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Pour l'administration, le Danemark est divisé en grands bailliages, dont le nombre répond à celui des diocèses; les duchés sont administrés par des gouverneurs généraux; ces fonctionnaires ont sous eux des baillis, etc. La justice est rendue par des tribunaux de différents degrés; il y a des cours supérieures : Copenhague, pour les îles de la Baltique; Viborg (Jutland); Gottorp (Slesvig); Gluckstadt (Holstein et Lauenbourg); la cour su prême siége à Copenhague. Les lois danoises ont pour but principal, dans les affaires civiles, de terminer les procès dans le plus bref délai possible.

Les revenus de l'État s'élèvent à 24,000,000 de fr., et les dépenses à peu près à la même somme. La dette publique est de plus de 100,000,000. L'armée de terre est de 40,000 hommes les levées annuelles pèsent surtout sur les babitants des campagnes. La marine se compose d'un petit nombre de vaisseaux de ligne, de quelques frégates et de plusieurs bâtiments de guerre de moindre grandeur.

On compte en Danemark 131 villes et bourgs, et 2,103 paroisses.

COPENHAGUE, capitale du royaume, est située sur la côte orientale de Seeland (Sielland). Nous avons consacré à cette ville un article spécial. (Voy. COPENHAGUE.)

ELSENEUR (Voyez ce mot) est la seconde ville du Danemark.

ROESKILD, au fond d'une baie profonde du Cattegat, ville déchue de son ancienne splendeur; son église cathédrale renferme les tombeaux des rois de Danemark (2,000 habitants).

ODENSE, capitale de Fionie (Fyen), au milieu de l'île, sur les bords d'un lac, a une école normale, et des fabriques de gants, des tanneries et des brasseries (8,000 habitants).

AALBORG, dans le nord du Jutland (Jylland), sur le Liimfiord, à quatre lieues du Cattegat, est très-vivante; son aspect rappelle celui des villes de Hollande. Il y a des fabriques de soieries et de gants, des manufactures de tabac, des raffineries de sucre, des distilleries d'eau-de-vie; Aalborg envoie à la pêche du hareng dans le Cattegat (6,000 habitants). Viborg, capitale du Jutland, sur le Lavaniid, a une école normale et des fabriques de draps. Il s'y tient une foire annuelle très-fréquentée (4,000 habitants). Aarhuus, port sur la baie de Kaloe, fait un gros commerce en grains (6,000 habitants). Colding, sur un golfe du Petit-Belt, est le port où l'on s'embarque pour passer en Fionie. Ringkiæbing, sur la côte occidentale, fait un grand commerce en poisson, laine, peaux et grains (4,000 habitants).

Dans le Slesvig: AAENRADE, sur un golfe de la Baltique, est assez commerçante (3,000

hab.). C'est dans cette ville que l'allemand commence à être en usage. Au nord et à l'ouest on trouve un mélange de toutes les langues usitées en Danemark. Flensbourg, sur une baie de la Baltique, a des raffineries de sucre, des manufactures de toiles à voile et de tabac, et des distilleries (15,000 hab.). Slesvig, sur la baie de Slie, capitale du duché, a une école de sourds-muets, des fabriques de lainages, de toiles fines, de faïence, de poterie (7,000 hab.). Dans une île voisine est le château de Gottorp, résidence du gouverneur. Entre Flensbourg et Slesvig s'étend l'Anglie, canton gras et fertile, d'où sortirent les conquérants de la Grande-Bretagne. Fredrikstad, sur l'Eyder, a des fabriques de soieries et de cotounades; il s'y tient un marché aux chevaux très important (3,000 hab.).

Dans le Holstein: KIEL, sur un golfe de la Baltique, est célèbre par son université; il s'y tient une foire très-fréquentée. C'est de son port que partent les paquebots et les bateaux à vapeur pour Copenhague. Gluckstadt, sur l'Elbe, à l'embouchure de la Brame, dans un capton dépourvu d'eau douce, a un port commode, d'où l'on fait des expéditions pour la pêche de la baleine (5,200 hab.). Altona (Voyez ce mot), sur l'Elbe, à un quart de lieue à l'ouest de Hambourg, est la ville du Danemark la plus commerçante après Copenhague; on y compte 24,000 hab.

Le Danemark possède, dans la mer du Nord, l'archipel des FEROEER, composé de vingt-cinq îles, dont dix-sept sont habitées. Ce groupe est coupé par le 161° 47' de longitude nord et le 9° degré de longitude occidentale. Stromæ est la plus grande de ces îles; ce sont des rochers de formation primitive, recouverts d'un peu de terre végétale; plusieurs des plus petites servent de pâturages. A Nolsæe on a trouvé du cuivre; mais le minerai était peu riche. Ailleurs on exploite avec succès de la houille et de la tourbe. Le Skalingsfield, la plus haute montagne de l'île de Stromo, a deux mille quarante pieds au-dessus du niveau de la mer.

Le climat de ces îles est assez tempéré, mais très-humide; les vents y soufflent avec tant de violence, qu'ils emportent quelquefois la couche de terre. L'orge et les plantes potagères ne peuvent croître que dans les lieux abrités. On élève dans ces îles du bétail et surtout des moutons, dont cet archipel a reçu son

nom.

On compte dans les Færcer cinq mille trois cents habitants, qui parlent, l'ancien dialecte norvégien. Ils sont bons marins, et vont à la pêche de la morue, du phoque et de la baleine; ils tricotent des bonnets et des gants de laine. La mer jette sur ces îles beaucoup de bois flotté. Le commerce consiste en poisson,

édredon, huile de poisson, etc. Thorshavn est le port principal et l'entrepôt de ces îles.

Dans les régions arctiques de l'Amérique, le Danemark possède l'Islande et le Groënland; dans les Antilles, les iles de SaintThomas, Sainte-Croix et Saint-Jean; dans les Indes orientales, Trankebar, sur la côte de Coromandel; en Afrique, Christiansbourg, sur la Côte-d'Or.

Thaarup, Statistique du Danemark ( en danois), extraite par Cakteau, dans le tableau des États danois.

Geographie over Kongeriget Dannemark af Juul, Kiobenhavn, 1817.

Voyage en Norwege et en Laponie, par L. de Buch, trad. par J.-B. Eyriès.

EYRIES.

DANEMARK. (Histoire.) Le Danemark, habité dans l'antiquité par des peuples guerriers qui n'ont laissé que peu de souvenirs, et dont les Cimbres et les Teutons sont regardés comme ayant fait partie, le Danemark eut longtemps une foule de petits rois qui ré gnaient dans le Jutland, la Scanie et les îles danoises, sous la suzeraineté d'un roi suprême. Tous ces souverains s'appelaient Wikings (rois de la mer), et la guerre était leur constante occupation. Ils se combattaient les uns les autres, toutes les fois qu'une grande expédition maritime ne les réunissait pas pour un but commun. Vers l'an 625, IwarWidfamme soumit tous ces petits princes et même les rois d'Upsala. Son petit-fils Harald Hildetand fit la guerre au Suédois Sigurd Ring. Gorm le Vieux, qui régna en 855, réunit encore une fois les divers États de l'ancienne monarchie de Seihra. Ce prince, ayant mis fin au royaume de Jutie, s'efforça d'extirper de cette contrée le culte de l'Évangile, que Harald Klak, un des rois du pays, y avait rapporté, après s'être fait baptiser à Ingelheim en 726, sous les yeux de Louis le Débonnaire. C'est après Gorm que l'histoire du Danemark sort des ténèbres, et que la chronologie des rois danois commence à se développer, sans interruption.

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935. Harald II, dit Blaatand ou à la dent bleue, succéda à Gorm, son père. Il continua sa politique, et considérant l'introduction du christianisme, ainsi que l'avaient déjà fait les Saxons au temps de Charlemagne, comme un moyen employé par les empereurs allemands pour étendre leur suzeraineté sur le Danemark, il persécuta les prêtres et essaya d'éloigner les Allemands de ses frontières, en ravageant le margraviat de Sleswick; mais, vaincu par Othon le Grand, il fut contraint, pour obtenir la paix, de recevoir le baptême avec tout son peuple. Harald vint par deux fois en France au secours de Richard, duc de Normandie, et alla par deux fois en Norwége apaiser les guerres civiles et maintenir

ou mettre sur le trône le possesseur légitime. Vers la fin de sa vie, son fils Suénon se révolta contre lui. Chassé de ses États, Harald se réfugia en Normandie, et le duc Richard lui fournit des secours qui le rétablirent à la tête de son royaume. Mais Suénon se révolta une seconde fois, et un de ses alliés tua Harald dans un combat.

985. Suénon ler, dit Tinkesbeg ou à la barbe fourchue, régna après Harald. Depuis longtemps, les Danois faisaient de fréquentes descentes en Angleterre. Vers l'an 1000, l'Angleterre, bien que réunie sous un seul chef, se trouvait dans un état de faiblesse et de décadence qui enhardit les pirates. Les sommes énormes dont on paya d'abord leur retraite, puis le massacre général des Danois établis dans le pays (1003), poussèrent Suénon à faire de grands préparatifs, et à tenter une grande entreprise. Son armée s'embarqua, arriva dans le pays, et s'en empara sans trouver la moindre résistance; en peu de jours, toutes les provinces du sud-est de l'Angleterre étaient conquises. Le roi Ethelred essaya en vain d'acheter le départ des Danois à prix d'argent. Ils restèrent, et les provinces du cen⚫ tre et de l'ouest mirent fin à leurs ravages en proclamant Suénon roi de toute l'Angleterre (1013). Quelques années auparavant, il avait fait, avec le roi de Suède Olof, la conquête de la Norwége, et avait partagé ce pays à trois comtes.

1014. Canut II, le Grand, succéda à Suénon en Angleterre; le royaume de Danemark était destiné par la volonté paternelle à Harald, second fils de Suénon; mais Canut accourut dans ce dernier pays, et s'en empara avant que son frère en eût pris possession : après quoi il retourna en Angleterre, dont il s'occupa toujours beaucoup plus que du reste de ses États. Cependant, il encouragea en Danemark l'agriculture, l'industrie, et s'efforça de substituer les habitudes pacifiques du commerce à l'esprit de piraterie qui régnait encore parmi ses sujets. Les prêtres chrétiens qu'il favorisa et qu'il enrichit, les évêques qu'il établit en Fionie, en Seelande et en Scanie, secondèrent ses efforts, et la puissance que lui donnèrent les trois couronnes d'Angleterre, de Danemark et de Norwége en assura l'efficacité. En effet, il s'était emparé de ce dernier royaume en 1028, après en avoir chassé Olaüs. En 1027 il avait accompli un célèbre pèlerinage à Rome. Vers la fin de son règne, il joignit à ses États le margraviat de Sleswick, que lui céda l'empereur Conrad II.

1036. Canut III, dit Hardi-Canut, que son frère s'était associé en Danemark depuis 1029, ne sut pas conserver les conquêtes faites sous le règne précédent. L'année même de son avénement, la Norwége se déclara indépen

dante, et l'Angleterre lui aurait également échappé si sa mort prématurée n'eût prévenu une revolte générale.

1042. Magnus le Bon, fils d'Olaüs, roi de Norwége, devint le successeur de Hardi Canut, en vertu d'un traité qu'ils avaient fait entre eux. Il eut à combattre les attaques des Vandales, qu'il défit complétement, et les prétentions de Suénon, neveu de Canut le Grand. Suénon revint jusqu'à trois fois en Danemark, et trois fois fut obligé de se retirer en Suède. Magnus, à son lit de mort, eut la générosité de désigner pour son successeur celui-là même qui l'avait combattu avec tant d'acharnement.

1047. Suénon II commença la dynastie des Estritides. Il soutint contre Harald, roi de Norwége, une longue guerre qui se termina par une paix solide en 1064. Son long règne ne fut marqué d'ailleurs que par les accroissements excessifs que prit, grâce à sa faiblesse, le pouvoir du clergé. Excommunié par l'archevêque de Brême, Adalbert, et par le pape, à cause de son mariage avec une princesse de Suède, sa parente, il se soumit au divorce, mais se déshonora dès lors par une conduite déréglée. En 1047 il fit obtenir à son gendre Gottschalk, avec le secours du duc de Saxe, Bernard, le royaume des Vendes ou de Slavonie. En 1065 il fonda les évêchés de Sund, de Dalby, de Viborg et de Borglund, sans pouvoir cependant gagner assez la faveur du clergé pour n'avoir pas à redouter une nouvelle excommunication dont le frappa l'évêque de Roskild, à raison de quelques violences commises dans une église. Quelque temps avant sa mort, il essaya en vain de reconquérir l'Angleterre, cette riche proie réservée au duc de Normandie.

Cinq des treize bâtards que laissa Suénon occupèrent après lui le tróne de Danemark.

1077. Harald III fut un prince pacifique. Il abrogea plusieurs lois barbares, et substitua le serment aux épreuves et au jugement de Dieu.

1080. Canut IV fut un roi dévot. Il fit la guerre aux païens de Livonie, et ajouta cette province au Danemark. Mais il poussa si loin la partialité en faveur des prêtres, que ses sujets se révoltèrent contre lui. Il se réfugia dans l'église d'Odensée, et là fut égorgé par les rebelles.

1086. Olaüs IV était prisonnier chez le comte de Flandre, lorsqu'il fut élu pour remplacer Canut. Son frère Nicolas alla le déliyer, en se constituant prisonnier à sa place, lui et les seigneurs de sa suite. Mais l'ingrat Olaüs, une fois roi, oublia de payer la rançon stipulée, et laissa captifs ceux qui l'avaient délivré. Le Danemark fut désolé pendant son règne par une famine qui dura sept ans.

1095. Éric Ier était l'homme le plus fort et le plus instruit de son royaume. Il combattit les Vandales, les défit, et prit Wolhin, leur principale ville. Il réprima les pirateries qui se commettaient dans ses États, et obtint de la reconnaissance et de l'admiration de ses sujets le surnom d'Éyegod, c'est-à-dire le Meilleur. << Il vécut avec son peuple,» dit une ancienne chronique, «< comme un père avec ses enfants, << et personne ne le quittait sans consolation. >>> Il mourut en Chypre (1103), après un règne de sept ans, pendant un pèlerinage qu'il fit à la terre sainte; et sa mort fut le sigual des troubles qui désolèrent le Danemark.

1105. Nicolas remplaça son frère après deux ans d'interrègne. Ses neveux Henri, prince des Vandales, et Harald, fils d'Eric ler, lui déclarèrent la guerre. Mais Canut, un autre de ses neveux, prit son parti, réprima les rebelles, et rétablit la tranquillité dans le Danemark. Les services de Canut excitèrent le jalousie de Magnus, fils de Nicolas, qui l'accusa vainement de haute trahison, et finit par l'assassiner de sa propre main. Eric, frère de Canut, se mit en devoir de venger sa mort. Nicolas, ayant été vaincu dans une bataille où périt son fils Maguus, se réfugia dans le duché de Sleswick, et y fut massacré par les habitants.

1135. Éric II, déjà maître de la plus grande partie du Danemark, fut alors reconnu roi. Il fit tuer son frère Harald, avec onze des fils de celui-ci. Il força les Vandales à embrasser la religion chrétienne. Il rendait la justice avec sagesse et impartialité. Impuni pour ses crimes, il dut la mort à ses vertus. Un seigneur du Jutland, qu'il avait justement condamné, le tua d'un coup de lance au milieu de l'assemblée des États.

1137. Eric III, petit-fils, par sa mère, d'Éric Ier, eut à combattre les prétentions d'Olaüs, fils d'Harald. Celui-ci fut vaincu et tué en 1143. Éric réussit moins bien contre les Vandales, dont les pirateries désolaient son royaume. Il abdiqua après dix ans de règne, et se retira dans un monastère.

1147. Suénon III et Canut V. Suénon, fils naturel du précédent, fut élu roi après lui; mais les suffrages de la nation tombèrent en partie sur Canut, fils de Magnus. Un partage, qui donnait au dernier l'île de Seeland, concilia les intérêts contraires; mais Suénon refusa de se dessaisir de cette île, et ne donna seulement à son rival que quelques terres en Danemark. En 1156 Valdemar, fils de Canut le Saint, encouragé par la haine que le peuple portait à Suénon, prit à son tour le titre de roi. Un traité de paix, qui partageait de nouveau le royaume, fut conclu à Roskild. Pendant le festin qui suivit l'entrevue, Suénon fit assassiner Canut; Valdemar s'échappa; et re

commença la guerre. Suénon fut vaincu, et tué dans la déroute.

1157. Valdemar Ier, dit le Grand, fut alors reconnu roi par tout le Danemark. Ce prince tira le pays de la faiblesse et de l'obscurité où il languissait depuis si longtemps. Il chassa les pirates courlandais de la Baltique, soumit Rugen, Stettin et une partie de la Pomeranie, fonda Dantzig et devint le législateur de ses peuples. Il commença aussi la construction de Copenhague, qui ne fut d'abord qu'un simple château. En 1181, il s'unit avec l'empereur Frédéric pour dépouiller Henri le Lion. Il mourut l'année suivante; il était âgé seulement de quarante-neuf ans, et pouvait beaucoup encore pour la grandeur de ce peuple, pour qui il avait déjà tant fait.

1182. Canut VI, son fils, lui succéda. Il avait été associé par Valdemar à la royauté en 1170. Il marcha sur les traces de son père, et joignit la gloire du législateur à celle du conquérant, aidé, dans ses efforts, par son ministre Absalon, archevêque de Zunden. il força les princes des Obotrites, ainsi que Bogislas, duc de Poméranie, à reconnaître son autorité aussi prit-il dès lors le titre de roi des Wendes. L'indomptable peuplade des Dithmarses et le Holstein subirent aussi ses lois. Canut fit beaucoup pour la civilisation du Danemark. Par ses soins, le costume se réforma, l'éducation se répandit, les mœurs se policèrent. Ce fut lui en outre qui établit les trois ordres de l'État : celui des seigneurs, pour les ducs et les évêques; celui des nobles; enfin celui des paysans.

1202. Valdemar II, le Victorieux, continua ces règnes brillants. L'ile d'Oesel, une partie des côtes de la Prusse, la Pomeranie orientale, qui était alors un fief polonais, furent soumises. En 1217, Valdemar fit une descente en Esthonie, pour aider les chevaliers Porte-glaives à soumettre les idolâtres du pays. Mais plus tard, une révolte des comtes de Schwerin, suivie de la captivité temporaire de Valdemar, forcèrent ce prince de renoncer à la possession d'une partie de ses États. Il dut céder à l'Empire la Slavie et tous les pays au sud de l'Eyder. Fatigué de guerres, Valdemar s'occupa, vers la fin de son règne, à reviser les lois de Scanie et de Seelande, et à rédiger un code pour le Jutland. Il publia en 1240 le recueil des lois cimbriques.

1241. Éric IV, son fils aîné, lui succéda. Abel, frère d'Éric, refusa de lui faire hommage pour le duché de Sleswick, qu'il tenait en fief. Vaincu en 1249, Abel s'en vengea en tendant un piége à son frère, et en le faisant assassiner.

1250. Abel n'en jura pas moins, devant les états, qu'il était étranger à la mort d'Eric. Il est vrai de dire qu'on avait prévenu ses ordres,

et qu'Eric avait été tué d'un coup d'épée par un ennemi personnel, dans le bateau où Abel l'avait mis afin de le faire noyer. Le serment fait, le fratricide succeda à son frère. Il fit la paix avec les comtes de Holstein, abandonna aux chevaliers teutoniques une partie de ce qu'il possédait en Livonie, céda Oesel à l'évêque du lieu, et s'appliqua ensuite à liquider les dettes de l'État. II périt dans une bataille contre les Frisons, qui avaient refusé de se prêter à cette mesure, en payant un surcroît d'impôts.

1252. Christophe 1er, frère d'Abel, lui suc céda, au préjudice de son fils Valdemar, dont il apaisa les prétentions, en lui cédant le duché de Sleswick. Il mourut empoisonné, diton, par un prêtre fanatique, qu'irritaient les querelles de Christophe avec le clergé.

1259. Éric V, son fils, n'avait alors que dix ans; il régna d'abord sous la tutelle de sa mère. Il tomba avec elle au pouvoir des comtes de Holstein, qui soutenaient les prétentions d'Éric, duc de Sleswick, et second fils d'Abel. Il fut relâché en 1264. Malgré ses querelles avec le clergé, son règne fut assez tranquille jusqu'en 1285. Une ligue se forma en faveur de Valdemar, fils et successeur du duc de Sleswick. Valdemar se réconcilia avec le roi; mais ses partisans gardèrent leur haine, et Éric V périt assassiné par eux.

1286. Éric VI succéda à son père, sous la tutelle de Valdemar. La plus grande partie de ce règne fut occupée par des hostilités sans cesse renaissantes contre Haquin, roi de Norwége, et par de longues querelles avec le clergé. La guerre avec la Norwége s'étant terminée en 1308 par une paix solide, Éric eut à combattre les ennemis que lui suscitait son frère Christophe, le duc de Poméranie, le margrave de Brandebourg et d'autres encore. La paix se conclut en 1317 à Nordingburg, en Seelande.

1320. Christophe II monta sur le trône à la mort de son frère. Le peuple, surchargé d'impôts, se révolta contre lui et le déposa en 1326, mettant en sa place Valdemar, duc de Sleswick. Mais en 1330 Christophe rentra dans le royaume et reprit sa couronne, qu'il garda jusqu'à sa mort, malgré ses fréquentes querelles avec Gerhard, comte de Holstein, auquel avait été confiée la tutelle de Valdemar. Après la mort de Christophe (1334), il y eut un interrègne de six ans, pendant lequel la plus triste anarchie désola le royaume.

1340. Enfin Valdemar III, second fils de Christophe (Otton, l'aîné, était retenu prisonnier par les comtes de Holstein), fut reconnu roi. Il fallait une main forte et persévérante pour retirer l'État du précipice où il était tombé. Valdemar se montra digne de cette tâche. Il réprima l'esprit turbulent des nobles

et força les comtes de Holstein à reconnaître son autorité. Il rétablit l'ordre dans les finances, racheta la Scanie et acquit l'île de Gothland. Il y joignit les îles de Langeland et de Femerem, et le Bleking. En 1363 il maria sa fille Marguerite à Haquin, roi de Norwége. Vers la fin de son règne, il s'occupa surtout d'acquitter ses dettes, et de retirer les villes et les provinces des mains de ceux qui les tenaient en gage. En somme, Valdemar III fut un grand roi, bien qu'il portât jusqu'au vice l'exagération de ses qualités, la fermeté, l'adresse, la bravoure, l'activité. Mais, dans les circonstances où il se trouvait, cette exagération était nécessaire; et s'il se fit peu d'amis parmi ses contemporains, il s'est fait des admirateurs dans la postérité.

1376. Olaüs, fils d'Haquin, roi de Norwége, et de Marguerite, fille de Valdemar III, fut proclamé roi de Danemark, à l'âge d'environ cinq ans, par les intrigues de sa mère. Albert, petit-fils du duc de Mecklembourg, et né de la fille aînée de Valdemar, opposa vainement à cette usurpation ses droits bien fondés. Olaüs mourut à l'âge de dix-sept ans.

1387. Marguerite, qui était veuve depuis 1380, succéda à son fils Olaüs dans les royaumes de Danemark et de Norwége. L'année suivante, elle ajouta à ces deux couronnes la couronne de Suède, que les états lui offrirent, après avoir déposé Albert de Mecklembourg. Marguerite gouverna pendant huit ans en son propre nom. En 1397 elle convoqua à Calmar, dans le Smaland, les états des trois royaumes de Danemark, de Suède et de Norwége, et les engagea à reconnaître pour souverain son petit-neveu Éric.

1397. Éric VII eut donc le nom de roi; mais Marguerite en conserva le pouvoir. Elle espérait que l'union de Calmar servirait de base à un grand empire; mais les trois royaumes avaient des intérêts trop différents, surtout la Suède et le Danemark, pour rester longtemps unis. Tant que la reine vécut, les choses allèrent bien encore: elle reconquit l'île de Gothland; elle apaisa les révoltes; elle déjoua les entreprises d'Albert. Mais elle mourut en 1412, et, la digue étant rompue, l'anarchie, la rébellion, la guerre étrangère débordèrent à la fois, et se précipitèrent sur Éric, trop borné pour prévoir le danger, trop faible pour le repousser. Éric avait une prédilection marquée pour le Danemark, et ne songeait qu'à l'agrandir vers le sud, aux dépens de l'Allemagne. I employa toutes ses forces à soumettre les ducs de Holstein, que soutinrent vivement les villes hanséatiques. Cette guerre fut doublement fatale à la Hanse et à l'union scandinave. D'une part, les Anglais et les Hollandais en profitèrent pour s'em. parer du commerce du Nord; de l'autre, la

noblesse, dans les trois royaumes, prit occasion des embarras du roi pour accroître ses priviléges et opprimer les paysans. Ceux-ci se révoltèrent. Les Dalécarliens, insurgés les premiers, prirent pour chef un gentilhomme du nom d'Engelbrechtson, qui chassa les administrateurs danois et força le conseil du royaume à refuser obéissance à Éric. Le traité de Stockholm maintint cependant son pouvoir pour quelque temps encore, grâce à une complète amnistie qu'il signa, et à la concession de nouveaux priviléges. Mais bientôt la rébellion recommença, et cette fois le Danemark se joignit à la Suède. Éric, fatigué des difficultés qui naissaient sous ses pas, se retira daus l'île de Gothland. Les états le déposèrent et offrirent ses trois couronnes à Christophe de Bavière (1439). Éric, après sa déchéance, vécut encore vingt ans obscur et méprisé.

1440. Christophe 111, neveu d'Éric et fils de Jean, comte palatin du Rhin, fut élu roi de Danemark, de Suède et de Norwége; son gouvernement s'annonçait comme devant être ferme et sage. Déjà il avait réuni Copenhague à la couronne, moyennant quelques terres données en échange à l'évêché de Roskild; déjà il avait fait d'immenses prépa ratifs contre les villes hanséatiques, dont il convoitait l'influence commerciale, lorsqu'il mourut après huit ans de règne.

1448. Christian ou Christiern Ier, fils de Thierri, comte d'Oldenbourg, fut élu roi de Danemark, sur la présentation d'Adolphe, comte de Holstein, son oncle maternel, à qui la couronne avait d'abord été offerte comme à l'héritier le plus proche. Les Suédois avaient déjà disposé de leur trône en faveur de Charles Bonde. Christian, reconnu roi en Norwége (1450), obtint en 1457 la couronne de Suède, par la déposition de Charles. Mais la question n'était pas irrévocablement décidée. Deux fois le parti de Christian prévalut dans ce royaume, et enfin, il y renonça, fatigué de ces agitations perpétuelles. Christian hérita du comté de Holstein, en achetant les droits du comte de Schauenbourg, et l'empereur Frédéric III l'érigea en duché en sa faveur. Christian fit un voyage à Rome, en 1474, et visita l'empereur et d'autres princes sur son passage. En 1478 il fonda une université à Copenhague, et institua l'ordre ou confrérie de l'Éléphant, qui, dans la suite, devint un ordre de chevalerie.

1481. Jean, fils du précédent, lui succéda sans opposition en Danemark et en Norwége; mais la couronne de Suède lui fut disputée avec acharnement par l'administrateur Sténon Sture, qui ne pouvait se déterminer à quitter cette dignité. Reconnu roi après de longues négociations, Jean fut obligé d'en venir à la force pour se mettre en possession du royaume (1497). Encore ne le garda-t-il

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