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intérêt à le faire ; c'est là qu'il faut chercher l'Agendicum, cette place forte où César a souvent mis en sûreté et de nombreuses légions et les bagages de toute son armée (1).

Les gens habiles et connaisseurs (2) qui ont soutenu unanimement, contre le sentiment de M. Opoix, que les murs de Provins ne dataient point du temps des Romains, mais des 12 et 13° siècles, ont fortement ébranlé la base de son système. Bien que nous ayons examiné le local avec soin, nous n'avons point acquis le droit de compter pour quelque chose notre opinion sur ce point de fait. Nous accorderons volontiers à M. Opoix, que les Romains, que César lui-même, ont bâti les fortifications dont il s'agit, Si, comme il a paru y incliner en dernier lieu (3), il veut que ce soit les Gaulois, nous ne nous montrerons pas moins faciles. Mais, ce que nous lui contesterons, c'est qu'il doive s'ensuivre nécessairement que Provins soit Agendicum. Pour prouver ce dernier fait, il faut, bon gré malgré, reprendre les livres ; et nous avons vu

(1) M. Opoix se fondait encore sur le nom de Gentico, qui se serait perpétué à Provins par une tradition populaire et dans une inscription sur une ancienne cloche; mais, ces deux faits ayant été contestés, et M. Opoix lui-même paraissant les abandonner [p. 15 de la suite de l'Histoire de Provins (1829)], nous n'avons pas à nous en occuper.

(2) M. Dulaure, et autres. Notice de M. Pacques, p. 66. (3) Suite de l'Histoire de Provins, p. 19, 1829.

qu'on y lit toute autre chose on y lit aussi que, dès 802 (1), Provins était appelé Pruvinum dans des actes publics.

veaux,

Nous avons épuisé, Messieurs, la discussion de tous les textes qui ont déjà été invoqués en faveur de l'opinion que nous regardons comme vraie. N'ayant pu avoir le mérite d'en découvrir de nounous nous sommes efforcés au moins d'en faire ressortir toute la valeur, et de les défendre contre des objections dont aucune n'a été dissimulée. Nous nous étonnons que des témoignages si concordans, si précis, n'aient pas subjugué la conviction des éditeurs des classiques latins, et de tous ceux qui, depuis, ont eu à s'expliquer sur cette question, comme ils ont fait celle des savans des deux derniers siècles, comme nous espérons qu'ils feront la vôtre. Vous concluerez done avec nous que Sens est l'Agendicum des Commentaires de César et des autres auteurs anciens, et de même que ce conquérant, en plusieurs occasions, a fait servir cette place de centre et de point d'appui à la marche de ses armées, de même les géographes et les antiquaires, maintenus dans la possession paisible de cette position d'Agendicum, continueront à le prendre pour point de départ, pour s'avancer à la reconnaissance d'un grand nombre de lieux et même de villes de la Gaule qui, jusqu'ici, ont échappé à leurs laborieuses recherches.

(1) Capitulaires de Charlemagne.

EXTRAIT

D'un Rapport fait à la Société, en sa séance du 18 mars 1831, au nom d'une Commission composée de cinq membres, chargée de rechercher les moyens de placer le Cabinet d'Histoire naturelle dans un local plus spacieux que celui qu'il occupe aujourd'hui, et susceptible de le rendre plus utile à l'instruction publique,

Par M. PIGEOTTE,

MEMBRE RÉSIDANT.

Circonstances qui avaient placé ce Cabinet sous la sauvegarde, la surveillance et la direction de l'ancienne Société d'Agriculture. Causes de la dissolution de cette Société. -Notes pour servir à l'éloge historique du docteur Serqueil.

M. Pigeotte, membre de l'ancienne Société d'Agriculture, s'est exprimé en ces termes :

MESSIEURS,

» Vous avez eu l'heureuse idée de rendre à leur destination les débris d'une collection minéralogique qui étaient absolument perdus pour la science,

puisque, depuis dix-sept ans, ils étaient restés ensevelis dans une armoire près de la bibliothèque de la ville, et entassés pêle-mêle avec des coquillages, des brochures, des animaux empaillés, et d'autres objets d'histoire naturelle plus ou moins dété

riorés.

» En vous chargeant de ce soin, et en confiant à l'un de vos Membres l'exécution des délibérations que vous avez prises à cet égard, vous n'avez pas seulement fait une chose utile; vous n'avez fait, Messieurs, il faut bien vous le dire, que remplir un devoir et acquitter les engagemens contractés par vos prédécesseurs et vos frères aînés les Membres de la Société d'Agriculture, du Commerce et des Arts du Département de l'Aube, instituée en 1798, et qui a continué d'exister ensuite, d'abord sous le titre de Lycée, puis sous celui de Société académique.

» Ceci demande quelques explications; et je me félicite d'être appelé à vous les donner, puisqu'en vous parlant des circonstances qui ont été les principales causes de la dissolution de notre ancienne Société et de la destruction du cabinet d'histoire naturelle, je ne puis me dispenser de rappeler à vos souvenirs les collègues honorables dont la perte a eu des conséquences si funestes, et de faire une mention toute particulière de celui d'entre eux qui doit être regardé comme le fondateur de ce cabinet; qui se proposait de donner à son œuvre les développemens que vous méditez, et qui l'eût assuré➡

ment fait, si la mort prématurée qui a suivi de près son acte de dévouement ne l'en eût empêché.

» Cette collection fut en effet formée à Troyes pour l'instruction des élèves de l'École centrale du département de l'Aube, par les soins du docteur Serqueil, nommé professeur des cours d'histoire naturelle, compris, ainsi que des cours de chimie, dans ce système d'enseignement; et, c'est aux liaisons qui existaient entre ce professeur et les conservateurs des cabinets de minéralogie et des musées de Paris, que notre École centrale dut de l'obtenir. Le local où elle fut alors placée et arrangée dans un ordre systématique était celui qui est destiné aujourd'hui aux cours de géométrie.

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Quelque peu considérable et quelqu'incomplète qu'elle fût encore, elle était cependant très - précieuse, en ce qu'elle était suffisante pour indiquer aux élèves, d'abord les caractères qui servent à établir les principales différences qui existent entre les substances minérales qui se trouvent, soit à la surface du globe, soit dans les entrailles de la terre, et ensuite les principales divisions des classifications minéralogiques, adoptées aujourd'hui dans les grands établissemens consacrés à l'instruction publique. Aussi, lorsque la dissolution des Écoles centrales fut accomplie, cette collection, concédée à la ville de Troyes avec les locaux affectés à ces Écoles, d'après un arrêté du Gouvernement du 30 frimaire an XI, fut mise sous la sauve-garde du Lycée, qui tenait alors ses séances particulières et générales

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