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dès qu'Eaque deviendroit l'interceffeur de la Grèce. Ce Prince offrit des facrifices à Jupiter, & il furvint une grande abondance de pluie. Les Egi nétes, pour conferver la mémoire de cet évènement, qui faifoit tant d'honneur à leur Prince, élevèrent un monument nommé l'Eacée, οι étoient les ftatues de tous les députés de la Grèce, qui vinrent pour ce fujet dans leur ifle. Les Athéniens fe préparant à une expédition contre Egine, dont les habitans ravageoient les côtes de l'Attique, envoyèrent à Delphes, confulter l'Oracle fur le fuccès de leur entreprife: Apollon les menaça d'une ruine entière, dit Hérodote, s'ils faifoient la guerre aux Eginétes plutôt que dans trente ans; mais ces trente ans

paffés, ils n'avoient qu'à bâtir un temple à Eaque, & entreprendre la guerre ; & alors tout leur devoit réuffir. Les Athé niens, qui brûloient d'envie de fe venger, coupèrent l'Oracle par la moitié: ils n'y déférèrent qu'en ce qui rece qui regardoit le temple d'Eaque, & ils le bâtirent fans retardement mais pour les trente

ans

ils s'en moquèrent, ils allèrent auffi-tôt attaquer Egine, & eurent tout l'avantage. Eaque eut deux femmes; Endéïde, ou Endéïs,

dont il eut Pélée & Télamon II la répudia pour épouler Pfammathé, l'une des Néréi des, dont il eut Phocus. Voy. Afope, Egine, Endéïs, Juges des enfers, Myrmidons, Pé lée, Phocus, Pfammathé, Télamon.

EAU, cet élément a été une des premières divinités du Paganifime: Thalès de Milet, après les plus anciens Philofophes, enfeignoit que l'eau étoit le principe de toutes chofes, qu'elle avoit la meilleure part à la production des corps: qu'elle rendoit la nature féconde, nourriffoit les plantes & les arbres, & que, fans elle, la terre feche, brûlée & fans aucun fuc, demeureroit ftérile," & ne préfenteroit qu'un défert affreux. Les Grecs avoient pris cette opinion des Egyptiens. En effet, comme les Egyptiens voyoient que c'eft le Nil qui caufe la fertilité de leurs terres, ils pouvoient s'imaginer tres naturellement que l'eau eft le principe toutes chofes, Auffi avoient-ils l'eau en grande vénération, & fe diftinguoient même dans le culte qu'ils rendoient à cet élément, dit Saint Athanafe, qui étoit Egyptien. Voyez Hydria, Nil. Les anciens Perfes avoient un très-grand refpect pour l'eau, lui offroient des facrifices, & pouffoient même la luperftition, felon Hérodote,

tiré du foyer des facrifices. Cette eau le tenoit dans un vafe que l'on plaçoit à la porte, ou dans le veftibule des temples; & ceux qui y entroient, s'en lavoient eux-mêmes, ou s'en faifoient laver par les Prêtres, prétendant par-là avoir le cœur bien purifié pour paroître devant les Dieux. Quand il y avoit un mort dans une maison, on mettoit à la porte un grand vaiffeau d'eau luftrale, apporté de quelqu'au

jufqu'à n'ofer cracher dans l'eau, s'y baigner, s'y laver les mains, y jetter la moindre ordure, non pas même s'en fervir pour éteindre le feu. Les Grecs & les Romains étoient trop fuperftitieux pour n'avoir pas adopté le culte rendu aux eaux. L'antiquité nous fournit mille exemples de ce culte établi chez eux; leurs temples renfermoient les ftatues des fleuves & des fontaines, comme celles des autres Dieux; on leur avoit confacré des autre maifon, où il n'y avoit tels, & on leur y faifoit des libations & des facrifices. En général, les Païens croyoient que les eaux de la mer & des fleuves avoient la vertu d'effacer les péchés. Non je ne penfe pas, dit Sophocle (a), que toutes les eaux du Danu be & du Phafe puiffent laver toutes les horreurs de la déplorable maifon de Labdacus. Du culte rendu à l'eau en général, on descendit aux eaux de la mer, des fleuves & des fontaines, qu'on voulut spécialement divinifer. Et enfin, on créa un Dieu fouverain des eaux, & le maître des autres divinités aquatiques. Voyez Neptune, Nymphes.

de

EAU LUSTRALE, ce n'étoit autre chofe que l'eau commune, dans laquelle on éteignoit un tifon ardent,

point de morts: tous ceux qui venoient à la maison de deuil, s'afpergeoient de cette eau en fortant: on s'en fervoit encore pour laver le corps du mort. V. Néocores.

ÉBAGES. Les Gaulois de certains cantons nommoient ainfi leurs Druïdes.

ECCRITUS, Roi d'Echalie, père de la belle Omphale, maitreffe d'Hercule. Voyez Omphale.

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ECDUSIES, fêtes qui fe célébroient à Pheste, ville de Crète, en l'honneur de La

tone.

ÉCÉCHIRIE, Déeffe qui préfidoit à la ceffation d'ar

mes.

ÉCHÉMON, fils de Priam & d'Hécube, fut tué

par Dioméde avant la prise de Troye.

ÉCHÉTLÉE. Voyez

Marathon.

ECHIDNA, monftre produit par Chrysaor & Cal lyrhoë (a). Ce monftre ne reffembloit ni aux Dieux, ni aux hommes, dit Héfiode, ayant la moitié du corps d'une belle Nymphe, l'autre moitié d'un ferpent affreux & terrible. Quoique les Dieux la tinffent enfermée dans un antre de la Syrie, cependant elle trouva moyen d'avoir commerce avec Typhon, dont elle eut Orthus, le Cerbère, l'Hydre de Lerne, la Chimère de Bellerophon, le Sphinx de Thèbes, le Lion de Némée, & tous les monftres de la fable. Hérodote (b) conte différemment cette fable. Hercule, dit-il, étant allé chez les Hyperboréens, y trouva cette femme monftrueufe, avec laquelle il demeura quelque temps, & en eut trois enfans. En la quittant, il lui donna un arc, avec ordre de laiffer dans la contrée, celui de fes fils qui pourroit tendre cet arc. Ces trois enfans s'appelloient Agatyrfe, Gélon & Scythe. Quand ils furent devenus grands, Echidne exécuta l'ordre d'Hercule, fit fortir

du

pays les deux premiers, qui n'avoient pu bander l'arc, &

(a) Exa, fignifie vipère. (b) L. 4. Melpomène.

retint avec elle le troifième, qui donna fon nom à la Scy. thie. C'eft ainfi que les Greet contoient l'origine des Scy

thes.

ÉCHINADES. Voyez Efchinades.

ECHION, fils de Mercure & d'Antianire, fut un des Argonautes, à qui il fervit d'efpion pendant le voyage, parce qu'il étoit, comme for père, fin & rufe.

ÉCHION, mari d'Agavé & père du malheureux Pen thée, fut un de ces hommes formés des dents du dragon, femées par Cadmus. V. Aga vé, Cadmus, Penthée.

ÉCHO, fille de l'Air & de la Langue, dit Aufone, étoit une Nymphe de la fuite de Junon, mais qui fervoit quelquefois Jupiter dans fes amours; lorfque ce Dieu étoit avec quelqu'une de fes maî treffes, Echo, pour empêcher Junon de s'en appercevoir, l'amufoit par de longs difcours. La Déeffe ayant découvert fon artifice, réfolut de punir cette démangeaifon de parler, & condamna la Nymphe à ne plus parler qu'on ne l'interrogeât, & à ne répondre qu'en peu de mots aux questions qu'on lui feroit. Cette Nym phe babillarde fut aimée du

Dieu Pan, & le méprifa. Voy. Achille. Enfuite ayant un jour rencontré le beau Narciffe à la chaffe, elle en devint éperdû ment amoureuse; & fe mit à Je fuivre fans cependant fe laiffer voir. Après avoir éprouvé long-temps les mépris de fon amant, elle fe retira dans le fond des bois, & alla fe cacher dans les lieux les plus épais. Depuis ce temps-là, elle n'habite plus que les antres & les rochers. Là confumée par le feu de fon amour, & dé vorée par le chagrin, elle tomba dans une langueur mortelle, & devint fi maigre & fi défaite, qu'il ne lui refta que les os & la voix : fes os mêmes furent changés en rochers, & elle n'eut plus que la voix. Fable phyfique inventée pour expliquer d'une manière ingénieuse, le phénomène de l'écho.

ECLIPSES: les païens attribuoient la caufe des éclipfes de Lune aux vifites que Diane ou la lune, rendoit à fon amant Endymion, dans les montagnes de la Carie. Mais, comme les amours ne durèrent pas toujours, il fallut chercher une autre caufe de fes écliples. On publia que les forcières, fur- tout celles de Theffalie, où les herbes vénimeufes étoient plus communes, avoient le pouvoir, par

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la lune fur la terre; & qu'il falloit faire un grand bruit de chaudrons & autres inftrumens, pour l'empêcher d'entendre les cris de ces magiciennes. Juvenal fait allufion à cet ufage, lorfqu'il dit d'une femme babillarde, qu'elle fait affez de bruit. pour fecourir la lune, lorfqu'elle eft attaquée des forcières. Cet ufage a été emprunté des Egyptiens, qui honoroient Ifis fymbole de la lune, avec un bruit pareil de chaudrons de tymbales & de tambours. Encore aujourd'hui en Perfe & dans le royaume de Tonquin, fuivant Tavernier, on s'imagine que pendant les éclipfes, la lune combat contre un grand dragon, & que le bruit fait lâcher prife au dragon, & le met en fuite. Dans toutes les Indes Orientales, on croit, dit M. de Fontenelle que, quand le foleil & la lune s'éclipfent, c'eft un certain Démon qui a les griffes fort noires, les étend fur les aftres dont il veut se saifir: & vous voyez, pendant ce temps-là, les rivières couvertes de têtes d'Indiens, qui fe font mis dans l'eau jufqu'au cou, parce que c'est une fituation très-dévote, felon eux, très-propre à obtenir du Soleil & de la Lune, qu'ils fe défendent bien contre le démon.

&

284 ÉCR ECT ÉDÉ ÉDO d'Hercule & de Phillo. Voy. Phillo.

ÉCREVISSE. Voyez

Lerne.

ECTION, père d'Andromaque.

ECTONIUS, l'un de ces hommes qui nâquirent des dents du dragon, femées par Cadmus. Voyez Cadmus. ÉDÉUS, ou UDÉUS, frère du précédent. Le devin Tiréfias rapportoit fon origine à ce compagnon de Cadmus. ÉDONE. Voyez Edo. Cette Princeffe fut changée, felon Bocace, en chardonneret, qui déplore encore fon infortune, par un chant qui, tout agréable qu'il eft, a pourtant toujours quelque chofe de lugubre. On a rapporté fon hiftoire au mot do; mais elle eft rapportée d'une manière toute différente au mot Pandarée. Les variations des poëtes & des auteurs mythologues, permettent rarement de rap porter, d'une façon uniforme, deux fois l'hiftoire du même perfonnage.

ÉDONIDES, on appelloit ainfi les Bacchantes, qui célébroient les mystères de Bacchus fur le mont Edon aux confins de la Thrace & de la Macédoine. Voyez Bacchantes.

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ÉDUCĄ, divinité qui

(a) Du verbe Edere, manger.

ÉDU ÉGÉ

préfidoit à l'éducation de la jeuneffe.

ÉDULA, ÉDULIA, OF ÉDUSA, Déeffe qui préfidoit aux viandes (a). C'étoi auffi une des Déeffes protectrices de l'enfance: lorfqu'on févroit les enfans, & qu'on commençoit à leur faire prendre de la nourriture folide, on faifoit de ces mets-là un facrifice à Eduse.

ÉGÉE, Roi d'Athènes, fut père de Théfée. Lorsqu'il envoya ce jeune Prince combattre le minotaure, il lui recommanda expreffément d'arborer, à fon retour, le pavillon blanc : Egée ayant vû de deffus un rocher, où fon impatience l'avoit conduit, revenir le vaiffeau de fon fils fans ce pavillon blanc, (car Théfée avoit oublié l'ordre de fon père) crut que fon fils étoit mort; &, fans attendre d'autres éclairciffemens, n'écoutant que fon défefpoir, il se jetta dans la mer. Les Athéniens, pour confoler leur libérateur de la perte de fon père, l'élevèrent au rang des Dieux de la mer, le déclarèrent fils de Neptune, & donnèrent fön nom à toute la mer voifine, aujourd'hui l'Archipel. Voyez Androgée, Médée, Thésée.

EGÉON, c'eft le nom que les hommes donnent au géant que les Dieux appellent

&

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