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pacifique. Les voleurs le regardoient comme leur Dieu, & lui apportoient les dixmes de leurs vols & brigandages. C'eft Athénée qui conte cette hiftoire. Drimaque fut auffi nom mé Euménès.

DRIOPE. Voy. Dryope. DRUIDES (a), c'étoient chez nos anciens Gaulois, les principaux miniftres de la religion, qui avoient fous eux un grand nombre de miniftres fubalternes ; tels que les Bardes, les Eubages, les Vates, les Sarronides. Ils menoient une vie fort retirée & fort auftère, du moins en apparence. Cachés dans le fond des forêts, ils n'en fortoient que rare ment; & c'étoit-là que toute la nation alloit les confulter. Ils avoient plufieurs colléges répandus dans toutes les provinces des Gaules où ils étoient chargés de l'éducation de la jeuneffe. Le premier & le plus confidérable de ces collé ges étoit celui du pays Chartrain : c'étoit-là que réfidoit le chef fuprême des Druides: c'étoit dans les bois de cette contrée que s'offroient les grands facrifices, & ou fe faifoient toutes les grandes céré que prefcrivoit la religion. Après ce collége, celui de Marfeille étoit le plus re

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nommé, fur-tout le bois ou s'affembloient les Druides. La defcription qu'en fait Lucain, liv. 3, v. 399, lorfqu'il raconte comment Céfar le fit abattre, infpire je ne fçais quelle frayeur religieufe, qui frappe & qui faifit. Leur autorité étoit fi grande, même dans le civil, qu'on n'entreprenoit aucune affaire fans les confulter auparavant. Ils préfidoient aux états, réfolvoient la guerre ou la paix à leur gré, dépofoient les magiftrats, & même les Rois, quand ils n'obfervoient pas les loix du pays : la juftice ne fe rendoit que par leur ministère ; & ceux qui refufoient de fe rendre à leurs décifions, étoient frappés d'anathême ; tout facrifice leur étoit interdit, & le refte de la nation les regardoit comme des impies n'ofoit même fréquen qu'on ter. Afin que leur doctrine ne fût connue de perfonne, & qu'elle parût plus myftérieuse, non-feulement aux étrangers, mais aux Gaulois mêmes, les Druides n'écrivoient rien, mais ils chargeoient leur mémoire, & celle de leurs difciples, d'un' nombre prodigieux de vers obfcurs, qui contenoient leur théo logie, & dont ils ne donnoient l'explication qu'avec de grandes réferves. Ils s'adonnoient à

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(a) Leur nom vient du mot celtique Déu, qui veut dire un Chêne, que les Grecs nomment apus.

l'astrologie, à la divination, à la magie, & à tous les preftiges qui l'accompagnent; ils faifoient croire aux peuples qu'ils avoient le pouvoir de fe transformer en différentes figures, d'aller à leur gré au milieu des airs, & de faire toutes les autres folies des magiciens les plus experts. Mais de toutes leurs fuperftitions, la plus cruelle étoit celle qui les portoit à immoler à leurs Dieux des victimes humaines, ou de s'en fervir pour pratiquer la divination. Diodore, fiv. 5, dit qu'ils immoloient un homme, en lui perçant le corps au-deffus du diaphragme: l'homme tombé, ils établiffoient leur divination fur fa chûte, fur fa palpitation, fur le fang qui couloit, & fur les mouvemens qu'il faifoit, ayant, difoient-ils, des expériences fûres pour cela. V. A gui l'an neuf, Gui de chêne, Samolus, Sélages, Serpent Vervaine.

DRUIDESSES: les femmes des Druides partageoient la confidération qu'on avoit pour leurs maris, & s'ingéroient comme eux, non-feulement dans les affaires politiques, mais encore dans celles de la religion. Il y avoit des temples dans les Gaules dont l'entrée étoit interdite aux hommes: c'étoient les Druideffes qui y ordonnoient, & y régloient tout ce qui concernoit

les facrifices & les autres cé rémonies de religion. Mais elles avoient fur-tout la réputation de grandes devinereffes & quoique les Druides en mêlaffent quelquefois, ils en avoient prefqu'entièrement abandonné la fonction à leurs femmes, foit qu'elles y fuffent plus habiles, ou qu'elles fçuffent mieux tromper. On venoit de toutes parts les confulter avec une grande confiance des Empereurs même quand ils furent maîtres des Gaules, y eurent quelquefois recours, au rapport des hiftoriens. Alexandre Sévère, avant de partir pour une expédition, de laquelle il ne revint point alla confulter une Druideffe, qui lui dit, en langue Gauloife, felon Lampride: Allez, n'efpérez point la victoire, & ne vous fiez pas à vos foldats. En effet, il fut affaffiné dans cette campagne. Dioclétien n'étant que fimple officier dans les Gaules, s'amufoit à compter fa dépenfe, lorsque son hồteffe, qui étoit une célèbre Druideffe, lui dit : Seigneur, vous êtes trop avare. Hé bien lui répondit Dioclétien, je ferai libéral quand je ferai Empereur. Vous le ferez, dit brufquement la Druideffe, après que vous aurez tué un fanglier, cùm Aprum occideris. Dioclétien entendit le mot Aprum d'un fanglier, & pour cela chaf

foit fouvent au fanglier: mais P'Oracle regardoit Aper, beaupère de Numérien: Dioclé tien le fit mourir & devint Empereur. Outre les Druideffes femmes des Druides, il y en avoit qui vivoient dans le célibat, c'étoient les Veftales des Gaules: & d'autres qui, quoique mariées, demeuroient régulièrement dans les temples qu'elles deffervoient, hors un feul jour de l'année, qu'il leur étoit permis d'avoir commerce avec leurs époux.

DRYADES, Nymphes des bois: c'étoient les divinités qui préfidoient aux bois, & aux arbres en général: on n'entroit jamais dans une forêt qu'on ne rendît quelque hommage à ces divinités prétendues. Leur condition étoit beaucoup plus heureufe que celle des Hamadryades, qui, comme on le dira à leur article, étoient jointes fi intime ment chacune à fon arbre, qu'elles naiffoient & mouroient avec lui; mais les Dryades avoient la liberté de fe promener & de fe divertir; & pouvoient furvivre à la def truction des bois dont elles avoient l'intendance. Si nous en croyons

Ovide, elles danfoient affez fouvent autour du chêne que l'impie Erifichthon abattit. Elles avoient même la

(a) De Apis, un chêne.

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liberté de fe marier. Paulanias dit que la femme d'Arcas, fils de Jupiter & de Calysto, étoit Dryade. Virgile femble dire qu'Eurydice femme d'Orphée, étoir Dryade. Au refte, il faut faire attention que les poëtes confondent affez fouvent les Dryades avec les Nayades, les Hamadryades, &c. On avoit fans doute imaginé ces divinités, pour em pêcher les peuples de détruire trop facilement les forêts: pour couper des arbres, il falloit que les miniftres de la religion déclaraffent que les Nymphes qui y préfidoient, s'en étoient retirées, & les avoient abandonnés (a). Voyez Hamadriades.

DRYAS, Nymphe, fille de Faune: elle étoit fi chafte que, pour éviter jufqu'à la vie des hommes, elle ne parut jamais en public. De-là vint que, dans les facrifices qu'on lui offroit, il n'étoit permis à aucun homme d'y affifter.

DRY MO, une des Nymphes que Virgile donne pour compagne à Cyrène, mère d'Ariftée.

DRYOPE, fille d'Euryte & fœur d'Iole femme d'Hercule, fut dans fon temps la première beauté de l'Oéchalie. Apollon en fut amoureux, & la rendit fenfible. Après cette

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intrigue, elle époufa Andrémon, dont elle eut un fils nommé Amphife. Dryope, un jour le promenant près d'un lac, dont les bords étoient plantés de myrthes & de lotos, eut envie d'offrir des couronnes de fleurs aux Nymphes de ce lieu. Elle tenoit entre fes bras fon fils à qui elle donnoit à téter; elle cueillit une fleur de lotos, qu'elle donna à l'enfant pour l'amufer mais dans le moment, elle s'apperde cette Cut qu'il fortoit fleur quelques goutes de fang, & que les branches de l'arbre marquoient, en tremblant, je ne fçais quelle fecrette horreur. Effrayée de ce prodige, elle veut faire quelques pas en arrière, mais elle fent que Les pieds font attachés à la terre, & qu'elle fait de vains efforts pour les dégager. L'écorce montant peu à peu, gagne en peu de temps, & enveToppe tout le corps: & Dryop'e devient elle-même un arbre de lotos.

DYCTÉUS, nom d'un des quatre chevaux de Pluton. Voyez Alaftor.

DYDIME, dans l'ifle de Milet, lieu célèbre par un Oracle d'Apollon. Licinius ayant deffein de recommencer la guerre contre Conftan

tin, alla confulter cet Oracle; & en eut pour réponse deux vers d'Homère, dont le fens eft: Malheureux vieillard, ce n'eft point à toi à combattre contre les jeunes gens, tu n'as point de force, & ton âge t'accable. Julien voulant remettre en honneur cet Oracle, qui étoit tout-à-fait tombé, prit le titre de Prophéte de l'Óracle de Dydime.

DYNA, fille d'Evandre. Voyez Pallas.

pour

DYPHIES, nom donné à Cécrops, qui fignifie compofé de deux natures faire allufion à la fable, qui le faifoit moitié homme & moitié ferpent. Voyez Cécrops.

DYSARES, Dieu des Arabes, que l'on croit être le Bacchus des Grecs, ou le Soleil: ceux qui le prennent pour Bacchus, dérivent ce nom de deux mots Hébreux, qui répondent au Liber Pater des Latins, le père de la liberté, ou le Dieu des feftins. Ceux qui le prennent pour le Soleil, trouvent auffi dans l'Hébreu une explication qui convient fort au Soleil. Ĉar Dyfarès peut fignifier Joie de la terre. Il y avoit un canton d'Arabie, dont les habitans s'appelloient Dyfaréniens, c'est-là principalement qu'on adoroit Dyfarès.

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E.

ÉAC ÉAN EACÉES, fêtes & jeux folemnels qui fe célébroient à Egine, en Phonneur d'Eaque. ÉACIDE, nom qu'on donne fouvent à Achille & à Pirrhus fon fils, parce qu'ils defcendoient d'Eacus. Paulanias remarque que prefque tous les Eacides furent tués. On donnoit aufli ce nom à un des fils de Pyrrhus & d'Andromaque, Voyez Andromaque. EACUS. Voyez Eaque ÉANUS, Janus étoit ainfi appellé, dit Macrobe, ab eundo, parce qu'il va toujours, étant pris pour le monde, ou le ciel qui tourne perpétuellement, De-là vient, ajoute le même Auteur, que les Phéniciens expriment cette divinité par un dragon, qui fe tourne en cercle, & qui mord & dévore fa queue, pour marquer que le monde le nourrit, fe foutient, & le tourne en luimême. C'eft auffi pour la même raifon que les Romains le repréfentoient regardant de quatre côtés. Il y avoit à Rome des Saliens, miniftres de Janus, & qu'on appelloit auffi

(a) Aujourd'hui Lépante.

ÉAQ

Eani, du furnom de Janus. EAQUE, fils de Jupiter & d'Egine, náquit dans l'ille d'Egine (a), dont il fut Roi. La réputation qu'il s'acquit d'être le Prince le plus équita ble de fon temps, lui mérita chez les poëtes une place parmi les juges d'enter, entre Minos & Radamanthe. Il fut chargé, dit-on, de juger les morts de l'Europe. Il fallut bien qu'étant le fruit d'une des infidélités que Jupiter faifoit fouvent à Junon, cette Déeffe le perfécutât, comme les autres enfans de fon mari. Furieufe de voir le nom d'Egine fa rivale confacré par la dénomination de l'ifle, à Taquelle l'avoit donné, s'en vengea en faifant périr tous les peuples qui l'habitoient, par la pefte la plus cruelle. Mais Jupiter répara ce mal par le miracle dont on parlera au mot Mirmidons. Ce qui augmenta la réputation de ce Prince; c'eft que l'Attique étant affligée d'une grande féchereffe, on recourut à l'Oracle, qui répondit que ce fléau cefferoit,

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