DU MÊME AUTEUR L'ART ET LE COMÉDIEN Un joli volume in-16 imprimé Hollande. sur papier vergé de 2 fr. 'AI entendu, il y a déjà nombreuses années, un homme d'infiniment d'esprit et de talent, quelque peu négligé aujourd'hui, ce me semble, - Léon Gozlan, émettre en façon d'axiome l'opinion que voici : « L'un des premiers symptômes de la folie chez le comédien, c'est de vouloir jouer le Misanthrope. » La sentence me parut notable et je me la suis toujours rappelée; de façon que je n'ai éprouvé aucune surprise lorsque plus tard, n'ayant pas plus qu'un autre échappé à la règle et m'entretenant avec quelques amis de mon désir naissant d'interpréter Alceste, je recueillis immédiatement cette réponse unanime: «< Mais vous êtes fou, mon cher! » Je m'y attendais. Cela ne m'a pas empêché du reste, je dois le dire, d'étudier la pièce en conscience et avec amour; cependant je n'ai pas joué Alceste, et, selon toute vraisemblance, je ne le jouerai jamais. Est-ce donc que je sois revenu à la raison ? Je n'oserais pas trop l'affirmer, car je ne me suis rendu qu'à contre cœur, et la considération qui m'a arrêté ne me semble pas très solide au fond. Cette considération, en effet, je vais vous la dire en confidence, c'est mon physique. La nature, à ce qu'on prétend, ne m'a pas gratifié d'un physique qui me permette de jouer Alceste. L'interprétation de ce rôle magistral exige, m'a-t-on dit, un nez fait d'une façon particulière, ou tout au moins particulièrement différente de la mienne. Cela, je n'y puis rien. Devant cette sentence, plus cruelle que celle de Gozlan, qu'elle com |