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avancé, qu'en ne consultant point l'état de la jument pour la livrer à l'étalon on s'exposait à n'avoir que très-peu de productions.

Et en effet, Messieurs, quand un étalon coureur arrive dans une Commune où il y a beaucoup de jumens, les propriétaires ne lui en présentent pas d'autres que celles qui donnent des signes certains de chaleur. Aussi l'argent et le temps ne se trouvent que très-rarement perdus. Comme cet étalon revient souvent dans la même Commune, il finit par servir toutes les jumens; mais, ne servant que celles que la nature a disposées à le recevoir, une grande partie se trouve fécondée. Cet étalon, parcourant les campagnes, prend de l'exercice, et, lorsqu'il n'est pas occupé à la reproduction, il travaille à la culture des terres comme tout autre cheval. Nous jouirions de tous ces avantages au moyen des primes que nous proposons de donner aux cultivateurs qui se chargeraient d'avoir un bel étalon.

Comme depuis 40 ans, par suite de la vente des biens du clergé et de ceux de beaucoup d'autres propriétaires très-opulens, les campagnes se sont fort enrichies, nous croyons qu'il se présenterait pour avoir les primes de Garde-Etalon, dans chaque Commune suffisamment garnie de jumens, plus de -cultivateurs qu'il n'en faudrait, et que l'on aurait à choisir parmi eux celui chez lequel on trouverait plus d'aisance ou qui ferait la soumission d'avoir le plus beau cheval.

Nous avons dans les pays de terres très-fortes (qui sont en assez grand nombre dans notre Département) beaucoup de fermiers qui ont jusqu'à 20 et 30 jumens (on en met jusqu'à 12 sur une charrue), chacun de ces cultivateurs a chez lui un petit cheval qui ne vaut pas 200 fr. et qui lui sert d'étalon. Au moyen des primes proposées, on verrait tous ces vilains chevaux remplacés par de jolis chevaux des environs d'Alençon ou de St.-Lô, qui vu leur petite taille, ne se vendent pas plus de 800 fr. et dont la majeure partie est coupée pour faire à Paris des chevaux de selle ou de cabriolet. Ces fermiers dont nous parlons, n'ayant pas besoin de chevaux de plus de 7 à 8 pouces, choisiraient pour le prix que nous venons d'indiquer, et avant peu nous verrions ces fermes garnies de chevaux, sinon beaux, du moins passables; en suivant la même marche avec persévérance, on finirait par avoir une race de chevaux fort belle, mais de petite taille, puisque les chevaux plus forts ne conviennent pas pour la culture de ces fortes terres. Là, en peu d'années, le Gouvernement trouverait des chevaux pour remonter la cavalerie légère, chose que l'on ne verra jamais, si l'on n'emploie le moyen indiqué.

'Nous pensons, Messieurs, que les haras ne conviennent que pour avoir des chevaux de selle trèsfins, parce que les cultivateurs ne pourraient se procurer des étalons arabes, anglais, andalous, etc., tels qu'il les faut pour obtenir des chevaux précieux. Mais, pour tous les autres chevaux, nous

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pensons qu'il faut laisser faire l'industrie : il suffit de l'encourager.

Nous ne pouvons, Messieurs, entrer dans plus de détails sur cette affaire, faute de renseignemens que l'Administration seule nous pourrait donner sur le nombre des jumens qui sont dans les villages situés sur les bords des principales rivières. Avec cet état, nous verrions le nombre d'étalons nécessaires, la dépense que le tout pourrait occasionner,

etc.

Votre Commission, Messieurs, tout en n'adoptant pas, sous plus d'un rapport, les vues parfaitetement exprimées par M. le Comte de Montendre, n'en apprécie pas moins beaucoup le mérite de son Mémoire, et pense, comme cet auteur, qu'il serait à souhaiter qu'un semblable travail fût entrepris dans chaque circonscription des dépôts royaux d'étalons de la France.

ÉPIZOOTIE.

DEPUIS quelque temps une épizootie très-grave s'est manifestée, sur plusieurs points de ce Département, parmi les bêtes à laine et celles à cornes. Elle a fait de grands ravages et s'exerce encore en ce moment avec une forte intensité.

En apprenant ces graves dommages, la Société d'Agriculture ne pouvait y rester indifférente; aussi M. le Secrétaire perpétuel invitait-il déjà ses Collègues à recueillir des documens à ce sujet, lorsque M. le Préfet de l'Aube vint, à la séance du 19 février dernier, appeler l'attention de la Société sur cette terrible maladie.

Ce Magistrat, qui, dans sa généreuse sollicitudé, désirait vivement qu'on pût apporter quelques remèdes à ce fléau, ou du moins qu'on en recherchât les causes pour en prévenir le retour, s'il est possible, a invité la Société d'Agriculture à nommer dans son sein une Commission pour atteindre ce but.

Cette demande fut accueillie avec empressement, et la Commission fut composée de MM. Dubois, Fortier, Pigeotte, Louis Vernier et Delaporte.

Les Membres de cette Commission, ayant jugé utile de réunir d'abord tous les renseignemens pos

sibles sur cette épizootie, ont rédigé, à cet effet, une série de questions qu'ils ont adressées à tous les Membres associés, et que M, le Préfet a envoyées à tous les Maires des Communes de ce Département, avec une lettre dans laquelle il les prie d'y faire une réponse prompte et précise.

Voici ces questions auxquelles tous ceux qui ont observé la maladie sont priés de répondre.

Série de Questions à résoudre sur les maladies des bêtes à laine, etc.

1. S'est-il manifesté dans votre Commune, ou dans celles que vous visitez, quelques maladies dominantes sur les bestiaux ?

2o. Ont-elles frappé les bêtes à laine ?

3. Quels sont les âges et le sexe qui ont été le plus affectés ?

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4°. Quel nom donne-t-on à cette maladie ?

5. Quels sont les symptômes et les accidens qui accompagnent les diverses périodes de la maladie? 6. Quelle en est la cause présumée ?

7. Tous les animaux atteints ont-ils succombé ? 8. A l'ouverture du cadavre quels organes ou tissus a-t-on trouvés lésés, altérés ou seulement affectés ?

9. Quelles observations a-t-on été à même de faire ?

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