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<< Carpentras deux mors de bride aussi faits de ces <«< clous, et on en fait voir encore en d'autres endroits. << Il est vrai qu'on a la discrétion de dire de quelques << uns, tantôt que c'est la pointe, et tantôt que c'est

<< la tête. >>

Le missionnaire parle sur le même ton de toutes les reliques. Il dit au même endroit que lorsqu'on apporta de Jérusalem à Rome le corps du premier diacre saint Étienne, et qu'on le mit dans le tombeau du diacre saint Laurent, en 557, «saint Laurent se retira de lui<< même pour donner la droite à son hôte; action qui <«<lui acquit le surnom de civil Espagnol *. »

Ne fesons sur ces passages qu'une réflexion, c'est que si quelque philosophe s'était expliqué dans l'En

a Ce même missionnaire Labat, frère prêcheur, provéditeur du saint-office, qui ne manque pas une occasion de tomber rudement sur les reliques et sur les miracles des autres moines, ne parle qu'avec une noble assurance de tous les prodiges et de toutes les prééminences de l'ordre de saint Dominique. Nul écrivain monastique n'a jamais poussé si loin la vigueur de l'amour-propre conventuel. Il faut voir comme il traite les bénédictins et le P. Martène. «<*Ingrats bénédictins!... Ah P. Martène!... noire ingratitude, « que toute l'eau du déluge ne peut effacer!... vous enchérissez sur les Lettres «provinciales, et vous retenez le bien des jacobins! Tremblez, révérends bé

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«

‹ nédictins de la congrégation de Saint-Vannes... Si P. Martène n'est pas content, il n'a qu'à parler. »

C'est bien pis quand il punit le très judicieux et très plaisant voyageur Misson, de n'avoir pas excepté les jacobins de tous les moines auxquels il accorde beaucoup de ridicule. Labat traite Misson de bouffon ignorant qui ne

peut être lu que de la canaille anglaise. Et ce qu'il y a de mieux, c'est que

ce moine fait tous ses efforts pour être plus hardi et plus drôle que Misson. Au surplus, c'était un des plus effrontés convertisseurs que nous eussions; mais en qualité de voyageur il ressemble à tous les autres, qui croient que tout l'univers a les yeux ouverts sur tous les cabarets où ils ont couché, et sur leurs querelles avec les commis de la douane.

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Voyages de Labat (en Espagne et en Italie), tome V, depuis la page 303 jusqu'à la page 313.-Cette citation est de Voltaire. B.

cyclopédie comme le missionnaire dominicain Labat, une foule de Patouillets et de Nonottes, de Chiniacs, de Chaumeix, et d'autres polissons, auraient crié au déiste, à l'athée, au géomètre.

Selon ce que l'on peut être

Les choses changent de nom.

AMPHITRYON, Prologue.

COHÉRENCE, COHÉSION, ADHÉSION1.

Force par laquelle les parties des corps tiennent ensemble. C'est le phénomène le plus commun et le plus inconnu. Newton se moque des atomes crochus par lesquels on a voulu expliquer la cohérence; car il resterait à savoir pourquoi ils sont crochus, et pourquoi ils cohérent.

Il ne traite pas mieux ceux qui ont expliqué la cohésion par le repos : «C'est, dit-il, une qualité occulte. »

Il a recours à une attraction; mais cette attraction qui peut exister, et qui n'est point du tout démontrée, n'est-elle pas une qualité occulte? La grande attraction des globes célestes est démontrée et calculée. Celle des corps adhérents est incalculable: or, comment admettre une force immensurable qui serait de la même. nature que celle qu'on mesure?

Néanmoins, il est démontré que la force d'attraction agit sur toutes les planètes et sur tous les corps. graves, proportionnellement à leur solidité; donc elle agit sur toutes les particules de la matière; donc il est très vraisemblable qu'en résidant dans chaque

I

Questions sur l'Encyclopédie, quatrième partie, 1771. B.

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COHERENCE, COHÉSION, ADHÉSION.

partie par rapport au tout, elle réside aussi dans chaque partie par rapport à la continuité; donc la cohérence peut être l'effet de l'attraction.

Cette opinion paraît admissible jusqu'à ce qu'on trouve mieux; et le mieux n'est pas facile à rencontrer.

COLIMAÇONS.-COMMERCE 2.

CONCILES 3.

SECTION PREMIÈRE.

Assemblée d'ecclésiastiques convoquée pour résoudre des doutes ou des questions sur les points de foi ou de discipline.

L'usage des conciles n'était pas inconnu aux sectateurs de l'ancienne religion de Zerdusht que nous appelons Zoroastre. Vers l'an 200 de notre ère vulgaire, le roi de Perse Ardeshir-Babecan assembla quarante mille prêtres pour les consulter sur des doutes qu'il avait touchant le paradis et l'enfer qu'ils nomment la

1 L'article que les Questions sur l'Encyclopédie comprenaient sous ce titre avait deux sections : la première se composait de la première Lettre du R. P. Lescarbotier (voyez Mélanges, année 1768); la seconde, d'un fragment de la Dissertation d'un physicien de Saint-Flour, fesant partie de la troisième Lettre du R. P., et d'un fragment de la Réflexion de l'éditeur. B. 2 Cet article, que les éditeurs de Kehl n'ont donné que dans leur errata, se composait de la dixième des Lettres philosophiques (Mélanges, année 1734). B.

3 Comme le fond de ces trois sections de l'article CONCILES est absolument le même, nous croyons devoir répéter ici que les différentes sections qui composent chaque article, tirées presque toujours d'ouvrages publiés séparément, doivent renfermer quelques répétitions; mais comme le ton de chaque article, les réflexions, ou la manière de les présenter, diffèrent presque toujours, nous avons conservé ces articles dans leur entier. K.

a Hyde, Religion des Persans, chap. xx1.

géhenne, terme que les Juifs adoptèrent pendant leur captivité de Babylone, ainsi que les noms des anges et des mois. Le plus célèbre des mages Erdaviraph ayant bu trois verres d'un vin soporifique, eut une extase qui dura sept jours et sept nuits, pendant laquelle son ame fut transportée vers Dieu. Revenu de ce ravissement, il raffermit la foi du roi en racontant le grand nombre de merveilles qu'il avait vues dans l'autre monde, et en les fesant mettre par écrit.

On sait que Jésus fut appelé Christ, mot grec qui signifie oint, et sa doctrine christianisme, ou bien évangile, c'est-à-dire bonne nouvelle, parcequ'un joura de sabbat, étant entré, selon sa coutume, dans la synagogue de Nazareth, où il avait été élevé, il se fit à lui-même l'application de ce passage d'Isaïe qu'il venait de lire : « L'esprit du Seigneur est sur << moi, c'est pourquoi il m'a rempli de son onction, « et m'a envoyé prêcher l'Évangile aux pauvres. » Il est vrai que tous ceux de la synagogue le chassèrent' hors de leur ville, et le conduisirent jusqu'à la pointe de la montagne sur laquelle elle était bâtie, pour le précipiter, et ses proches vinrent pour se saisir de lui: car ils disaient et on leur disait qu'il avait perdu l'esprit. Or il n'est pas moins certain que Jésus déclara constamment qu'il n'était pas venu détruire la loi ou les prophètes, mais les accomplir.

Cependant comme il ne laissa rien par écrit, ses premiers disciples furent partagés sur la fameuse

b

* Luc, chap. iv, v. 16.— Þ Isaïe, ch. LXI, v. 1; Luc, ch. iv, v. 18.—©Marc, ch. 111, v. 21.- Matthieu, ch. v, v. 17.— Saint Jérôme, sur le chapitre XLIV,

V. 29 d'Ézéchiel.

question s'il fallait circoncire les gentils, et leur ordonner de garder la loi mosaïquea. Les apôtres et les prêtres s'assemblèrent donc à Jérusalem pour examiner cette affaire; et après en avoir beaucoup conféré, ils écrivirent aux frères d'entre les gentils qui étaient à Antioche, en Syrie et en Cilicie, une lettre dont voici le précis : « Il a semblé bon au Saint-Esprit et à <«< nous de ne vous point imposer d'autre charge que <«< celles-ci qui sont nécessaires: savoir, de vous abste<«<nir des viandes immolées aux idoles, et du sang, et « de la chair étouffée, et de la fornication. »

La décision de ce concile n'empêcha pas que" Pierre étant à Antioche ne discontinua de manger avec les gentils que lorsque plusieurs circoncis qui venaient d'auprès de Jacques furent arrivés. Mais Paul voyant qu'il ne marchait pas droit selon la vérité de l'Évangile, lui résista en face, et lui dit devant tout le monde: Si vous, qui êtes Juif, vivez comme les gentils, et non pas comme les Juifs, pourquoi contraignez-vous les gentils à judaïser? Pierre en effet vivait comme les gentils depuis que, dans un ravissement d'esprit, il avait vu le ciel ouvert, et comme une grande nappe qui descendait par les quatre coins du ciel en terre, dans laquelle il y avait de toutes sortes d'animaux terrestres à quatre pieds, de reptiles et d'oiseaux du ciel; et qu'il avait ouï une voix qui lui avait dit: Levez-vous, Pierre, tuez et mangez.

a Actes, ch. xv, V. 5.- b Galat., ch. 11, v. 11-12.

1 Galat., ch. II, v. 14. B.

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