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ves pour y déposer ses enfs; la Loire et la Garonne en fournissent dont la chair est trèsestimée. La lamproie de rivière (Petromyzon fluviatilis, Lin.), qui est plus petite, et n'a guère plus de quinze à dix-huit pouces de long; elle passe une grande partie de l'année dans les lacs d'eau douce, qu'elle aban. donne au printemps pour remonter dans les rivières: on en trouve beaucoup dans la Seine. Enfin, une troisième espèce, vulgairement appelée sucet, plus petite encore que la précédente, dont elle se distingue par ses nageoires contiguës, et qui habite, comme elle, les eaux douces.

Dans le genre Myxine (Myxina), l'anneau maxillaire, tout à fait membraneux, est armé en dessus d'une seule dent; quelquefois même il en manque complétement, tandis que la langue est garnie de fortes dentelures latérales; en sorte qu'au premier aspect, on pourrait croire que ces poissons ont des mâchoires latérales comme les animaux articulés, avec lesquels quelques auteurs les ont en effet rangés'; mais tout le reste de leur organisation est analogue à celle des lamproies. Leur corps est cylindrique et garni en arrière d'une nageoire qui entoure la queue; leur bouche est circulaire, entourée de huit barbillons, et percée, à son bord supérieur, d'un évent qui communique avec son intérieur. On ne leur voit point d'yeux, et leur peau est lubrifiée par une grande quantité de mucosités. Ces poissons se servent de leur disque buccal comme d'une ventouse, et attaquent les poissons de la même manière que les lamproies.

Ce genre se subdivise en trois sous-genres, savoir les heptatrèmes, qui ont sept trous branchiaux, de chaque côté du cou; les gastrobranches, ayant, de chaque côté, un canal qui reçoit, par des trous particuliers, l'eau venant des branchies, et qui aboutit, au dehors, à un trou situé vers le tiers de la longueur du corps; enfin les ammocètes, dont les ouvertures branchiales sont disposées comme chez les heptatrèmes et les lamproies, mais chez lesquelles la lèvre charnue, dépourvue de dents, n'est que demi-circulaire et, ne recouvre que le dessus de la bouche; ce qui les empêche de s'en servir pour se fixer. Ces dernières myxines ont en outre cela de remarquable, que leur squelette est tout à fait mou et membraneux; elles se tiennent dans la vase des ruisseaux, et ont beaucoup des habitudes des vers, auxquels elles ressemblent aussi par la forme. Elles sont longues de six à huit pouces, et grosses comme un fort tuyau de plume. C'est le petromyzon branchialis des auteurs. Les pêcheurs les appellent lamprillons, chatouilles, etc., et s'en servent pour amorcer leurs hameçons. DUPONCHEL père.

CYGNE. Voyez CANARD.

CYLINDRE. (Géométrie.) Si l'on imagine qu'une ligne droite glisse parallèlement à une autre ligne donnée de position, en suivant une courbe, elle engendrera une surface cylindrique, et si la courbe est fermée, l'espace compris entre cette surface et deux plans qui la coupent, quelle que soit d'ailleurs leur direction, sera un cylindre. On est convenu d'appeler génératrice la ligne qui est supposée se mouvoir, et directrice la courbe suivant laquelle elle se meut. Les parties des deux plans qui concourent, avec la surface cylindrique, à limiter le cylindre sont les bases. L'axe est la ligne autour de laquelle la génératrice tourne. Un cylindre peut être circulaire, droit, oblique ou tronqué. Il est circulaire quand la section qui lui est faite par un plan perpendiculaire à son axe est un cercle. Dans ce cas, la définition qui lui convient le mieux est celle-ci un cylindre est le solide engendré par un rectangle qui tourne autour d'un de ses côtés qui reste immobile : c'est l'axe du cylindre. Le côté opposé engendre la surface cylindrique, et les côtés contigus les bases. Toutes sections faites parallèlement aux bases leur sont d'ailleurs égales. Celles qui sont faites suivant l'axe sont des rectangles doubles du rectangle générateur.

Ce cylindre est droit quand ses deux bases sont perpendiculaires à l'axe; il est oblique quand, sans cesser d'être parallèles, elles sont obliques à l'axe, et enfin il est tronqué quand elles ne sont plus parallèles, quelle que soit leur position par rapport à l'axe.

Pour obtenir l'aire de la surface convexe d'un cylindre on la suppose développée sur un plan, et on trouve qu'elle équivaut à un rectangle qui a pour base la circonférence d'une des bases du cylindre et pour hauteur une de ses arêtes; on emploie la même méthode pour obtenir la surface du cylindre oblique. Elle se développe en une bande comprise entre deux lignes courbes dont la convexité est tournée dans le même sens. Elle est égale au produit du périmètre d'une section du cylindre perpendiculaire à l'axe par la longueur d'une arête. Quant à la surface du cylindre tronqué, elle se développe en une surface qui est limitée par trois droites et une courbe, ou deux droites et deux courbes, suivant qu'une des deux bases est ou n'est pas perpendiculaire à l'axe. Dans les deux cas, son aire s'obtient approximativement en la partageant en tranches assez petites pour différer peu de quadrilatères rectilignes dont on prend la somme.

Pour obtenir la surface totale d'un cylindre, il faut ajouter la surface des bases à la surface

convexe.

On peut regarder le cylindre comme un

prisme composé d'un très-grand nombre de facettes infiniment petites; son volume doit donc se mesurer comme celui du prisme : ce sera le produit de l'aire d'une des bases par une des arêtes pour le cylindre droit, et le produit de l'aire d'une section perpendiculaire à l'axe par la longueur de l'axe, pour le cylindre oblique et pour le cylindre tronqué. CHARLES RENIER.

CYNIPS. (Histoire naturelle.) Linné avait créé sous ce nom un genre d'hyménop. tères qui est devenu, pour les entomologistes modernes, une famille distincte qui a elle-même été partagée en un grand nombre de groupes. Les cynips sont des insectes de petite taille, à antennes de treize à quinze articles filiformes, ou grossissant peu vers l'extrémité, dont les ailes antérieures sont pourvues de deux ou trois cellules cubitales et d'une seule radiale, et dont les femelles présentent une tarière capillaire et roulée en spirale dans l'intérieur de l'abdomen pendant le repos.

Les cynips, dans leur premier état, vivent de matière végétale; les femelles déposent leurs œufs, à l'aide de leur tarière, dans l'intérieur des tiges et surtout des pédoncules des feuilles; et dans chacune de ces petites ouvertures chaque femelle dépose un œuf : la blessure faite ainsi à la plante tend à amener vers ce point une surabondance de séve; la jeune larve, suçant la matière qui l'entoure, dégorgeant sans doute un liquide particulier, excite encore la séve à se porter vers l'endroit qu'elle habite; il en résulte bientôt sur l'arbre une protubérance qui porte le nom vulgaire de galle ces galles, dont quelques-unes sont employées dans le commerce, telles que la noix de galle, par exemple, sont en général de forme sphérique, mais toutefois elles peuvent présenter d'autres dispositions dans quelques cas. Les larves, qui sont blanchâtres et apodes, éprouvent leurs métamorphoses dans l'intérieur de ces galles; et lorsqu'elles sont passées par l'état de nymphe et qu'elles sont parvenues à l'état d'insectes parfaits elles laissent leur prison et se répandent dans la campagne. On connaît un très-grand nombre d'espèces de ce groupe; mais c'est principalement l'Europe, où on les a plus étudiées, qui nous en donne le plus grand nombre. Ces insectes se multiplieraient à l'infini s'ils n'avaient dans les chalcidites des ennemis dangereux, qui en détruisent un grand nombre.

Citons comme type le CYNIPS DES BAIES DE CHÊNE, Cynips quercus baccarum Linné, qui se trouve communément dans les bois des environs de Paris.

Blanchard, Animaux articulés, etc.

E. DESMAREST. CYNOCEPHALE. (Histoire naturelle.) Genre de singes de l'Ancien-Continent, com

prenant un grand nombre d'espèces, parmi lesquelles nous devons citer l'HAMADRYAS, le PAPION et le MANDRILL. Voyez ces mots, et surtout les articles QUADRUMANES et SINGES. E. DESMAREST.

CYNOGALE. (Histoire naturelle.) Genre de mammifères de l'ordre des carnassiers, ne comprenant qu'une seule espèce, qui a été découverte récemment à Malacca. Chez les cynogales, le pelage est moelleux et rappelle celui des loutres ; la queue est moins longue que chez ces animaux ; les doigts ont des ongles semirétractiles comme chez les paradoxures, mais ils sont plus palmés; le corps est peu élevé sur les jambes; la tête est fort déprimée, élargie antérieurement et garnie de moustaches allongées et nombreuses; les pattes sont pentadactyles, enfin le système dentaire est tout particulier et caractéristique, tout en se rappro chant beaucoup, ainsi que l'a montré M. de Blainville, de celui des viverras.

La seule espèce qui entre dans ce genre, et sur la synonymie de laquelle on n'est généra. lement pas d'accord, porte cependant dans la plupart des ouvrages le nom de cynogale Bennettii: c'est un animal de la taille du zibeth, qui habite les endroits humides et même les fleuves; sa nourriture consiste presque ex. clusivement en poissons.

Gray, Magasin of natural history, 1787.

Blainville, Comptes rendus de l'Académie des sciences. Annales des sciences naturelles et ostéographie; Fascicule des Viverras.

Gervais, Mammifères du voyage de la Bonite de MM. Eydoux et Heuleyet, etc.

E. DESMAREST.

CYNISME. (Philosophie ancienne.) La secte cynique eut pour fondateur Antisthène, disciple de Socrate, dont il emprunta la rigide tempérance, qu'il poussa même au-dessus de son modèle. Loin d'imiter cette sagesse simple et modeste qui caractérisait son maître, il affectait une vertu sévère, qui ne respirait qu'orgueil et dureté. Il se montrait en public vêtu d'un mauvais manteau, ayant le menton hérissé d'une longue barbe, et la main appuyée sur un bâton. Rejetant loin de lui toutes les commodités de la vie, il méprisait les richesses, la réputation, les dignités, en un mot, tout ce que les hommes recherchent avec avidité.

Il avait pour principe que la vertu seule suffit pour le bonheur; que celui qui la possède n'a rien à désirer que du courage ; qu'elle consiste en actions et non en paroles; que toute science, tout art, sont inutiles; que le philosophie doit se conformer aux lois de la nature et non aux lois des hommes; qu'étant seul capable de distinguer ce qui mérite quelque affection, s'il se marie, il doit prendre une femme digne de son amour, pour se reproduire dans ses enfants. Cette dernière maxime ne tarda pas à tomber en désuétude parmi ses secta

teurs, qui, préférant le titre de cosmopolites à celui de citoyens, secouèrent la dépendance que l'on contracte par les liens de l'hymen, et justifièrent le nom de cyniques (en grec, chien), nom qui les désignait, et semblait si propre à caractériser l'impudence dont ils faisaient parade. «< Ils sont ainsi nommés, dit Ammonius,

ancien commentateur d'Aristote, à cause de << la liberté de leurs paroles et de leur amour << pour la vérité; car on trouve que le chien a << dans son instinct quelque chose de philoso

phique et qui lui apprend à distinguer les << hommes: en effet, il aboie contre les étran«gers, et flatte ceux de la maison; de même << que les cyniques accueillent et chérissent la << vertu, ainsi que ceux qui la pratiquent, tan. << dis qu'ils réprouvent et blâment les passions << de ceux qui s'y livrent, quand même ils << seraient assis sur un trône. »>

La singularité des cyniques consistait principalement à transporter au milieu de la dépravation de la Grèce les mœurs de l'état de nature et les discours de la grossièreté des premiers temps. Attaquant les préjugés et les vices, ils se montraient hardiment dans les lieux sacrés et sur les places publiques; la licence apparente de leur philosophie ne pouvait être palliée que par la publicité de leur conduite : la moindre réserve, le moindre secret leur eût attiré les soupçons les plus injurieux. On vit donc s'élever, du milieu de la corruption générale, des hommes qui par l'énergie de leurs principes voulurent s'opposer au débordement des vices, et au découragement de la Grèce, à qui Alexandre allait donner des fers. Circonstance qui paraît avoir engagé Diogène à répudier le nom de citoyen pour prendre celui de cosmopolite; l'indifférence que les cyniques montraient alors était si grande, qu'Alexandre demandant à Cratès, un des disciples de Diogène, s'il désirait voir rétablir sa patrie, ce philosophe lui répondit: «Que m'importe, puisqu'un autre Alexandre << ne tarderait pas à la ravager. »

Les erreurs qui leur sont reprochées paraissent venir d'une définition captieuse d'Antisthène, qui avait dit que tout ce qui était bien était honnête, que tout ce qui était mal était honteux. De là il s'ensuivait que tout ce qui était bien en soi-même n'était pas fait pour être caché, et devait être affranchi des fausses réserves de la pudeur. Le principe était d'Antisthène; mais les conséquences étaient de ses succes

seurs.

Pour donner un exemple de la différence qu'il y avait entre sa manière de penser et celle de Diogène, son disciple, nous rapporte rons le trait suivant : Antisthène, tourmenté cruellement de la maladie qui causa sa mort, s'écriait : « Qui me délivrera des maux que je « souffre? » Diogène, son disciple, alors présent, lui présenta un poignard en lui disant :

<<< Voilà ce qui t'en délivrera. Je parle de « mes maux, lui répondit Antisthène, et non << pas de la vie. » Cette réponse, digne d'un élève de Socrate, prouverait qu'Antisthène regardait le corps comme la prison de l'âme, et qu'il ne croyait pas devoir l'en délivrer. Diogène n'eut pas la patience de son maitre; ne pouvant supporter la fièvre qui le tourmentait, il se donna la mort en retenant son haleine.

Il serait trop long de rapporter toutes les erreurs de morale où l'orgueil, la subtilité de l'esprit, l'envie de se singulariser, entraînèrent les successeurs d'Antisthène, qui en d'autres temps eussent pu être des citoyens utiles à leur patrie. Toutefois, on ne doit pas ajouter foi trop légèrement à toutes les imputations qui leur ont été faites. Si entre autres, par exemple, Diogène fut exposé à la risée et au mépris public à Athènes; s'il fut calomnié par des hommes qui n'étaient pas faits pour croire à la vertu, il en fut bien vengé dans la suite par le respect que portait à sa mémoire Épictète, qui proposait pour modèle sa fermeté d'âme à ceux qui voulaient vivre indépendants des revers de la fortune.

Les cyniques n'attachaient aucun bonheur aux richesses; et loin de murmurer contre les maux qui pouvaient affliger l'humanité, ils les regardaient, suivant Arrien, comme des moyens de manifester les plus nobles qualités de l'âme. «Savez-vous, dit cet écrivain, quels << sont les devoirs d'un cynique? c'est d'être << insulté, battu, et d'aimer ceux qui l'insul<< tent et le battent; de se regarder comme le « père et le frère de tous les hommes; d'endurer << les maux dans l'adversité, en les regardant «< comme des épreuves suscitées par Jupi<< ter, ainsi qu'Hercule endura les travaux << que lui fit subir Eurysthée. C'est ainsi que « doit se conduire celui qui ose prétendre << à porter le sceptre de Diogène. Un jour, <«< continue Arrien, ce philosophe, dans un « violent accès de fièvre, criait à ceux qu'il « rencontrait : « Insensés, où courez-vous? << vous allez voir un combat d'athlètes, et vous << n'avez pas la curiosité de voir un combat << de la fièvre et d'un homme! » Il faut convenir, toutefois, que la vanité dominait les cyniques, qui, affectant d'être maîtres de leurs passions, ne cachaient pas leur orgueil, et s'exposaient à la risée du public.

Le nom de cosmopolites, qu'ils substituèrent à celui de citoyens, tendrait à faire croire qu'ils se vouaient au célibat : c'est ce que nous donne à entendre Arrien, qui s'exprime ainsi : «Le véritable cynique doit-il s'engager dans «<les nœuds du mariage? doit-il les éviter? Le << seul avantage qu'il pourrait y trouver se«rait de former à sa doctrine une femme et « des enfants. Mais un cynique se doit à l'u<<nivers; c'est un médecin que le ciel envoie

« pour guérir des malades. Comment pourra«<t-il se dévouer tout entier à cette fonction « s'il est obligé de se livrer aux soins domes. «tiques attachés nécessairement au mariage? « L'homme est né pour la société; la société << est la divinité du cynique. Le frivole avan«<tage d'élever deux ou trois misérables en«fants peut-il entrer en comparaison avec ce«<lui de surveiller la conduite des hommes, de « leur montrer ce qu'ils doivent fuir ou recher«< cher ou mépriser ? Épaminondas, qui mou. «rut sans enfants, ne fut-il pas plus utile à sa

patrie que tant d'autres Thébains, pères « d'une nombreuse famille? Priam, qui eut «< cinquante fils indignes, fut-il plus utile à la « société que ne le fut Homère? Ne soyons << donc pas étonnés si le sage ne veut ni se ma<< rier, ni avoir des enfants. Et quant à la po << litique, savez-vous (continue Arrien) celle << qui doit faire l'occupation du cynique? Ce << ne sera point celle qui ne concerne qu'Athè<< nes, Corinthe ou Rome, mais celle qui em« brasse l'humanité entière; ce ne sera point «< celle qui traite de la guerre ou de la paix, « des finances de l'État, mais celle qui traite << du bonheur ou du malheur, de la liberté « ou de l'esclavage des hommes. » C'est ainsi qu'Arrien justifie le célibat des cyniques.

Aucune secte n'eut une physionomie plus prononcée que celle d'Antisthène, qui, regardant la vertu comme l'unique but des actions humaines, méprisait la noblesse, les richesses, la gloire, comme des biens inutiles au bonheur, d'après ce principe de Socrate: «Que le propre des dieux était de n'a<< voir aucun besoin, et que l'homme qui avait le moins de besoins était celui qui << approchait le plus de la Divinité. »

MILLON. Richter, Dissertatio de Cynicis, Leipzig, 1701, in-4°.

Meuschenii Disputatio de Cynicis; Kehl, 1703,

in-4°.

Ritter, Hist. de la philosophie, trad. par M. Tissot, t. 11, p. 93 et suiv.

CYPÉRACÉES. (Botanique.) Famille de plantes monocotylédonées (monohypogynie J., monoéleuthérohypogynie Rich.).

Les Cypéracées sont des végétaux herbacés, croissant, en général, dans les lieux humides et sur le bord des eaux; ils ont pour tige un chaume cylindrique et triangulaire, avec ou sans nœuds. Les feuilles, engaînées, ont leur gaîne entière non fendue, et garnie quelquefois, à son ouverture, d'un petit rebord membraneux nommé ligule. Les fleurs, en nombre variable, forment de petits épis écailleux; chacune d'elles se compose d'une seule écaille, à l'aisselle de laquelle se trouvent généralement trois étamines et un pistil formé d'un ovaire uniloculaire et monosperme, que surmonte un stvle à trois stig

mates. Elles ne sont point, du reste, hermaphrodites dans tous les genres ; dans le genre Carex, par exemple, elles sont unisexuées, mais monoïques, toutefois. Le fruit est un akène (fruit monosperme, péricarpe distinct du tégument propre de la graine, Rich.), globuleux, comprimé ou triangulaire.

La famille des Cypéracées, très-naturelle, présente une grande analogie avec celle des graminées, et pour le port et pour plusieurs autres caractères; elle en diffère cependant, en ce que dans les plantes qui la composent la gaine des feuilles est entière, tandis qu'elle est fendue dans les graminées; il y a deux écailles pour chaque fleur dans cette dernière famille, il n'y en a qu'une dans les Cypéracées; le style des graminées a deux stigmates, celui des Cypéracées en a trois, etc., etc.

Le genre Cyperus est le type de la famille, qui en renferme en assez grand nombre d'autres, parmi lesquels nous citerons les genres Scirpus, Schoenus, Mariscus, Papyrus, Carex.

Les Cypéracées offrent en général peu d'intérêt. On employait jadis, en médecine, les racines astringentes et aromatiques des cyp. longus (souchet odorant) et rotundus. Les tubercules féculents du cyp. esculentus (souchet comestible) ont une saveur suave et agréable qui, en Italie, en Espagne, en Égypte, les fait rechercher comme aliment; en Allemagne, ces tubercules torréfiés ont été proposés comme succédanés du café.

C'était avec la tige du papyrus (cyp. papyrus, L.), qui croît aux Indes, en Égypte et en Sicile, que se préparait le papier sur lequel sont écrits la plupart des livres que nous a transmis l'antiquité. Voy. l'art. PAPYRUS. GAB. VERGER.

CYPRÈS. (Silviculture.) Ce nom a été donné à une dizaine d'espèces d'arbres ou arbrisseaux, la plupart exotiques, et appartenant aux deux genres voisins Cupressus et Schubertia ou Taxodium, de la tribu des cupressinées, famille des conifères.

A. Le genre Cupressus, essentiellement caractérisé par des cônes arrondis, globuleux ou oblongs, composés d'écailles ligneuses opposées ou ternées, élargies en forme de têtes de clou à leur extrémité libre, et portant irrégulièrement insérées à leur base un nombre indéfini de graines ailées, renferme sept à huit espèces, toutes accueillies dans les parcs et les jardins paysagers; nous ne donnerons ici quelques détails que sur celles qui ont de l'importance au point de vue de la culture productive.

I. Cyprès commun ou pyramidal, Cupressus fastigiata. Originaire, dit-on, de l'île de Crète, cet arbre a été cultivé dans le midi de l'Europe dès la plus haute antiquité, et, au

rapport de Pline, les plantations de cyprès étaient jadis d'un tel produit dans la péninsule italique, qu'on appelait cet arbre la dot de la jeune fille. Bien que sa culture ait beaucoup perdu de son importance, il est encore trèsrépandu dans plusieurs de nos départements méridionaux, en Italie, en Grèce, en Turquie, et aussi, suivant Desfontaines, dans le nord de l'Afrique; il se soutient également en pleine terre sous le climat de Paris, après qu'avec des soins on est parvenu à lui faire passer les premières années; mais il y est fort exposé à périr par les froids extraordinaires.

Garni, de la base au sommet, de ramifications éparses et faisant avec le tronc un angle très-aigu, le cyprès commun forme naturellement une belle pyramide arrondie; ses feuilles sont persistantes, très-petites, très-peu détachées des rameaux, et généralement oppo. sées en croix leur verdure, sombre et éternelle, donne à l'arbre un aspect triste, qui dans tous les temps l'a fait choisir pour orner les tombeaux, décorer les ruines et produire dans les grands parcs des scènes mélancoliques. Sa floraison est monoïque; les chatons mâles, toujours situés à l'extrémité des plus jeunes rameaux, sont souvent si abondants, qu'à l'époque de leur maturité le pollen recouvre le sol comme une pluie de soufre; les fruits ou cônes, vulgairement connus sous le nom de noix de cyprès, et placés aussi à l'extrémité des branches, mais toujours sur du bois de deux ans, sont regardés en médecine comme astringents et febrifuges.

Le cyprès paraît peu difficile sur la nature du sol. Bosc l'a vu, en Italie, dans des lieux aquatiques et sur des rochers qui n'avaient pas dix-huit centimètres de terre végétale, et dans le midi de la France, il vient aussi partout où on le place; mais son accroissement est bien plus rapide dans les sols graveleux, frais et substantiels. Il pousse généralement avec lenteur; mais il peut vivre très-longtemps, et bien que dans les circonstances ordinaires il ne dépasse guère la hauteur moyenne de 15 à 20 mètres, il acquiert dans des conditions favorables les dimensions de nos arbres de première grandeur.

Le bois de cyprès est assez dur, d'une couleur rousse, d'un grain fin et généralement regardé comme incorruptible; en démolissant de trèsvieilles maisons, en Provence, on trouve souvent, au rapport de M. Laure (1), des poutres de cyprès aussi saines que si elles venaient d'être placées; il convient peu cependant pour la charpente, parce qu'il est cassant; on l'emploie surtout pour faire des tables, des tuyaux d'orgues, des instruments de musique, des pieux, du treillage, etc. Son odeur chasse les mites et

(4) Manuel du cultivateur provençal.

les vers, et c'était dans des boites de cyprès que les anciens conservaient leurs objets les plus précieux.

:

Le cyprès se multiplie de semence et de boutures dans le midi il s'élève facilement en pépinière; il suffit de choisir une exposition chaude, de maintenir la terre meuble et fraîche, et de le protéger contre l'envahissement des plantes adventices. Sous le climat de Paris il exige au contraire quelques soins particuliers; il doit être semé en terrines sur couches tièdes, et garanti avec soin du froid humide; durant les premières années, le jeune cyprès de trois à quatre ans, en pots, peut, au reste, rendre des services pour la décoration d'un vaste appartement; dès l'âge de six à sept ans il est bon à être transplanté à demeure, isolé, en lignes, en avenues, ou en massifs; par ses rameaux serrés, touffus et garnissant complétement la tige, il peut, particulièrement sur deux rangs, former des abris impénétrables au vent, et c'est encore là un des nombreux avantages de cet arbre, peut-être trop négligé de nos jours.

Il existe aussi un cyprès à ramifications étalées, cupressus horizontalis, qui, quoique se reproduisant assez constamment de semence, est généralement considéré comme une simple variété de l'espèce précédente, dont il a d'ailleurs les qualités physiques et économiques, comme différent du cupressus foliis imbricatis, acutis, ramis horizontalibus de Miller, propre à l'ile de Candie, et croissant en Angle terre, dans les plus mauvais terrains, sans craindre les plus fortes gelées.

II. Cyprès faux thuya, Cupressus thuyoïdes Linné. C'est un des arbres les plus élevés de l'Amérique du Nord, où il est désigné sous les noms de cedre blanc, d'arbre de vie (1). Ses feuilles ressemblent à celles du thuya, et ses ramifications, légèrement aplaties, sont toutes ou presque toutes rassemblées au sommet de la tige; son fruit, d'un brun rougeâtre, profondément sillonné à la surface, laisse transsuder une résine transparente, d'une odeur suave, et estimée des Américains pour la guérison des blessures récentes; son bois, aromatique, léger, souple, facile à travailler, et prenant, sous l'influence de la lumière, une teinte rosée, dure longtemps, résiste bien à l'humidité, et sa résine le garantit des attaques des vers. On en fait en Amérique un si grand usage dans les constructions civiles et nava

(1) On admet que cet arbre purifie l'air des contrées marécageuses où il croît, en absorbant et décomposant les miasmes, et en répandant des exhalaisons aromatiques et antiseptiques, qui combattent leur influence morbifique. Il paraît, en effet, d'après de nombreux et imposants témoignages, que les populations qui exploitent les vastes cyprières de l'Amérique du Nord ne sont pas exposées aux terribles maladies que causent partout les marais tourbeux et fangeux.

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