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4 LA COMMAGÈNE, vil. Samosate;

5 LA CÉLÉSYRIE, vil. Zeugma, Thapsacus, Palmyre, Damas.

V. L'ARABIE PÉTRÉE, vil. Petra, Bostra; mont. Casius; DÉSERTE, HEUREUSE.

LIVRE TROISIÈME.

HISTOIRE DES ASSYRIENS.

Ce troisième livre renfermera l'histoire de l'empire des Assyriens, tant de Ninive que de Babylone, du royaume des Mèdes et de celui des Lydiens.

CHAPITRE PREMIER.

PREMIER

EMPIRE DES ASSYRIENS.

§ I. Durée de cet empire.

L'EMPIRE des Assyriens a été sans contredit l'un des plus puissants empires du monde. Les auteurs se partagent en deux sentiments principaux sur le temps qu'il a subsisté. Les uns, comme Diodore de Sicile, lui donnent quatorze cents ans de durée; les autres ne lui en donnent que cinq cent vingt, et c'est ce que pense Hérodote. L'affaiblissement, et peut-être même l'interruption du pouvoir dans ce vaste empire, ont pu donner lieu à cette différence de sentiments; ce qui semble voir aussi en quelque sorte les concilier.

pou

Porphyr. apud Simplic. in [Aristot.]

lin. 18

ed. Ald.]

L'histoire de ces temps reculés est si obscure, les monuments qui nous l'ont conservée si opposés entre eux, les systêmes des modernes sur cette matière si différents les uns des autres, qu'il est difficile de donner aucun sentiment comme certain et incontestable. Au défaut de la certitude, je crois qu'un lecteur raisonnable peut se contenter de la vraisemblance; et il me semble qu'on ne peut guère se tromper en donnant à l'empire des Assyriens la même antiquité qu'à la ville de Babylone, qui en était la capitale. Or, l'Écriture sainte nous apprend que celle-ci fut bâtie celle-ci fut bâtie par Nemrod, qui fut certainement un grand conquérant, et, selon toutes les apparences, le premier et le plus ancien de tous ceux qui ont ambitionné ce nom.

Les Babyloniens, comme Callisthène, philosophe de la suite d'Alexandre, l'écrivit à Aristote, comptaient au 1. 2, de cœlo. moins 1903 ans d'antiquité lorsque ce prince entra [Pag. 123, triomphant dans Babylone; ce qui fait remonter son origine à l'an du monde 1771, c'est-à-dire, 1-15 ans après le déluge. Ce calcul, à peu d'années près, revient au temps où nous croyons que Nemrod en jeta les fondements. Ce témoignage de Callisthène, dont il n'est point parlé ailleurs, paraît suspect à quelques savants; mais sa conformité avec l'Écriture doit le rendre respectable 2.

1 Ceux qui voudront approfondir cette matière pourront lire les dissertations de M. l'abbé Banier et de M. Fréret sur l'empire des Assyriens, dans les mémoires de l'académie des Belles-Lettres, les premières, t. III, et les autres, t. V; et ce qu'a écrit sur ce sujet le P. Tournemine, dans son édition de Ménochius.

2 Dans un mémoire sur les observations de Callisthène, M. Larcher en rejette entièrement l'authenticité, d'après les mêmes arguments qui avaient déja servi à Marsham, Dodwell, Stanley, le Clerc, etc. (V. Mémoir, de la Classe d'Hist. de l'Institut. t. IV, p. 458, suiv.) — L.

C'est sur ces conjectures que je crois pouvoir donner Nemrod pour fondateur au premier empire des Assyriens, qui subsista avec plus ou moins d'éclat et d'étendue pendant plus de 1450 ans, depuis lui jusqu'à Sardanapale, qui en fut le dernier roi, c'est-àdire, depuis l'an du monde 1800 jusqu'à l'an 3257.

§ II. Rois d'Assyrie. Nemrod ou Bélus, Ninus, Sémiramis. Description de Babylone. Ninyas...... Phul, Sardanapale.

NEMROD. C'est le même que Bélus 2, qui fut depuis AN. M. 1800 honoré sous ce nom comme une divinité.

Av. J.C.2204

Il était fils de Chus, petit-fils de Cham, et arrière- Gen. ch. 10. petit-fils de Noé. C'était, dit l'Écriture sainte, un violent chasseur devant le Seigneur. Il avait deux vues en s'appliquant à ce pénible et dangereux exercice : la première était de s'attirer l'affection des peuples, qu'il

1 Je m'éloigne ici du sentiment d'Ussérius, mon guide ordinaire, pour ce qui regarde la durée de l'empire des Assyriens, qu'il suppose, avec Hérodote, n'être que de 520 ans; mais je tire de lui les dates du temps où Nemrod a vécu, et de celui où Sardanapale est mort.

= La durée de l'empire d'Assyrie, ainsi que les époques de son origine et de sa fin, forment la difficulté la plus considérable de l'histoire ancienne. Cette difficulté tient en grande partie au dissentiment des deux principaux auteurs de qui nous tenons les documents relatifs à ce point obscur, Hérodote et Ctésias; le premier ne donne que 520 ans de durée à l'empire d'Assyrie; et Ctésias éva

lue la durée de cet empire à 1306,
jusqu'au règne d'Artaxerxès. Parmi
les chronologistes, les uns ont suivi
Hérodote, les autres Ctésias; cha-
cun d'eux a voulu rattacher à son
systême tout ce qui pourrait lui
donner de la force; d'autres, avec
plus de raison, ont tâché de com-
biner les récits des deux historiens :
il en est résulté une multitude de
systèmes plus ou moins différents;
il est à-peu-près inouï que deux
chronologistes aient eu précisément
la même opinion sur ce point.

Dans la chronologie de l'empire
d'Assyrie, tout est incertain jusqu'à
l'ère de Nabonassar.— L.

2 Bélus ou Baal, signifie maître.

delivrait et de la crainte et de l'attaque des bêtes farouches; la seconde, d'exercer à la chasse beaucoup de jeunes gens, de les endurcir au travail, de les accoutumer à une espèce de discipline et d'obéissance, de les former à l'usage des armes, et de faire servir à des desseins plus sérieux que la chasse des hommes qu'il aurait aguerris sous ce prétexte, et qui seraient accoutumés à ses ordres.

L'histoire ancienne a conservé quelques vestiges de cet artifice de Nemrod, qu'elle a confondu avec Ninus Lib. 2, p. 90. son fils; car Diodore en parle en ces termes : « Ninus, <«<le plus ancien des rois d'Assyrie dont il soit parlé <«< dans l'histoire, a fait de grandes choses. Étant naturellement belliqueux et zélé pour la gloire, qui est le << fruit de la vertu, il arma un nombre considérable de jeunes gens robustes et courageux comme lui, les « forma long-temps par de durs et pénibles exercices, << et par là les accoutuma à supporter avec patience les fatigues de la guerre, et à en affronter les dangers << avec courage et intrépidité. »

Ibid.

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Ce qu'ajoute Diodore, que Ninus fit alliance avec le roi des Arabes en unissant ses troupes aux siennes, est un reste de l'ancienne tradition, qui nous apprend que les enfants de Chus, et par conséquent frères de Nemrod, s'établirent tous dans l'Arabie, le long du golfe Persique, depuis Hévila jusqu'à l'Océan, et qu'ils étaient assez ses voisins pour le secourir et en être secourus; et ce que le même historien dit de Ninus, qu'il fut le premier roi des Assyriens, répond précisément à ce que dit l'Écriture, de Nemrod, qu'il commença à être puissant sur la terre; c'est-à-dire, qu'il s'y établit, qu'il y bâtit des villes, qu'il subjugua

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