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maréchale d'Humières, dont le mari était parent de madame de Sévigné et de Bussy; madame du Puy du Fou', madame Duplessis-Bellière, les Créqui, les Guiche, les Sully; l'abbesse de Fontevrault, madame de Thianges, la comtesse de Fiesque, sa sœur, et sa voisine, cette belle madame de Vauvineux, que madame de Sévigné appelait Vauvinette; les Verneuil, les d'Entragues, la comtesse d'Olonne, la marquise de Courcelles, la marquise d'Huxelles, madame de Puisieux, et avec eux toute la société de la cour 2. Dans la robe, les d'Ormesson 3, le président et la présidente Amelot 4, les de Mesmes, les d'Avaux, que l'abbé de Coulanges recevait à Livry 5; les Colbert, les Pomponne, les Louvois. A cette nombreuse liste il faut ajouter encore, comme étant de la société intime de madame de Sévigné, toutes les personnes d'Aix

1 SÉVIGNÉ, Lettres (29 avril 1672), t. II, p. 490.

2 Sévigné, Lettres (13 mars 1671), t. I, p. 273. — CAylus, Mém., t. LXVI, p. 415. — SÉVIGNÉ, Lettres (24 avril, 23 décembre, 13 mai, 14 octobre 1671). · Ibid. (6 avril 1672), t. II, p. 451. (11 mars 1671), t. I, p. 369, édit. G.

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- Ibid.

3 TALON, Mémoires, t. LXII, p. 130 et 193. SAINT-SIMON, Mémoires, t. X, p. 151-153.

SÉVIGNÉ, Lettres (23 décembre

1671), t. II, p. 319 et 320.-SAINT-SIMON, Mémoires, t. III, p. 76, 133; t. IV, p. 36 et 253.

*SÉVIGNÉ, Lettres (12 et 18 février), t. II, p. 322 et 330.- CONRART, Mémoires, t. XLVIII, p. 33. — RETZ, Mémoires, t. XLVI, p. 87; t. XLVII, p. 217. TALLEMANT DES RÉAUX, Historiettes, t. IV, p. 340 et 342. Cette historiette de Tallemant, sur le président Amelot, est démentie par Conrart et les Mémoires contemporains les mieux informés.

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5 SÉVIGNÉ, Lettres (29 août 1672), t. II, p. 492. Ibid., an. nées 1671 et 1672, passim. Ibid. (13 mai 1671), t. II, p. 68, édit. G. BUSSY-RABUTIN, Lettres, t. V, p. 91, SAINT-SIMON, Mémoires, t. III, p. 47.

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qui avaient vu sa fille, tous ses amis et ses parents; Turpin de Crissé, comte de Sansei, et sa femme; Anne-Marie de Coulanges, le marquiset la marquise de la Trousse, ses cousins; enfin Retz, que madame de Sévigné appelait son cardinal. N'omettons par les beaux esprits du temps, Molière, Racine, Despréaux, qui lisait alors dans. ces sociétés le Lutrin et l'Art poétique, et la Fontaine le conteur; puis après, Guilleragues, Benserade, Corbinelli, Langlade', l'abbé de la Victoire; et encore d'autres alliés, d'autres parents, le duc de Brancas, la bonne madame de Troche (Trochaníre), bien établie à la cour, qui eut le talent de s'y faire beaucoup d'amis, et si jalouse de l'attachement que madame de Sévigné portait à madame de la Fayette 2. On peut remarquer que madame de Sévigné prend part à tout ce qui passe autour d'elle dans la haute sociéte, et que cependant elle est trèsexacte à se rendre à la messe des Minimes de la place Royale, qui était celle de la noblesse et du grand monde ; qu'elle ne manquait pas un sermon de Bourdaloue et de

1 SÉVIGNE, Lettres (13 mars 1671), t. I, p. 373, et 13 octobre 1673. 2 SÉVIGNÉ, Lettres (9 février 1671, 3 février 1672, 26 mars 1680, 2 mai 1689), t. I, p. 311; t. II, p. 372; t. VI, p. 416 — ( 2 mai 1689), édit. G. Ibid., t. I, p. 236; t. II, p. 315; t. VI, p. 210; t. IX, p. 295. SAINT-SIMON, Mémoires, t. IV. p. 311. - MONTPENSIER, Mémoires, t. III, p. 311.-- Lettres de SÉVIGNÉ, années 1671-1672 passim.SAINT-SIMON, Mémoires authentiques, t. I, p. 196; t. II, SOMAIZE, le Grand Dictionnaire des Précieuses, 1661, in-12, t. I, p. 79. SÉVIGNÉ, Lettres (20 et 27 avril 1671), t. II, p. 48 et 465, édit. G. — (22 août 1676 ), t. IV, p. 407, édit. G. (11 décembre 1675), t. IV, p. 240. (13 février, 1er mai 1672, 28 décembre 1673, 24 novembre 1679, 28 septembre 1680), t. I, p. 324; t. II, p. 54; t. III, p. 282; t. VI, p. 216, 217.-GOURVILLE, Mémoires, t. LII, p. 305 à 308.

p. 207.

Mascaron, ce qui ne l'empêchait pas d'aller aussi admirer la Champmeslé dans Bajazet, de se rendre à la belle fête donnée à l'hôtel de Guise pour le mariage de mademoiselle d'Harcourt et du duc de Cadaval 1, et d'assister à la magnifique pompe funèbre du chancelier Séguier. Sa plume trace le récit de la mort de la princesse de Conti, cette nièce de Mazarin, la mère des pauvres, tant regrettée; celle de MADAME douairière, qui laissait MADEMOISELLE maîtresse du Luxembourg : elle nous fait assister à l'incendie de l'hôtel du comte de Guitaud et aux noces du mariage de la belle la Mothe-Houdancourt avec le hideux duc de Ventadour 2.

Toutes ces occupations, tout ce monde ne faisaient pas oublier à madame de Sévigné Blanche, sa petite-fille, ni le fils de Bussy, étudiant au collége de Clermont 3. C'est surtout dans les six premiers mois de l'année 1672, si fertiles en grands événements militaires, que la correspondance de madame de Sévigné avec sa fille est très-active,

I SÉVIGNÉ, Lettres (16 janvier, 9 février 1671), t. I, p. 229-315, édit. G.; t. I, p. 225 et 238, édit. M. Ibid. (6 mai 1672), t. Ill, p. 7-11, édit. G.; t. II, p. 422, édit. M. Ibid. (27 février et 13 mars 1671), t. I, p. 347, 373, édit. M.— (27 juin, 13 mars), t. 1, p. 265 et 288, édit. M. - LA FAYETTE, Mémoires, t. LXIV, p. 422.

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· CONRART, Mémoires, t. XLVIII, p. 282.

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2 SÉVIGNÉ, Lettres (5 février 1672), t. II, p. 374, édit. G. - Ibid. (6 avril 1672), t. II, p. 450, édit. M. --L'abbé Guiton ou Guéton, mentionné dans la lettre sur l'incendie de l'hôtel du comte de Guitaud, était un ami du poëte Santeul. Voyez SANTOLII opera poetica, 1696, p. 361.-SÉVIGNÉ, Lettres (6 août 1672), t. II, p. 450, édit. G.- Recueil de gazettes (30 avril 1672), p. 1072. — Marguerite, duchesse douairière d'Orléans, mourut à cinquante-sept ans. 3 SÉVIGNÉ, Lettres (24 avril 1672), t. II, p. 475, édit. G.; t. II, p. 400, édit. M.

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et offre plus d'instruction pour l'histoire. Jamais elle ne mena une vie plus agitée et plus tourmentée. Le bruit courait que la guerre allait avoir lieu; son fils était parti pour l'armée ; non-seulement elle était privée de sa société, mais ses craintes maternelles étaient grandes1. Elle avait promis à sa fille de l'aller voir en Provence, et elle était dévorée du désir de remplir sa promesse; mais la maladie de sa tante la retenait à Paris. Chaque jour madame de la Trousse était près de sa fin, et cependant des semaines, des mois s'écoulaient dans des crises qui, sans donner aucun espoir de salut, ne permettaient pas de fixer l'époque du terme fatal. Tantôt madame de Sévigné espérait que la maladie traînerait en longueur; alors elle se décidait à se mettre en route; mais à peine sa résolution était-elle prise que des symptômes alarmants se manifestaient et que la crainte d'abandonner dans ses derniers moments cette tante qu'elle aimait la forçait à différer son départ. Cette alternative cruelle, ces anxiétés constantes, ce combat entre les pieux devoirs qu'elle remplis. sait près de sa parente et la privation de cette joie du cœur, qu'elle se promettait depuis si longtemps, d'aller rejoindre sa fille; ce projet de voyage, caressé par sa vive imagination, toujours près d'être exécuté et toujours différé, lui donnaient des mouvements d'impatience, et lui faisaient former des vœux que réprimaiert aussitôt de poignants remords. Cette torture de l'âme fut portée à son plus haut degré par la douleur que lui causa la mort du chevalier de Grignan, le plus aimable de tous ceux de son nom : il plaisait à sa fille,

'SÉVIGNÉ, Lettres (1er janvier, 17 février, 9 mars 1672 ), t. II, p. 329, 331, 418, 420, édit. G.; t. II, p. 279, 332, 355.

jusqu'à donner matière à la malignité des chansonniers ; il était aussi le compagnon de son fils, et fut pleuré par les deux familles 1. Madame de Sévigné, dans cet état de profonde tristesse et de découragement 2 qui nous fait souvent regretter d'avoir reçu une existence qui doit finir, exprime à sa fille ses plus intimes pensées, où tant de personnes sensibles et pieuses se reconnaîtront 3. « Vous me demandez, ma chère enfant, si j'aime toujours bien la vie. Je vous avoue que j'y trouve des chagrins cuisants; mais je suis encore plus dégoûtée de la mort : je me trouve si malheureuse d'avoir à finir tout ceci par elle que, si je pouvais retourner en arrière, je ne demanderais pas mieux. Je me trouve dans un engagement qui m'embarrasse je suis embarquée dans la vie sans mon consentement; il faut que j'en sorte, cela m'assomme. Et comment en sortirai-je? par où, par quelle porte? quand sera-ce? en quelle disposition? souffrirai-je mille et mille douleurs qui me feront mourir désespérée ? aurai-je un transport au cerveau ? mourrai-je d'un accident? comment serai-je avec Dieu? qu'aurai-je à lui présenter ? n'aurai-je aucun autre sentiment que celui de la peur? que puis-je espérer ? suis-je digne du paradis ? suis-je digne de l'enfer? Quelle alternative! quel embarras! Rien n'est si fou que de mettre son salut dans l'incertitude, mais rien n'est si naturel ; et la sotte vie que je mène est la chose du monde la plus aisée à comprendre. Je m'abîme dans ces pensées,

' SÉVIGNÉ, Lettres (10, 12, 24 février 1672). Voyez, ci-dessus, 2o partie des Mémoires, p. 286.

2 SÉVIGNÉ, Lettres ( 22 avril 1672), t. II, p. 469, édit. G.; t. II, p. 395, édit. M.

3 SÉVIGNÉ, Lettres (16 mars 1672), t. II, p. 424, édit. G.; t. II, p. 361, édit. M.

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