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que

Perfique. C'eft là que fe fait le commerce des perles, & qu'on tire des nacres, les plongeurs vont arracher le long des rochers de l'Ile de Baharen qui est vis-à-vis. On explique à l'enfant ce que c'eft que ces perles & ces nacres,& comment on les pêche: & ce que fignifie ce mot, plongeurs.

L'Arabie Heureufe porte ce nom, parce qu'elle produit des plantes fort eftimées. On y trouve le Caffé, qui eft la graine d'un petit fruit rouge comme un bigareau. On y trouve le baume & l'encens, qui font des réfines d'une agréable odeur, & qui découlent de l'écorce de deux arbriffeaux.

C'est dans ce Golfe que fe jettent le Tigre & l'Euphrate.

Enfuite on rencontre l'Empire de Perfe,dont les principales villes font Hifpahan, Tauris, Schii os ou Shiras, & Bander Abaffi. Hifpahan & Tauris ont des marchés ou places publiques fi fpacieufes, qu'on y met dix-mille hommes en bataille. On voit à Shiras les magnifiques ruïnes de l'ancienne Perfépolis. Bander Abaffi eft le plus beau port de Perfe. On y fait aujourd'hui le commerce que faifoient autrefois les Portugais dans la petite Ile d'Ormus à l'entrée du Golfe, dont on les a chaffés.

Affez

Affez près de là eft la montagne de Chiampa, où l'on trouve des terres de differentes couleurs. L'éclat en eft fi vif, qu'on n'a jamais pu imiter la beauté dé leurs toiles peintes, qui fouffrent plufieurs favonages fans rien perdre de leur viva

cité.

En continuant ainfi à parcourir toutes les côtes, & en revenant fur les mêmes endroits, fans changer ce que l'on veut que le jeune homme apprenne, il fe fait un jeu de ces connoiffances qui l'amufent, & s'arrangent dans fa mémoire fans aucune contention.

On peut auffi, quand le jeune homme a déja fait quelques progrès dans la Géographie, le faire voiager fur la Carte. Le faire aller, par exemple, de Paris à Rome en lui faifant paffer la mer; & le faire revenir de Rome à Paris par terre, en lui faifant prendre une autre route. Ces petits changemens le divertiffent, &, chemin faifant, on lui apprend mille cu riofités dans tous les lieux qu'il parcourt. S. VI.

La Grammaire Françoife. IL ME RESTE à parler de la Grammaire. Françoife, qui doit être apprife aux enfans dès qu'ils en feront capables, & ils le font pour l'ordi

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A

naire

naire de bonne heure. Il eft honteux que nous ignorions notre propre langue; &, fi nous voulons parler vrai,. nous avouerons prefque tous que nous ne l'avons jamais étudiée. Je ne m'arrêterai point ici aux réflexions que l'on peut faire fur ce fujet : je parle ailleurs affez au long de ce qui regarde cette étude. La prudence du Maitre peut feule, dans l'âge dont il s'agit, en règler & le tems & la maniere. Il prendra dans une Grammaire Françoise ce qu'il jugera le plus néceffaire aux enfans, & le plus à leur portée, réfervant pour un autre tems ce qui lui paroitra trop abftrait & trop difficile: car il eft à fouhaiter que l'on continue cet exercice pendant tout le cours des études.

Voilà à peu près ce que je croi qui doit occuper les enfans jufqu'à l'âge de fix ans: auquel tems on pourra commencer à les mettre au Latin, dont l'intelligence leur deviendra bien plus facile par l'étude qu'ils auront faite de la Grammaire Françoife: car les principes de ces deux langues font communs en bien des chofes.

Il ne faut pas croire que ce que je propofe ici foit au-deffus de la force des enfans. J'en ai entendu un tout récemment qui n'a que fix ans, répon

dre

dre dans une affez nombreuse affemblée fur le Catéchisme historique tout entier, dont il récitoit à l'ouverture du livre tous les endroits qui fe présentoient, tant le narré que les demandes & les réponses. Il rendit compte auffi de la plupart des termes de Géographie, des quatre Parties du Monde en général, & de la France dans un affez grand détail. Il expofa avec beaucoup de netteté plufieurs règles de la Grammaire Françoife, & c'eft ce qui m'étonna le plus. Il déclama quelques Fables de la Fontaine avec beaucoup de graces, & il étoit prêt à répondre fur les principes du Blafon, mais le tems ne le permit pas.

Je fai bien qu'on n'en doit pas attendre autant de tous les enfans, & je n'ai cité cet exemple que pour mon trer de quoi ils font capables quand ils font bien conduits. Lors même qu'on en rencontre du caractere de celui dont je parle, qui fe portent d'eux-mêmes au travail, & qui en font leur plaifir, ce qui eft fort rare & fort heureux, on doit être extrêmement attentif à moderer leur ardeur. & à la renfermer dans de juftes bornes. Rien n'eft plus flateur & pour des parens & pour un maitre, que de voir

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ainfi

ainfi réuffir un enfant dans un âge fi peu avancé: mais, je croi pouvoir le dire, rien en même tems n'est si dangereux. Car, fi on fe livre de part & d'autre à ce plaifir, & qu'on ne ménage pas avec affez de foin la fanté d'un enfant, on court rifque de la ruïner pour toujours par une attention trop faivie, qui épuife les efprits fans qu'on. s'en apperçoive, & qui ufe infenfiblement des fibres & des organes qui font. alors d'une extrême délicateffe.

Ce danger eft grand, mais il n'est pas ordinaire. On a bien plus fouvent befoin d'infpirer de l'ardeur aux enfans, que de la moderer; & c'eft en cela que je fais confifter la principale habileté d'un Maitre. Mais, pour faire aimer l'étude, il faut qu'il commence par fe faire aimer lui-même; & il y réuffira infailliblement s'il agit toujours par raison, & jamais par humeur. Je traiterai cette matiere fort au long, quand j'expoferai les devoirs. des Parens & des Maitres dans l'édu cation des enfans. Je me contente icide les avertir qu'ils ne peuvent être trop attentifs à jetter de l'émulation dans leur efprit. Les exercices, à l'âge dont je parle, doivent être plutôt un divertiffement, qu'une étude. Il faut.

les:

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