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«<ses, tant de trésors, que ton fleuve coule des «< flots de miel; que Dieu te fertilise, inonde << tes mamelles de lait, tes campagnes de ver. «<dure et de moissons, tes habitants de béné⚫ << dictions. Ton bonheur se perpétuera tant que << tu resteras sans orgueil et sans injustice; « mais du jour où tu seras tyrannique et orgueilleuse, le malheur tombera sur toi comme << un ennemi, et ton bien-être sera perdu. »

On connaît assez l'Égypte et son histoire pour voir ce qui s'est accompli de ces vœux et de ces prédictions; on sait qu'au-dessous du Mocattam, près du Caire, sont répandus un grand nombre de tombeaux, ceux des khalifes ou princes d'Égypte, celui du saint imâm, Châfey, et de beaucoup d'autres saints musulmans; car, dès que Amr eut commencé la conquête de l'Égypte, ce terrain fut consacré à la sépulture des fidèles.

Conformément à la destinée fixée pour l'Égypte, la vallée du Nil s'illustra de bonne heure dès avant le déluge, elle eut des temples, des tombeaux, des palais, des statues, des oratoires, des tours, des castels, tout cou. verts d'hieroglyphes ou telsem, c'est-à-dire de figures magiques. Ces figures, dont l'invention remonte au delà de Noé, sont appelées par les savants arabes l'écriture inconnue. Heureusement que tout cela avait été représenté en creux ou en relief, non en couleur, sur des pierres dures; autrement les eaux diluviennes auraient tout détruit. Et plus heureusement encore, un prêtre ou sage égyptien, que les savants arabes appellent Calymóun, fut inspiré du ciel et alla trouver Noé assez à temps pour pouvoir être reçu dans l'arche et sauvé de l'inondation générale.

Après le déluge, ce sage revint en Égypte avec le chef de la colonie qui, après la sortie de l'arche, vint repeupler la vallée du Nil; il expliqua aux colons les mystères des telsem; et la science hiéroglyphique, toute la science primordiale de l'Égypte, fut sauvée des eaux. Ce Calymôun épousa une fille de Nayçar ou Bayçar, le plus jeune des quatre fils de Cham, fils de Noé, et il en eut un fils appelé Misr ou Misraïm, comme le fils aîné de Nayçar. Les postérités de ces deux Mesraïm se mêlèrent et furent l'origine proprement dite des Égyptiens ou Coptes, qui aboutissent ainsi, par deux branches collatérales très-rapprochées, à Nayçar comme souche première.

Avant le déluge, disent encore les légendes arabes, le siége des rois d'Égypte était à Oumsous, la première ville qui ait été bâtie dans le pays du Nil, et dont le cataclysme effaça jusqu'au moindre vestige. A une trèshaute antiquité, l'Égypte porta aussi le nom d'Oumsous, en même temps que celui de Misr. Le premier roi qui s'établit dans cette ville fut Nacrdouech le Terrible, fils de Mis

raïm l'Ancien, arrière-petit-neveu d'Adam. Nacrâouech régna cent quatre-vingts ans.

A l'époque où Énoch fut enlevé au ciel, Ycám régnait en Égypte. Ce fut lui qui, par sa profonde sagesse, prévit l'arrivée du déluge, et, dans la crainte que cette catastrophe n'arrivât sous son règne, se fit construire, pour refuge, un palais au delà des monts de Coumr (monts de la Lune), situés par le 11° 30′ au sud de l'équateur, c'est-à-dire, à la limite du monde habitable et habité. Il dicta ses dernières volontés à son fils Arbác, et se retira dans ce palais, d'où il ne revint plus.

Ycâm, qui avait prévu le déluge, n'en avait pas prévu l'époque; car ce ne fut qu'au douzième règne après le sien, c'est-à-dire sous Pharán, que le cataclysme universel s'accomplit. C'est à Pharán que les Coptes attribuent leur djefr, livre des annales primitives sont consignés tous les grands événements qui doivent survenir dans ce monde jusqu'à la fin des siècles.

§ II. L'Égypte après le déluge. — Nayçar ; Misr et ses frères. Du nom de Kibt ou Coptes.

Le prophète Noé demanda à Dieu d'accor der à ses quatre fils, Sam, Ham, Yáfith et Yakhtoum, et à leurs descendants, toute sorte de biens et de prospérités; et Dieu promit d'exaucer ses vœux.

Un matin, avant l'aube, Noé appela ses fils encore endormis. Sâm (Sem) répondit d'abord seul à son père; Sâm appela en même temps ses fils, et Arfaxad seul vint à lui. Ils se rendirent tous deux auprès de Noé, et le vieux prophète, posant sa main droite sur Sâm et sa main gauche sur Arfaxad, pria Dieu de répandre ses bénédictions sur Sâm, et d'accorder à la postérité d'Arfaxad la puissance et le don de prophétie.

Puis, Noé appela Hâm ( Châm ). Hâm se retourna dans son lit, sur l'une et l'autre oreille, et ne répondit pas. Les deux autres fils de Noé firent de même. Alors le vieux prophète pria Dieu d'humilier ces fils indociles et de les soumettre à l'autorité de Sâm, leur frère.

Cependant Misr, fils de Nayçar, était auprès de son grand-père Hâm; ayant entendu le vœu que venait de prononcer Noé contre Ham et les enfants de Hâm, il dit au prophète : « Mon père, me voilà! j'accours et me << rends à ta voix. Puisque mon-grand père ni << aucun de ses fils ne t'a répondu, adresse à « Dieu pour moi les vœux que tu voulais « faire pour eux. »

Noé fut transporté de joie, et étendant la main sur la tête de Misr : « Entends mes << vœux, dit-il, Seigneur; bénis cet enfant et sa

postérité; donne à Misr pour demeure une << terre de bonheur, la mère des terres du

<< monde, le trésor des biens de tes serviteurs, <<< la terre dont le fleuve est le plus noble et le plus généreux des fleuves; répands sur ce sol << tes plus bienfaisantes faveurs; soumets << ses campagnes à la discrétion et aux désirs << de Misr et de ses descendants; établis-les «< forts et puissants dans cette vallée de grâ

«< ces. >>

Kanaán était l'aîné des fils de Hâm. Déjà Hâm, gourmandé dans l'arche, par son père, pour avoir cohabité avec sa femme, était devenu noir, en punition de sa désobéissance à l'ordre du prophète; il fut le père des Nègres et des Éthiopiens. Son fils Kouch fut le père des Sind et des Indiens; Coût, frère de Kouch, fut le père des Berbères; enfin, Nayçar, le plus jeune des trois, fut, comme nous l'avons dit, la souche des Coptes ou Égyptiens.

Lorsque les familles humaines se dispersèrent après le déluge, Nayçar vint se fixer en Égypte avec vingt-six personnes et ses quatre fils, Misr, Fárek, Bádj et Mádj, tous mariés. Ce fut ce qu'on appela les Máfeh, mot égyptien qui signifie les Trente.

Cette petite colonie s'établit d'abord au pied du Mocattam et s'y creusa des retraites souterraines. Quelque temps après, Misr ou Misraim fonda la première ville qui, depuis le déluge, s'éleva sur la terre d'Égypte : ce fut Menf (Memphis). Il avait alors succédé à son père, et il donna une seconde fois à tout le pays le nom de Misr, qui fut conservé (1). Misraïm habita Menf avec ses quatre fils, Kibt, Achmoun, Alrib et Sd. Kibt est encore appelé Kibtim, Kiftim, Kobt et Koft.

Dès que Nayçar fut mort, Fårek, Måh et Bâh dirent à leur frère aîné: « Nous re«< connaissons que tu nous es supérieur et que << la terre de Misr ( l'Égypte ) t'a été donnée << par notre aïeul Noé; mais nos familles sont « maintenant nombreuses, et nous ne pouvons

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plus guère rester ici sans te devenir à charge. Veuille nous bénir et nous désigner pour de<< meures des terres qui nous suffisent à nous « et à nos enfants. » — « Volontiers, répon« dit Misraïm. Mais restez aussi près de nous « qu'il sera possible. » Et Misraïm se désigna, pour domaine, l'espace compris depuis ElArtch jusqu'à Assouân, en longueur, et depuis le Barcah jusqu'à Aïlah, en largeur. Fårek prit pour séjour le Barcah jusqu'aux limites occidentales de l'ancienne Africa, ce qui comprenait une étendue d'un mois de voyage. Mâh choisit l'espace qui s'étend depuis les frontières syriennes de l'Égypte jusque vers la Babylonie, c'est-à-dire une étendue aussi d'un mois de voyage; Mâh fut ainsi le père des Kibt ou Coptes syriens. Bâh eut les terres au delà du fleuve de la Babylonie, du côté de l'orient et

(1) De là aussi le nom de Mesrée, ou Mestrée.

du midi, de manière à avoir aussi une étendue de pays d'un mois de trajet. Bah fut le père des Coptes de l'Irâc.

Ensuite Misr donna à chacun de ses fils une division de l'Égypte : à Kibt fut assigné le territoire appelé plus tard Coptos, c'est-à-dire depuis Assouân jusqu'au territoire d'Achmoûn, des deux côtés du Nil. Achmoun eut tout l'espace suivant, au sud, jusqu'à Menf, à l'est et à l'ouest du Nil; et il donna son nom à cet espace. Atrib reçut pour lot l'étendue des terres comprises entre Meuf et le territoire de Sâ ou Saïs. Enfin Sâ eut en partage la portion inférieure de l'Égypte, depuis et y compris le territoire de Saïs jusqu'à Racoûdeh, qui fut par la suite Alexandrie.

Ainsi l'Égypte fut divisée originairement en quatre provinces, deux pour la Haute-Égypte, et deux pour la Mestrée ou Basse-Égypte.

Misr mourut peu de temps après avoir partagé l'Égypte à ses fils. Il fut inhumé à DeirAbou-Hermès (chapelle ou celle du père d'Hermès).

Ses quatre fils Kibt, Achmoûn, Atrib et Sa se rendirent alors de Menf auprès des Pyramides, et là ils convinrent que celui d'entre eux qui serait vainqueur serait reconnu souverain. La lutte commença entre Achmoûn et Atrib. Achmoun, vainqueur d'abord, fut ensuite vaincu par Så. Så le fut à son tour par Kibt, le plus jeune des quatre. Celui-ci fut en conséquence proclamé roi, et rentra en triomphe à Menf.

C'est le nom de ce Kibt que les Arabes donnent pour origine à celui des Coptes. Malgré l'opposition de plusieurs savants, il pourrait bien en être ainsi, et les Grecs auraient fort bien pu forner de ce nom leur mot Αἴγυπτος, dont les Latins ont fait Ægyptus, et nous, Égypte.

D'ailleurs, ce nom, écrit en lettres arabes, et qu'on articule généralement en Égypte, au Maghreb et en Syrie, par le son que représentent les lettres françaises Kibt, se prononçait par les Arabes Hidjâziens, qui conquirent l'Égypte, par le son Guibt; c'est encore aujourd'hui la vraie prononciation dans tout le Hedjâz, et elle se retrouve très-souvent aussi en Égypte et en Barbarie.

La majorité des savants qui ont examiné cette question d'étymologie estiment que le nom de Copte n'a commencé à être employé pour désigner les chrétiens d'Égypte que dans les premiers temps de l'invasion musulmane. Cela est vrai si on veut considérer ce nom comme la corruption du mot Αἴγυπτος, faite ou au moins vulgarisée par les Arabes. Toutefois, Mahomet lui-même, comme nous le dirons bientôt, aurait fait entendre le premier aux Arabes le nom de Guibt, bien avant la conquête de l'Égypte, lorsqu'il prédit à ses

musulmans (si véritablement sa prédiction est authentique) qu'ils deviendraient maîtres de l'Égypte, et que les Guibt seraient leur ressource et leur appui.

Quant aux Coptes Jacobites proprement dits, les auteurs arabes les distinguent par le nom correspondant Yacoubiin. Les Coptes prétendus orthodoxes sont désignés par le terme de Mélikites, en arabe Mélikiin, c'est-àdire Royaux. Le nom de Kibt, Guibt, chez les Arabes, est général et embrasse les uns et les autres, les Égyptiens anciens et les Égyptiens modernes, avant ou après le christianisme et l'islamisme. En outre, le nom de Copte est, pour les Arabes, un nom de réprouvé, et aujourd'hui comme autrefois, c'est le synonyme de chrétien. Toutefois les Kibt du Saïd ou de la Thébaïde, d'après Macryzy, se nommaient autrefois Mérys, et ceux de la Mestrée ou Basse-Égypte, se nommaient Byma. La dénomination Mérys désignait aussi le tiers septentrional de la Nubie, à partir de l'île de Philé inclusivement.

§ III. Conversion de l'antique Égypte. Quelques pharaons.

Déjà à l'époque où Abraham était en Égypte nombre de Guibt ou Égyptiens crurent au vrai Dieu et à la puissance souveraine et infinie de ce Dieu, c'est-à-dire à l'islamisme. Les œuvres et les paroles de Joseph amenèrent d'autres conversions encore; enfin, par les prodiges de la baguette de Moïse, des prêtres, une foule immense de peuple, et cent qua. rante mille deux cent cinquante-deux magiciens et sorciers du pharaon Zhalma, se convertirent aussi; et, malgré les menaces et les supplices, pas un d'entre eux ne renonça à sa nouvelle foi.

Cependant les conséquences de ces conversions furent sans durée. L'idolâtrie resta; elle avait, depuis les premiers règnes qui suivirent celui de Misr, établi son siége dans l'antique Menf ou Menouf (Memphis), et l'étude, les progrès de la magie aidèrent encore à la perte de la vraie foi. Cette science avait été apportée du ciel, sous le pharaon Adym.

Cet Adym, de gigantesque stature, était fils de Boudsyr, fils de Kaftarim, fils de Kibt. De son temps, il y avait en Égypte deux anges descendus du ciel, qui habitaient le puits d'Iftawah et enseignaient la magie. Adym fut leur élève, et devint d'une science et d'une habileté magique extraordinaires.

Il bâtit quatre grandes villes, qu'il enrichit d'œuvres merveilleuses, et où il déposa d'immenses trésors, qu'il mit sous la garde de génies. Au delà des limites orientales de l'Égypte, il éleva une tour sur laquelle il dressa une statue dont la main étendue ordonnait aux sables de s'arrêter là. Déjà, au pied

des grandes pyramides de Gizeh, on avait, dès avant le déluge, placé une idole appelée Belhouyeh, ou, selon d'autres, Belhyt, dont la puissance talismanique arrêtait également l'invasion des sables sur les terres labourables de toute la contrée environnante (1).

Adym gouverna l'Égypte pendant cent quarante ans, et mourut à l'âge de sept cent

trente ans.

Cheddat ou Chezzáb, son fils, bâtit aussi plusieurs villes, et y éleva de merveilleuses idoles que des génies gardaient et faisaient agir.

Moutéfdhech, autre pharaon, se rendit également célèbre par ses idoles enchantées; mais celui qui acquit le plus de renom par sa science et ses œuvres de magie, fut Kelken, fils de Mandwech. Il construisit dans le désert, du côté de l'ouest, la ville de Cantar, où il bâtit un temple à quatre portes, dont les mon. tants se continuaient en colonnes dépassant la hauteur générale du temple, et portant chacune une figure d'homme. Ces figures conversaient entre elles deux à deux, et prédisaient. les événements du jour. Au-dessus de chaque porte était l'image d'un prêtre, tenant à la main un traité de science.

Marcoúnis fut encore un des plus célèbres pharaons. Il aimait l'astronomie, l'astrologie, les sciences et la sagesse. Mais le plus vanté pour son savoir magique fut ce Kelken dont nous venons déjà de citer le nom. Il gouvernait l'Égypte lorsque Nemrod gouvernait la Babylonie. Nemrod pria Kelken de venir le voir. Le pharaon partit. Il arriva chez le Babylonien avec un cortége de figures fantas magoriques effrayantes, monté sur quatre chevaux ailés entourés de feux. Kelken avait en bandoulière un gros serpent qui se continuait en ceinture autour des flancs de sa Majesté. Le terrible reptile se tenait la gueule béante; le roi avait à la main une baguette de myrte vert; et si le serpent s'avisait de remuer la tête, le pharaon lui donnait un coup de baguette sur le nez.

A l'aspect de ce singulier appareil, Nemrod parut effrayé et fit compliment au pharaon de sa puissance et de son savoir magique.

Les Kibt racontent, dans leurs livres, que Kelken s'enlevait dans les airs, se posait sur la pyramide de l'ouest, y restait plusieurs jours sans boire ni manger. Enfin une fois il disparut pendant assez longtemps. On le crut mort. Alors un certain Sâdoum, roi du Maghreb, marcha en armes contre l'Égypte et vint camper dans la vallée du Natron. Kelken fit élever un grand nuage ardent sur les

(1) On sait que l'idée indiquée ici par les auteurs arabes comme tradition reçue des Coptes a été développée scientifiquement dans le curieux ouvrage de M. de Persigny sur la destination des pyramides.

Maghrébins, et pendant plusieurs jours ils ne surent plus où ils étaient. Kelken reparut dans sa capitale, ordonna au peuple d'aller à la recherche de l'ennemi. La foule partit et trouva tout mort, hommes, chevaux et bêtes de charge. Pour rendre hommage à une si haute science, on écrivit le nom de Kelken sur tous les temples de l'Égypte.

:

Les Arabes parlent aussi des deux Hermès, le grand et le petit, et leur rapportent les principes de toutes les sciences et de tous les arts qui illustrèrent l'Égypte ancienne. lls parlent encore des hypogées, des temples, où, soit en réalité, soit en figures tracées, on retrouve, disent-ils, une foule d'ustensiles et d'instruments des appareils à porphyriser, à 'broyer, à piler, à distiller, à décomposer et composer les corps; car l'alchimie, ou le grand-œuvre, faisait partie des possessions scientifiques des vieilles époques pharaoniennes. Les magiciens, prêtres ou rois, fabriquaient l'or en masses et à discrétion. La preuve en est dans le nombre extraordinaire de statues, de figures, d'ornements sacrés ou profanes, qu'ils fabriquaient en or plein ou en or creux, en pierre ou en bois doré. Ils avaient même un or noir, sorte de composé précieux dont le secret est perdu.

S IV. Culte, sciences des anciens Kibt.
Prêtres, devins, conseillers.

Les Kibt donnaient environ 36,000 ans d'âge au monde. Mais après leur conversion au christianisme, ils se fixèrent une ère nouvelle et la commencèrent à l'époque de Dioclétien, comme époque rattachée à la terrible persécution qui prit le nom de cet empereur, et qui fut la dixième grande persécution dirigée par le paganisme de Rome contre les sectateurs de Jésus.

Les Kibt étaient primitivement idolâtres. Ils adoraient les astres, leur offraient des sacrifices, leur élevaient des statues. Ce fut sous Kaftarim, fils de Kibtim, et quatrième arrière-petit-fils de Noé, que l'idolâtrie s'établit en Égypte. Lediable lui-même déterra et montra aux Égyptiens les idoles qu'avait englouties le déluge, et leur conseilla de les adorer. Le premier qui se déclara prêtre et devin fut Boudsyr, fils de Kaftarim. Quelque temps après lui, Ménâouech, fils de Mencâouech, établit le culte du bœuf.

Les dieux et les idoles se multiplièrent rapidement, et des contrées éloignées on affluait en pèlerinage aux temples de l'Égypte. Les sages, les philosophes, les savants des nations étrangères, venaient y consulter et admirer la science des prêtres, étudier l'architecture, l'astronomie, la divination, la médecine, les mathématiques, la physique, l'alchimie, la cosmogonie.

Les Egyptiens avaient trois sortes d'écriture:

la démotique, l'hiératique, et la royale ou hieroglyphique.

La première étude des prêtres était l'astronomie. C'était des astres 'qu'ils prétendaient recevoir leurs inspirations, leur savoir, leur science de l'avenir, la puissance talismanique, la connaissance des mystères et des lois de l'univers. Ils élevèrent d'immenses monuments et gravèrent sur leurs murs les principes de leurs sciences. Ce furent eux encore qui imaginèrent ces constructions talismaniques, dont la vertu merveilleuse protégeait le pays contre les armes et l'ambition des nations ennemies, contre les éléments euxmêmes.

Ils avaient le secret de l'alchimie, et obtenaient l'or par le moyen du soufre rouge, substance, hélas! depuis longtemps perdue. Si l'on en croit les écrits des musulmans, on a trouvé d'immenses trésors d'or, et souvent de l'or ensorcelé, c'est-à-dire, habité, pénétré, par des lutins, des génies ou des diables. Les récits de ces trouvailles sont nombreux, et une foule d'avides amateurs ont payé de leur vie leurs recherches.

Jadis l'Égypte était divisée en 85 districts, 45 pour la Mestrée et 40 pour la Thébaïde; chaque district avait son Grand-Prêtre, chef des autres prêtres ou devins de la circonscription.

Celui qui s'appliquait pendant sept années à l'étude contemplative des sept planètes recevait le titre d'Excellent ou Pontife; celui qui passait quarante-neuf ans à cette contem. plation, à cette étude recueillie et pieuse, sept ans par planète, recevait le titre de Distillant ou Grand Hierophante.

Chaque matin, le Grand-Hiérophante allait chez le roi. Dès qu'il entrait, le roi se levait par respect, et le faisait asseoir près de lui. Les prêtres qui composaient le sacré collége de l'Hiérophante le suivaient au palais, accompagnés de leurs acolytes, devins et hommes d'arts. Ces prêtres étaient consacrés au culte et à la contemplation, les uns d'une planète, les autres d'une autre; et, à cause de cela, ils étaient désignés, d'après la planète à laquelle ils étaient dévoués, par les noms de : serviteurs de la Lune, serviteurs de Mercure, serviteurs de Vénus, serviteurs du Soleil, serviteurs de Mars, de Jupiter, de Saturne.

L'Hiérophante, en présence du roi, interrogeait son collége. Un prêtre de chaque série était questionné à tour de rôle sur la position et l'état de sa planète; et d'après les réponses faites, l'Hiérophante raisonnait et combinait les avis et les conseils qu'il avait à donner au roi pour tous les actes du jour, même les actes les plus minutieux. Un secrétaire tenait note de toutes les prescriptions.

Ensuite l'Hiérophante emmenait tous ses hommes au laboratoire des études, et leur faisait exécuter les travaux conformes aux indications d'influences favorables des planètes pour ce jour-là. On en consignait par écrit les résultats, et l'on en déposait le procès-verbal dans les archives royales.

Lorsque le prince avait projeté quelque entreprise, quelque acte d'importance, il consultait le collége pour l'exécution. Alors les membres du collége se rassemblaient hors de Menf, puis tous, à cheval et en grande pompe, rentraient dans la ville et se rendaient au palais. Le roi leur communiquait son projet; on délibérait, discutait, examinait, jusqu'à conclusion définitive.

Cet état de choses dura jusqu'à l'époque de l'invasion et de la conquête de l'Egypte par les Amalécites (probablement par les Perses de Cambyse). De ce moment, l'Égypte, toujours de plus en plus agitée, perdit peu à peu son antique savoir et sa splendeur première, jusqu'au temps où elle adopta la religion chrétienne.

Je ne parlerai pas de l'époque de la domination des Ptolémées et de la domination romaine. Les Arabes n'ont que peu de données sur ces deux phases de l'histoire des Kibt. Seulement ils ont gardé en profonde vénération le nom de Batleymous (Ptolémée), comme résumant en lui toute la science de la période des successeurs d'Alexandre en Égypte. Vient ensuite, à la fin de cette période, le nom de Cléobátra (Cléopâtre ), représentant l'art qui donna à Alexandrie plusieurs monuments et accomplit de grands travaux. La domination romaine n'est guère racontée dans cette histoire que comme une époque de transition, dont les Arabes ont peu de souvenirs écrits.

S V. Apparition du christianisme en Égypte. Patriarcat d'Alexandrie. Persécutions. Ère copte.

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Jésus-Christ avait quitté la terre; suivant les récits arabes, il avait été entraîné par les Juifs sur le calvaire; mais au moment où on l'avait approché de la croix, Dieu l'avait enlevé au ciel, en laissant entre les mains des Juifs un homme parfaitement semblable à lui. C'était à la sixième heure du jour, le vendredi 15 yanâris (janvier) correspondant au 19 barmahât, mois copte, 15 azâr, mois grec, et 17 zou-l-kådeh, mois arabe.

Les apôtres allèrent faire leur pèlerinage à la Mekke car le christianisme, d'après les dires musulmans, n'est que l'islamisme imparfait; puis ils se dispersèrent et allèrent chez les différentes nations prêcher la révélation de Jésus.

L'apôtre saint Marc, qui savait l'hébreu, le

grec et le latin, écrivit son évangile en latin, douze ans après la disparition de Jésus; Marc était alors à Rome avec saint Paul. Ensuite il alla prêcher en Égypte, en Nubie et en Abyssinie, et sa parole fut féconde en conversions. A son retour à Alexandrie, en 65 de l'ère chrétienne, il y fonda un patriarcat et le confia à Handnya. Marc lui adjoignit un chapitre composé de douze prêtres, et établit comme règle que lorsque le patriarche mourrait son successeur ne serait choisi que dans ce chapitre, et que le prêtre devenu patriarche serait immédiatement remplacé au chapitre par un chrétien. Ce clergé alexandrin fut porté par la suite jusqu'à 328 prêtres. Le patriarcat d'Alexandrie fut un des quatre grands siéges chrétiens ou patriarcats, avec ceux de Rome, d'Antioche et de Jérusalem.

Dès le principe, le patriarche d'Alexandrie, appelé Pápa, fut le chef de tous les chrétiens d'Égypte. Ce ne fut que sous Démétrius, le douzième patriarche, que les évêques furent créés; ils ne se multiplièrent en Egypte que sous le patriarcat d'Héraclius. Les évêques donnèrent d'abord au patriarche le titre de Père; ensuite la foule des chrétiens appliqua plus spécialement ce titre aux évêques, et réserva exclusivement au patriarche d'Alexandrie celui de Pápa, c'est-à-dire Père des pères.

Hananya ou Anyânous gouverna l'Église d'Égypte pendant vingt-deux ans, et mourut en 87 de l'ère chrétienne. Il eut pour successeur Miniou (Euménius), qui fut chargé du patriarcat pendant douze ans et neuf mois. Ce fut pendant cet intervalle que les Juifs, toujours selon les récits arabes, persécutèrent les chrétiens et les chassèrent de Jérusalem : peu après, Jérusalem fut ruinée par Titus.

Le christianisme avait déjà fait de grands progrès en Égypte, lorsque sévirent, au commencement du deuxième siècle de l'Église, les persécutions de Trajan et de Marc-Aurèle. A celle de Marc-Aurèle, qui fut la quatrième grande persécution, le siége patriarcal d'Alexandrie était occupé par Clotianous (Claudianus). A ce dernier succéda Youlidnous, qui cut pour successeur Démétrious, paysan ignorant, ne sachant ni lire ni écrire. Du temps de celui-ci, sévit la cinquième grande persécution, ordonnée par l'empereur Sévère. Sévère vint en Égypte, fit égorger un grand nombre de chrétiens, ruina les églises, et construisit à Alexandrie un temple aux idoles païennes. De plus, il fit enlever des temples kibt tout ce qu'il y trouva de livres sur les sciences occultes.

Sous le patriarcat de Théoclée, éclata la sixième grande persécution, celle de Maximin. L'empereur Philippe laissa quelque repos aux chrétiens. Ce fut sous son règne que saint

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