fon retour de l'expédition de la Colchide, ayant trouvé fon père mort, il engagea les Argonautes à defcendre avec lui en Theffalie, pour y célébrer des jeux funébres en l'honneur de Pélias: Pline (a) veut qu'Acafte foit le premier qui ait fait célébrer des jeux funébres.

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