Avant d'aller tout uniment Parler au baron votre père SANCHETTE. Ah! je vous entends bien; mais moi, que dois-je faire ? Rien. HERNAND. SANCHETT E. Comment, rien du tout? HERNAND. Le goût, la dignité Confiftent dans la gravité, Dans l'art d'écouter tout finement fans rien dire, Sous des noms empruntés, devant vous paraîtra ; En filence triomphera. SANCHETTE. Je comprends fort peu tout cela; Mais je vous avoûrai que je fuis enchantée SCENE V I. SANCHETTE et HERNAND font fur le devant, LA PRINCESSE DE NAVARRE arrive par un des côtés du fond fur le théâtre, entre DON MORILLO et LE DUC DE FOIX; Suite. LEONOR à Morillo. Oui, Monfieur, nous allons partir. LE DUC DE FOIX à part. Amour, daigne éloigner un départ qui me tue. SANCHETTE à Hernand. On ne commence point. Je ne puis me tenir; Que vois-je, ô Ciel fuis-je trahie? LEONO R. La frayeur trouble tous mes fens. (les guerriers entrent fur la scène, précédés de trompelles, et tous les acteurs de la comédie fe rangent d'un côté du théâtre.) UN GUERRIER chantant. Jeune beauté, ceffez de vous plaindre, Banniffez vos terreurs, C'est vous qu'il faut craindre: C'est vous qu'il faut craindre, LE CHOEUR répète. Jeune beauté, ceffez de vous plaindre, &c. (marche de guerriers danfans.) UN GUERRIER. Lorsque Vénus vient embellir la terre, Défarmé dans fes bras, fourit au tendre Amour. Des invincibles guerriers; Et le charmant Amour eft fur un lit de rofe LE CHOEUR. Jeune beauté, ceffez de vous plaindre, &c. UN (on danfe.) GUERRIER. Si quelque tyran vous opprime, Il va tomber la victime De l'amour et de la valeur ; Il va tomber fous le glaive vengeur. Tout doit s'armer; L'amour, la vengeance Doit nous animer. LE CHOEUR répète. A votre préfence Tout doit s'enflammer, &c. CONSTANCE à Léonor. Je l'avoûrai, ce divertiffement Me plaît, m'alarme davantage ; LEONO R. Bon, c'eft pure galanterie, C'eft un air de chevalerie, Que prend le vieux baron pour faire l'important. (la princeffe veut s'en aller, le chœur l'arrête en chantant) Demeurez, préfidez à nos fêtes ; Que nos cœurs foient ici vos conquêtes. Tout l'univers doit vous rendre L'hommage qu'on rend aux dieux ; Un hommage plus tendre, LE Et que nos cœurs foient vos conquêtes. (les acteurs du divertissement rentrent par le même portique.) (pendant que Conftance parle à Léonor, don Morillo, qui eft devant elles, leur fait des mines ; et Sanchette qui eft alors auprès du duc de Foix, le tire à part fur le devant du théâtre.) SANCHETTE au duc de Foix. Ecoutez donc, mon cher amant ; L'aubade qu'on me donne eft étrangement faitè : A cette dame-ci tout s'adreffe en ces lieux : LE DUC DE FOIX. Croyez-moi, taifons-nous; l'Amour refpectueux Doit avoir quelquefois fon bandeau fur la bouche, Bien plus encor que fur les yeux. SANCHET TE. Quel bandeau, quels refpects! ils font bien ennuyeux! Eh bien, que dites-vous de notre férénade? LEONOR. Et la tante et la nièce y trouvent mille appas. * H |