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COULOMMIERS

Imprimerie PAUL BRODARD.

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(Mémoire couronné par l'Académie des sciences morales et politiques.)

PARIS

LIBRAIRIE HACHETTE ET Cie

79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79

1897

Droits de traduction et de reproduction réservés.

PRÉFACE

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Dans la séance du 11 avril 1891, l'Académie des sciences morales et politiques entendait et approuvait un rapport de M. Francisque Bouillier sur les mémoires envoyés lors du concours pour le prix Crouzet. La question proposée était relative à la théodicée et demandait, après un coup d'œil rétrospectif sur les systèmes philosophiques, les conclusions qui sortaient de cette comparaison entre les théories présentes et les théories passées.

Le Mémoire jugé le plus digne du prix était celui que M. Eugène Maillet, professeur de philosophie au lycée Louisle Grand, avait adressé à l'Académie.

M. Bouillier en signalait les mérites dans un rapport des plus élogieux. « L'auteur, disait-il, en qui l'esprit philosophique s'allie avec le sentiment religieux, est un éclectique, mais un éclectique dans le meilleur sens du mot. Il a travaillé, non sans originalité et sans profondeur, à une œuvre d'apaisement et de conciliation entre la science et la foi. La partie historique ellemème, par laquelle il nous prépare à sa propre doctrine, n'estpas d'un moindre intérêt que la partie théorique. » M. Bouillier, après avoir analysé longuement le Mémoire en toutes ses divisions et en avoir fait valoir l'importance en ce qui touche les démonstrations de l'existence de Dieu, la création, l'action

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de la Providence et suivi l'auteur dans la critique de tous les systèmes anciens et modernes auxquels a donné naissance ce mystérieux problème, déterminait les conclusions que M. Maillet avait cru devoir formuler. C'était la partie neuve et vraiment profonde du Mémoire, et nous ne pouvons que reproduire ici la claire et substantielle analyse de l'éminent rapporteur qui précisait on ne peut plus nettement le caractère de l'œuvre philosophique d'Eugène Maillet.

« La conscience, considérée comme premier et dernier principe des choses et des rapports de Dieu avec le monde, voilà la vérité fondamentale qu'il a cru voir se dégager de l'histoire des religions et des grands systèmes de philosophie. Mais il y a deux manières d'entendre la conscience; les uns l'attribuent à un principe transcendant qui est Dieu, les autres à un principe immanent qui est la nature. Pour les premiers, le principe de l'univers sera un être parfait, contemplant en lui-même tous les degrés de l'être, tous les mondes possibles; pour les seconds, le monde ne tirera pas son existence de cette richesse, de cette fécondité d'une conscience pleinement épanouie. Il sera fils de la pauvreté et du labeur, πóvos, πevía; ce sera d'abord le chaos, mais le chaos contenant en germe la vie et la conscience, ou du moins l'aspiration à la vie et à la conscience.

« Le problème est suivant lui de trouver le lien entre cette conscience qui se possède et cette conscience qui se cherche à travers la nature. Il s'agit de s'élever à la conception d'une loi supérieure exprimant le fond même de l'absence divine et enveloppant dans la conscience que Dieu a de lui-même, « cette conscience éparpillée qui se développe dans la nature ».

« C'est seulement par l'analyse de notre propre conscience qu'il est permis d'espérer de se mettre avec quelque vraisemblance en face du principe des choses.

« Que faut-il donc entendre par la conscience? Question fort controversée dans la psychologie contemporaine. L'auteur se déclare de l'avis de ceux qui donnent à la conscience une

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