Y solicito el dolor (1). (Six Espagnols dansent.) TROIS MUSICIENS ESPAGNOLS. Ay! que locura, con tanto rigor Del nino bonito Ay! que locura ! Ay! que locura! ESPAGNOL chantant. El dolor solicita, El que al dolor se da : DEUX ESPAGNOLS. Dulce muerte es el amor UN ESPAGNOL. Alegrese enamorado TOUS TROIS ENSEMBLE. Vaya, vaya de fiesta, Vaya de bayle! Alegria, alegria, alegria! Que esto de dolor es fantasia (2). (1) Ces paroles espagnoles, et celles qui suivent, sentent ce qu'on appelle le gongorisme, c'est-à-dire le style précieux, obscur et guindé que mit en crédit Gongora, poëte dont les succès signalèrent ridiculement la fin du seizième siècle et le commencement du siècle suivant. L'original est à peine intelligible; je ne me flatte pas de le faire mieux comprendre dans une traduction. Celle qu'on va lire est presque littérale, et je ne la donne que pour ceux qui veulent tout connaître. « Je sais que je me meurs d'amour, et je recherche la douleur. « Quoique mourant de désir, je dépéris de si bon air, que ce que je « désire souffrir est plus que ce que je souffre; et la rigueur de mon «mal ne peut excéder mon désir. « Je sais, etc. « Le sort me flatte avec une pitié si attentive, qu'il m'assure la vie « dans le danger de la mort. Vivre d'un coup si fort est le prodige de mon salut. « Je sais, etc.» (A.) (2) TRADUCTION. « Ah! quelle folie de se plaindre de l'Amour avec « tant de rigueur ! de l'enfant gentil qui est la douceur même! Ah! quelle << folie! ah! quelle folie! « La douleur tourmente celui qui s'abandonne à la douleur ; et per QUATRIÈME ENTRÉE. ITALIENS. UNE MUSICIENNE ITALIENNE fait le premier récit, dont voici les paroles : Di rigori armata il seno, Ma si caro è 'l mio tormento, Ch' il penare è mio contento, Ahi! che più giova e piace, (Après l'air que la musicienne a chanté, deux Scaramouches, deux Trivelins et un Arlequin, représentent une nuit à la manière des comédiens italiens, en cadence. Un musicien italien se joint à la musicienne italienne, et chante avec elle les paroles qui suivent.) LE MUSICIEN ITALIEN Bel tempo che vola LA MUSICIENNE. Insi che florida Ride l' età, Che pur tropp' orrida, Da noi sen va. TOUS DEUX. Sù cantiamo, Sù godiamo, Ne' bei di di gioventù; Perduto ben non si racquista più. MUSICIEN. Puilla ch'è vaga «sonne ne meurt d'amour, si ce n'est celui qui ne sait pas aimer. « L'amour est une douce mort, quand on est payé de retour : et si nous << en jouissons aujourd'hui, pourquoi la veux-tu troubler? « Que l'amant se réjouisse, et adopte mon avis; car, lorsqu'on désire, << tout est de trouver le moyen. Allons, allons, des fêtes; allons, de la danse. Gai, gai, gai! la dou« leur n'est qu'une fantaisie. » (A.) Mill' alme incatena, Fà dolce la piaga, Felice la pena. MUSICIENNE. Ma poichè frigida TOUS DEUX. Sù cantiamo, Sú godiamo, Ne' bei di di gioventù; Perduto ben non si racquista più (1). (Après les dialogues italiens, les Scaramouches et Trivelins dansent une réjouissance.) CINQUIÈME ENTRÉE. FRANÇAIS. DEUX MUSICIENS POITEVINS dansent, et chantent les paroles qui suivent : PREMIER MENUET. Ah! qu'il fait beau dans ces bocages! AUTRE MUSICIEN. Le rossignol, sous ces tendres feuillages, Ce beau séjour, (1) Ayant armé mon sein de rigueurs, je me révoltai contre l'A«mour; mais je fus vaincue, avec la promptitude de l'éclair, en regar"dant deux beaux yeux. Ah! qu'un cœur de glace résiste peu à une flè" che de feu! " Cependant mon tourment m'est si cher, et ma plaie m'est si douce, que ma peine fait mon bonheur, et que me guérir serait une tyrannie. Ah! plus l'amour est vif, plus il a de charmes et cause de plaisir. « Le beau temps, qui s'envole, emporte le plaisir à l'école d'amour on apprend à profiter du moment. << Tant que rit l'âge fleuri, qui trop promptement, hélas! s'éloigne de " nous, « Chantons, jouissons dans les beaux jours de la jeunesse ; un bien « perdu ne se recouvre plus. « Un bel œil enchaîne mille cœurs; ses blessures sont douces ; le mal " qu'il cause est un bonheur. « Mais quand languit l'âge glacé, l'âme engourdie n'a plus de feux. « Chantons, jouissons dans les beaux jours de la jeunesse; un bien perdu ne se recouvre plus. » (A.) Ces doux ramages, Ce beau séjour Nous invite à l'amour. DEUXIÈME MENUET. TOUS DEUX ENSEMBLE. Vois, ma Climène, Vois, sous ce chêne, Ils n'ont rien dans leurs vœux Qui les gêne; De leurs doux feux Leur ȧme est pleine. Qu'ils sont heureux! Si tu le veux, Être comme eux. (Six autres Français viennent après, vêtus galamment à la poitevine, trois en hommes et trois en femmes, accompagnés de huit flûtes et de hautbois, et dansent les menuets, SIXIÈME ENTRÉE. Tout cela finit par le mélange des trois nations, et les applaudissements en danse et en musique de toute l'assistance, qui chante les deux vers qui suivent : Quels spectacles charmants ! quels plaisirs goûtons-nous ! FIN DU BOURGEOIS GENTILHOMME. LES FOURBERIES DE SCAPIN, COMÉDIE (1671). PERSONNAGES. ARGANTE, père d'Octave et de Zerbinette. ZERBINETTE, crue Égyptienne, et reconnue SCAPIN, valet de Léandre, et fourbe. NÉRINE, nourrice d'Hyacinthe. CARLE, fourbe. DEUX PORTEURS. La scène est à Naples. ACTEURS. HUBERT. DU CROISY. LA GRANGE. Mlle BEAUVAL. ACTE PREMIER. SCÈNE PREMIÈRE. OCTAVE, SILVESTRE. OCTAVE. Mlle MOLIÈRE. LA THORILLIÈRE. DE BRIE. Ah! fâcheuses nouvelles pour un cœur amoureux ! dures extrémités où je me vois réduit! Tu viens, Silvestre, d'apprendre au port que mon père revient? Et qu'il revient dans la résolution de me marier ? Qui. SILVESTRE. |