Page images
PDF
EPUB
[graphic]

que je ne prétends pas exalter par un si petit sujet, a été très-connue, et elle a beaucoup relevé tour ce qu'il avoit d'ailleurs de mérite et de talens. Si l'on avoit de lui un Corneliana, il seroit un beau contraste avec le Bolœana.

Le récit de M. Despréaux insinue que M. Corneille avoit porté à Lully unopéra tout fait, et dit nettement que cet opéra étoit si mauvais, que Lully auroie mieux aimé mettre en musique un exploit; que les vers en étoient si obscurs, que M. Despréaux en demandoit avec sa cordialité ordinaire l'explication, M. Corneille, son humble disciple, lui donnoit, après quoi il corrigeoit; et qu'ainsi l'opéra fut réformé presque d'un bout à l'autre.

que

Et moi je réponds très-cordialement à M. Despréaux, que la pièce fut envoyée de province à Paris acte par acte; que si le premier acte eût été en style d'exploit, jamais Lully n'en auroit demandé un second; que les vers envoyés de province sont demeurés tels qu'ils en ont été envoyés, à quelques changemens près, légers et rares, faits en faveurs du chant; et que jamais ces vers-là n'ont été blâmés par l'obscurité. On peut, si l'on veut, recommencer à les examiner sur ce point. A en croire le narré de M. Despréaux, il auroit fallu faire une refonte générale de cette malheureuse poésie, et il ne seroit pas possible qu'elle ne se sentît encore beaucoup d'avoir été galimathias dans son origine.

[graphic]

?

d'ordonner, de filer les scènes, &c. Il ne s'agissoit point-là de donner des ridicules; il n'étoit point.

dans son élément.

Il y étoit si peu, qu'il a honoré un endroit de Bellerophon d'une louange peu convenable et beaucoup trop forte. Après avoir dit avant ce grand morceau qu'on a transcrit ici, que les opéra parlent proprement le langage de la debauche, et point du tout celui de la passion; il ajoute: Je n'ai vu que dans Bellerophon quelques traits qui marquent un peu de passion.

L'amour trop heureux s'affoiblit ;

Mais l'amour malheureux s'augmente.

Quelle gloire pour le véritable auteur de ces vers-là, qui, après avoir vu Cadmus, Alceste, Thésée, Atis et Isis, où il n'y avoit point de traits de passion, a trouvé le secret d'en mettre quelquesuns dans son opéra! Disons encore plus à son honneur; M. Despréaux ne donne pas seulement cette préférence à Bellerophon sur les opéra qui l'ont précédé, mais sur tous ceux qui l'on suivi, soit de Quinault, soit de plusieurs autres, jusqu'en 1711, époque de la mort de M. Despréaux: car l'expression est tout-à-fait générale; et on peut entendre que de tous les opéra qui ont paru jusqu'en 1711, Bellerophon, est le seul où il y ait quelques traits de passion. Sérieusement cette excessive pré

[graphic]
[graphic]
[graphic]
« PreviousContinue »