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tion solide, et par conséquent tout ce qui en sortira, ou en sera élancé, prendra cette sorte de mouvement; et même ce qui ne fera que le toucher, ou n'en sera qu'à une certaine distance, prendra nécessairement aussi cette même circulation.

une

Le fait paraît bien certain. Si l'atmosphère de la terre a la même circulation que le globe qu'elle environne, elle aura dans ses différentes couches d'autant plus de vitesse, qu'elles seront plus élevées, et précisément dans la même raison. Si c'est le contraire, couche supérieure ira plus ou moins vite que l'inférieure, selon quelque autre raison; et celui qui sera sur le sommet d'une montagne fort haute, sentira un vent qu'il n'aurait pas senti au pied de la montagne. Or, on sait par expérience que cela n'est pas. Donc l'atmosphère a la même circulation que le globe. Ce qui est en effet très naturel.

145. Les cercles concentriques de l'atmosphère, ceux, par exemple, que l'on imaginera tous dans le plan de l'équateur de la terre prolongé, auront toujours des vitesses croissantes comme leurs rayons, que l'on doit concevoir croissans comme les nombres naturels. Il suffira ici de considérer seulement ces cercles posés dans le même plan que l'équateur terrestre, et qui ont la circulation solide. Certainement ils ne peuvent monter que jusqu'à une certaine hauteur au-dessus du centre de la terre; car il faut nécessairement que la circulation fluide de la pure matière éthérée recommence en quelque endroit. Il est possible et très apparent qu'avant cela les deux circulations se seront mêlées, modifiées, altérées l'une l'autre; car la matière éthérée est partout en plus ou moins grande quantité ;

mais enfin il y a quelque hauteur où elle recommence à être sans mélange de matière atmosphérique; et il faut voir si cette hauteur peut être en quelque sorte déterminée, ou seulement conjecturée.

146. Puisque le passage de la circulation solide de l'atmosphère à la fluide de la pure matière éthérée se fait perpétuellement et constamment, il faut qu'il se fasse sans trouble, sans chocs de mouvemens contraires, par des degrés les plus doux qu'il se puisse. D'abord, la matière atmosphérique est plus atmosphérique à mesure qu'elle est plus basse, et toujours plus mêlée de matière éthérée à mesure qu'elle s'élève davantage, ce qui, comme on voit, dispose tout le reste à n'être plus que matière éthérée.

D'un autre côté, il faudrait que la vitesse de la circulation solide et celle de la circulation fluide pussent venir à s'accorder dans quelqu'un des cercles supposés, c'est-à-dire, à y être égales, ou du moins peu inégales, et alors il y aurait une certaine hauteur, un certain cercle où se ferait le passage de la circulation solide, ou mêlée à la circulation entièrement fluide.

Mais sur cet article des vitesses, il ne parait pas d'abord que les deux circulations puissent jamais se concilier. La solide est croissante comme les nombres naturels, la seconde décroissante en raison inverse des racines carrées de ces nombres, de sorte que l'une est toujours d'autant plus petite par rapport à l'autre, qu'elles sont plus avancées dans leur cours.

147. Cela sera toujours exactement vrai, et les deux vitesses ne pourront jamais s'accorder, si on conçoit qu'elles commencent l'une et l'autre par un même de

gré, c'est-à dire, si la vitessse de la rotation du corps central, qui produit la circulation solide de l'atmosphère, est la même vitesse que celle qu'aurait eue la surface d'un globe de matière éthérée mis en la place du corps central, et mu, comme faisant partie du reste du tourbillon dont la vitesse est connue; mais la chose n'est pas dans ces termes là. Le globe central de matière éthérée aurait eu une vitesse plus grande que celle du corps central qui détermine le premier degré de la circulation solide de l'atmosphère. Par exemple, la terre n'ayant par sa rotation en 24 heures que i de vitesse, on trouvera aisément que la dernière surface d'un globe égal de matière éthérée mis en sa place, aurait fait sa circulation en une heure, à en juger par la circulation que la lune, satellite de la terre, fait en 30 jours. Or, une heure est à 24: 1:16. Donc, la dernière surface de matière éthérée aurait eu, par sa circulation fluide, 16 fois plus de vitesse que n'en a la terre par są rotation. Or, il est possible que la vitesse croissante, qui commence par 1 et la décroissante qui commence par 16, viennent à se rencontrer; du moins y aura-t-il un point de leur cours où elles seront moins inégales que partout ailleurs.

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148. Pour voir ce qui en est, ayant d'un côté tous les rayons et les vitesses de la circulation solide, qui sont 1, 2, 3, 4, 5, etc., je prends les mêmes rayons pour ceux de la circulation fluide, et j'ai pour vitesse correspondante à la vitesse i de la circulation solide, la vitesse 16 par ma supposition. De là je tire aisément,

16

par la règle de Képler, la vitesse expression de la

,

vitesse de la circulation fluides qui répond au cercle

dont le rayon est 2. Enfin, toutes les vitesses de la circulation fluide, correspondantes aux cercles 16 16 16 16 16

1, 2, 3, etc., sont

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suite tou

jours décroissante comme elle doit l'être, dont le numérateur constant est le nombre dont le rapport à I marque de combien la circulation fluide commencerait par une plus grande vitesse que la solide, et dont les dénominateurs sont les racines carrées des rayons des cercles communs aux deux circulations.

Cela posé, il est visible que quand la vitesse de la

16

circulation fluide est8, elle est encore plus grande que 4, qui est la vitesse correspondante de la circulation solide. Mais quand la première de ces vitesses

16

est 5, elle est plus petite que la seconde qui V9

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est 9; et par conséquent entre les deux termes 4 et 9 de la circulation solide, et les correspondans de la

16

16 fluide et 1/4 V9

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les vitesses des deux circulations ont

passé par l'égalité. Ce passage a dû se faire entre les cercles qui avaient 6 et 7 pour rayons.

149. Dans l'exemple présent, le rayon du premier cercle est le demi-diamètre de la terre, qui est de 1500 lieues; et par conséquent le rayon du sixième cercle, jusqu'où s'étendrait pour le moins l'atmosphère de la terre, sera de 9,000 lieues.

150. Cette hauteur de l'atmosphère terrestre paraît excessive, surtout si on la compare aux 20 lieues qu'on lui a données d'abord sur le fondement de quelques expériences du baromètre. Mais il est certain que dans

la suite on a été obligé, par différentes observations et par de nouvelles considérations, d'augmenter toujours cette hauteur, et qu'enfin un très habile astronome vivanta osé la porter jusqu'à 10,000 lieues. Le tourbillon sera encore près de dix fois plus étendu ou plus haut, n'allât-il que jusqu'à la lune, où il pourrait bien ne se pas terminer; et sa grandeur peut empêcher que celle de l'enveloppe de la terre ne paraisse disproportionnée.

151. Mais on peut faire encore une réflexion plus appuyée sur la nature même des choses. L'atmosphère n'est presque, dans sa partie basse, qu'un amas confus d'air, de vapeurs et d'exhalaisons, le tout mêlé seulement d'autant de matière éthérée qu'il en faut pour remplir les interstices qui demeureraient vides : cette matière n'est là qu'en petite quantité; tout ce mélange est déterminé par la rotation de la terre, à prendre la circulation solide; c'est une espèce de violence que souffre la matière éthérée qui s'y trouve enfermée. A une région plus haute de l'atmosphère, il y a moins de matière atmosphérique, plus de matière éthérée qui s'oppsoe à la circulation solide, et tend à rétablir la fluide. Or, il est possible, et même vraisemblable, qu'il y ait enfin un lieu où la matière atmosphérique ne monte plus, et où cependant la circulation fluide ne soit pas encore rétablie; car la pesanteur et la grossièreté de la matière atmosphérique doivent très naturellement l'empêcher de monter, ou du moins l'arrêter à une assez petite hauteur; au lieu que la circulation solide, une fois prise par l'atmosphère, ne peut pas aisément se changer en la circulation fluide qui lui est tout opposée. Il faut que cela se fasse lentement et par degrés, même lorsque la matière éthérée sera dégagée

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