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leur maturité. Nous avons placé d'abord au milieu du champ un réverbère semblable à celui des rues, qui nous sert quelquefois l'hyver pour éclairer le battage pendant la veillée. Mais les sangliers étaient tellement affamés, qu'ils n'ont point interrompu leurs visites nocturnes, malgré cette brillante lumière. Nous avons eu recours alors aux piquets et aux guenilles, nous avons retiré le réverbère, et nous ne sommes plus incommodés par ces hôtes importuns. Ils s'imaginent sans doute voir de loin des hommes postés en sentinelle autour du champ. Il est certain que les braconniers qui vont à l'affut évitent de porter des couleurs tranchantes. Ils ont reconnu que le blanc et le rouge étaient remarqués de très-loin par ces bêtes farouches, et c'est peutêtre sur cette observation qu'on a imaginé ce simple procédé. Il n'est pas nécessaire que les piquets soient contigus. On en place deux à 6 ou 7 pieds de distance, dix pas plus loin deux autres, avec l'attention de ne pas les mettre dans la même di

rection. »

EXTRAIT

D'une Lettre de Mr A. DE M***, au Secrétaire perpétuel, du 28 Mars 1830.

« Je crois devoir vous informer que les rigueurs de l'hiver ont été bien funestes à l'espèce de pins » connus sous la dénomination de pins maritimes, » du Mans ou de Bordeaux. Les jeunes, au-dessous » de 6 ans, ont péri, ceux au-dessus de 12 ans ont perdu quelques branches, et ceux qui sont plus âgés en sont quittes pour la perte de leurs feuilles, » ce qui se réparera facilement. Il me semble utile » de donner cet avis pour ne pas propager cette espèce dans notre Département. Cependant il est posible que, dans des terres moins humides et plus légères, elle ait moins souffert, etc.

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» Le seigle de mars est bien levé, il est superbe.»

Nos concitoyens qui se livrent à la culture du pin maritime, du Mans ou de Bordeaux, sont invités à faire connaître à la Société, par l'entremise de son Secrétaire perpétuel, l'effet qu'ont produit les gelées d'hiver sur cette sorte de végétal. Il est bien temps de fixer les idées sur ce point, de savoir si, comme le prétendent certains écrivains, notre climat, qui n'est point tempéré par les brises de mer, n'est pas trop rigoureux pour cette sorte de pins, dont le mérite est de venir rapidement, mais dont le défaut est de ne donner que des produits d'une qualité inférieure.

A TROYES, DE L'IMPRIMERIE DE SAINTON, FILS.

DE LA

SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES

DU DÉPARTEMENT DE L'AUBE.

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Prononcé en la séance publique de la Société d'Agriculture,
Sciences, Arts et Belles-Lettres de l'Aube,

Par Mr CORRARD DE BREBAN,
Président annuel.

MESSSIEURS,

LORSQUE les auteurs livrent leurs ouvrages au hasard d'un jugement public, ils cherchent d'abord, par une introduction habilement préparée, à désarmer la sévérité de l'auditoire et à se concilier sa faveur. Ici ces préliminaires sont inutiles, quel que

soit le succès des efforts qui seront faits pour mé riter vos suffrages la nature seule de cette solennité doit vous plaire et commande tout votre intérêt.

Au milieu de la préoccupation générale des esprits qui cherchent à lire dans l'avenir les destinées du pays, et qui s'épuisent dans des vœux et des craintes diverses, lorsqu'une politique envahissante se reproduit partout et sous toutes les formes, dans le monde, dans les livres, au théâtre, au barreau ; quand son langage austère est parlé par la jeunesse elle-même et se retrouve jusques sur les lèvres de la beauté, il est doux de se trouver quelques instans réunis sur un terrain neutre et de s'occuper de travaux auxquels tous doivent applaudir; car ils ont eu pour but d'instruire les hommes sur des intérêts précieux et d'augmenter la somme de leurs jouissances. Ici l'âme ne doit s'ouvrir qu'aux impressions les plus aimables : c'est la fête de l'agriculteur; ce nom rappelle les tableaux si doux et si frais de la vie champêtre, et quel moment mieux choisi pour la célébrer que celui où la nature est parée de tous les charmes de l'espérance, en attendant qu'elle nous comble de tous ses dons?

C'est la fête des sciences, qui, enlevant l'homme à ce qu'il a de terrestre, lui permet de s'avancer dans la connaissance des lois de cet univers jusqu'au point marqué par son immortel auteur.

C'est la fête des lettres, dont l'orateur romain disait avec tant de vérité qu'elles consolaient de l'in

fortune et embellissaient le bonheur même ; ces lettres, qui, alors même qu'elles ne donnent pas la gloire, procurent toujours les plus nobles et les plus aimables délassemens.

Trop souvent, dans les séances publiques, la Société d'Agriculture a eu l'occasion de faire entendre ses plaintes sur les causes qui rendent incomplet le bien qu'elle voudrait faire ; sur l'apathie routinière qui repousse sans examen les conseils qu'on lui donne; sur le retard que met le plus grand nombre de ses collaborateurs à remplir les engagemens que ce titre leur impose, et à apporter en commun leurs lumières et leur expérience. Nous aurions encore à dire sur ce sujet des choses bien tristes et bien vraies; mais, en ce jour, il convient mieux de détourner les regards de ce que le présent peut offrir d'affligeant pour s'abandonner avec confiance à l'avenir. L'avenir est le pays des illusions : on peut s'y créer à volonté un âge d'or où tous les dédommagemens sont obtenus, tous les obstacles aplanis, tous les vœux exaucés. On pourrait même dire que certains présages semblent autoriser les suppositions les plus flatteuses. En effet, long-temps, dans ces solennités annuelles, nous restions solitaires et délaissés de tous, et voilà que, depuis quelques années, cette enceinte suffit à peine à l'honorable empressement de nos auditeurs ; de sorte qu'il n'est plus vrai de dire qu'un public manque pour encourager nos travaux, mais qu'il s'agit, au contraire, de rendre ces travaux dignes

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