Oeuvres complètes de m. le vicomte de Chateaubriand: Les Natchez

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Page 135 - Je m'ennuie de la vie; l'ennui m'a toujours dévoré : ce qui intéresse les autres hommes ne me touche point. Pasteur ou roi, qu'aurais-je fait de ma houlette ou de ma couronne ? Je serais également fatigué de la gloire et du génie, du travail et du loisir, de la prospérité et de l'infortune. En Europe, en Amérique, la société et la nature m'ont lassé. Je suis vertueux sans plaisir; si j'étais criminel, je le serais sans remords. Je voudrais n'être pas né, ou être à jamais oublié.
Page 298 - Pompe nuptiale , digne de nos malheurs et de la grandeur de nos amours ; superbes forêts, qui agitiez vos lianes et vos dômes comme les rideaux et le ciel de notre couche ; pins embrasés, qui formiez les flambeaux de notre hymen; fleuve débordé , montagnes mugissantes , affreuse et sublime nature , n'étiez-vous donc qu'un appareil préparé pour nous tromper, et ne pûtes-vous cacher un moment dans vos mystérieuses horreurs la félicité d'un homme?
Page 313 - La lune prêta son pâle flambeau à cette veillée funèbre. Elle se leva au milieu de la nuit, comme une blanche vestale qui vient pleurer sur le cercueil d'une compagne. Bientôt elle répandit dans les bois ce grand secret de mélancolie qu'elle aime à raconter aux vieux chênes et aux rivages antiques des mers.
Page 325 - L'habitant de la cabane et celui des palais, tout souffre, tout gémit ici-bas; les reines ont été vues pleurant comme de simples femmes, et l'on s'est étonné de la quantité de larmes que contiennent les yeux des rois ! « Est-ce votre amour que vous regrettez?
Page 134 - Je vous ai tenue sur ma poitrine au milieu du désert, dans les vents de l'orage, lorsque, après vous avoir portée de l'autre côté d'un torrent, j'aurais voulu vous poignarder pour fixer le bonheur dans votre sein, et pour me punir de vous avoir donné ce bonheur.
Page 302 - Ah! si quelques générations, que dis-je ? si quelques années après votre mort, vous reveniez, hommes oubliés, au milieu, du monde, vous vous hâteriez de rentrer dans vos tombeaux , pour ne voir pas votre nom terni , votre...
Page 271 - Tous les lecteurs, si je ne me trompe, trouveront dans ce roman toute l'empreinte du talent le plus original. Il est possible de reprocher quelquefois trop déclat et de luxe à cette imagination si brillante et si féconde ; mais ce défaut dans un jeune écrivain est si excusable, et peut si facilement se corriger! Heureux celui qui, dans tous les genres, n'a besoin que d'être plus économe de ses richesses ! Au reste , quelles que soient les observations des juges les plus sévères, la profondeur...
Page 134 - Si enfin, Céluta, je dois mourir, vous pourrez chercher après moi l'union d'une âme plus égale que la mienne. Toutefois ne croyez pas désormais recevoir impunément les caresses d'un autre homme; ne croyez pas que de faibles embrassements puissent effacer de votre âme ceux de René. Je vous ai tenue sur ma poitrine au milieu du désert, dans les vents de l'orage...
Page 325 - Elle s'adresse à ces nombreuses victimes de l'exemple du jeune Werther, de Rousseau, qui ont cherché le bonheur loin des affections naturelles du cœur et des voies communes de la société. La brusque réprimande du missionnaire donne un grand effet à cette moralité, et fait mieux ressortir la triste vanité de ces jeunes gens...
Page 308 - ... admirables que le missionnaire fait sur Dieu et sur le bonheur des justes ? Comment il a pu comprendre le langage mystique de la religion catholique dans la bouche du prêtre , disant à Atala : « que les plaisirs de la chair révoltée ne sont que des douleurs ; que la couronne des Vierges se prépare pour elle , et que la Reine des Anges l'appelle pour la faire asseoir sur un trône de candeur, parmi les filles qui ont sacrifié leur beauté aux...

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