Félicité; étude sur la poësie de Marceline Desbordes-Valmore: suivie d'un essai de classification de ses motifs d'inspiration

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A. Lemerre, 1894 - 203 pages
 

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Page 46 - A vingt ans, des peines profondes m'obligèrent de renoncer au chant, parce que ma voix me faisait pleurer; mais la musique roulait dans ma tête malade, et une mesure toujours égale arrangeait mes idées, à l'insu de ma réflexion. « Je fus forcée de les écrire pour me délivrer de ce frappement fiévreux, et l'on me dit que c'était une élégie (le Pressentiment). • M. Alibert, qui soignait ma santé devenue fort frêle, me conseilla d'écrire, comme un moyen de guérison, n'en connaissant...
Page 63 - S'animeront pour toi quand devant notre porte Les grands pays muets longuement s'étendront. Nous marcherons ainsi, ne laissant que notre ombre Sur cette terre ingrate où les morts ont passé ; Nous nous parlerons d'eux à l'heure où tout est sombre, Où tu te plais à suivre un chemin effacé, A rêver, appuyée aux branches incertaines, Pleurant, comme Diane au bord de ses fontaines, Ton amour taciturne et toujours menacé.
Page 199 - J'irai, j'irai lui dire, au moins avec mes larmes : ' Regardez, j'ai souffert . . .' Il me regardera, Et sous mes jours changés, sous mes pâleurs sans charmes, Parce qu'il est mon père il me reconnaîtra. Il dira : ' C'est donc vous, chère âme désolée ! La terre manque-t-elle à vos pas égarés ? Chère âme, je suis Dieu : ne soyez plus troublée ; Voici votre maison, voici mon cœur, entrez...
Page 199 - O clémence ! ô douceur ! ô saint refuge ! ô Père ! Votre enfant qui pleurait vous l'avez entendu ! Je vous obtiens déjà, puisque je vous espère Et que vous possédez tout ce que j'ai perdu. Vous ne rejetez pas la fleur qui n'est plus belle; Ce crime de la terre au ciel est pardonné. Vous ne maudirez pas votre enfant infidèle, Non d'avoir rien vendu, mais d'avoir tout donné.
Page 126 - En laisser les lambeaux aux ronces des martyres, C'est ma vie. Un roseau semble plus fort que moi ; Je ne m'appuie à rien que je ne tombe à terre : Et je chante pourtant l'ineffable mystère...
Page 197 - Couronne Effeuillée, J'IRAI, j'irai porter ma couronne effeuillée Au jardin de mon père où revit toute fleur ; J'y répandrai longtemps mon âme agenouillée : Mon père a des secrets pour vaincre la douleur. J'irai, j'irai lui dire, au moins avec mes larmes :
Page 193 - Si l'enfant sommeille, II verra l'abeille, Quand elle aura fait son miel, Danser entre terre et ciel. Si l'enfant repose, Un ange tout rosé, Que la nuit seule on peut voir. Viendra lui dire :
Page 197 - C'est le moins envié, c'est le meilleur peut-être ; Je n'ai plus à mourir à mes liens de fleurs. Ils vous sont tous rendus, cher auteur de mon être, Et je n'ai plus à moi que le sel de mes pleurs. Les fleurs sont pour l'enfant, le sel est pour la femme Faites-en l'innocence et trempez-y mes jours.
Page 33 - Ce fut un jour, pareil à ce beau jour, Que, pour tout perdre, incendiait l'amour. C'était un jour de charité divine Où dans l'air bleu l'éternité chemine, Où, dérobée à son poids étouffant, La terre joue et redevient enfant. C'était, partout, comme un baiser de mère ; Long rêve errant dans une heure éphémère, Heure d'oiseaux, de parfums, de soleil, D'oubli de tout... hors du bien sans pareil...
Page 37 - Faites-en l'innocence et trempez-y mes jours. Seigneur ! quand tout ce sel aura lavé mon âme, Vous me rendrez un cœur pour vous aimer toujours...

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