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âge en eft capable, en lui propofant de petites queftions proportionnées à fa foibleffe, en dérangeant l'ordre des. demandes, en lui faifant expliquer à lui-même fes réponses, & par mille autres moiens induftrieux que l'affection & le zèle infpirent à un Maitre qui fe fait un plaifir de fon devoir.

Cet exercice du Catéchifine Hifto→ rique, qui ne remplira qu'une légere partie de la journée, règlé comme je l'ai marqué, & renouvellé de tems en tems par des répétitions réitérées plus d'une fois., occupera trois ou quatre années de l'enfance, & la conduira jusqu'à la fixieme ou feptieme année, où commenceront des études un peu plus férieuses..

S. IV.

Les Fables de la Fontaine.

EN MEME TEM S qu'on occupera l'enfant à cet exercice, on lui fera apprendre par cœur quelques Fables de la Fontaine, en choififfant d'abord les plus courtes & les plus agréables. On aura foin de lui expliquer clairement & brièvement tous les termes qu'il n'entend point, & après qu'on lui aura lu plufieurs fois une Fable & qu'on la lui aura fait répéter de mémoire,

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moire, on l'accoutumera à en faire de lui-même un récit fimple & naturel. On ne fauroit croire combien cette pratique peut être utile à un enfant dans la fuite. Pour la lui faciliter, le Maitre fera d'abord lui-même ce récit, & lui apprendra par fon exemple comment il faut s'y prendre. Je n'ai pas besoin d'avertir qu'il faut commencer par expofer aux yeux de l'enfant l'image qui eft à la tête de la Fable, & qui en renferme le fujet, & la lui bien faire comprendre: rien n'est plus divertiffant pour lui.

Quand il en aura bien appris une par cœur, & qu'il la faura parfaitement, on lui apprendra à la déclamer, en l'accompagnant du ton & du gefte convenables à la matiere. Le Maitre pourra confulter ce qui fera dit dans la fuite fur les règles de la Prononciation. On l'accoutumera ainfi de bonne heure à exprimer comme il faut les voielles & les confonnes, à en faire fentir la force, à appuier fur celles qui demandent qu'on s'y arrête, à ne point manger certaines fyllabes, fur-tout les finales, à faire de certains repos felon la difference de la ponctuation, en un mot à prononcer avec grace, clarté, & jufteffe, On doit être fort attentifà

leur

leur faire prendre un ton naturel, & à leur faire éviter une forte de glapiffement ordinaire aux enfans, qui les fuit jufques dans les Claffes, & fouvent dans un âge encore plus avancé.

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§. V.

La Géographie.

ON DONNER A auffi chaque jour un certain tems à la Géographie. Elle fera pour eux un divertiffement plutôt qu'une étude, fi le Maitre fait l'affaifonner de petites hiftoires agréables & de faits curieux à l'occafion des païs & des villes dont on leur parlera. Ces hiftoires & ces faits fe trouvent dans les livres de Géographie: il en faut faire un triage, & ne choifir que ce qui pourra plaire à l'enfant. Il y a plufieurs méthodes d'enfeigner la Géographie, qui la plupart font fort bonnes, pourvu qu'on y foit fidele, & qu'elles foient toujours accompagnées de l'inspection des Cartes: car c'eft ici une science des yeux. Parmi ces differentes méthodes il me femble qu'on doit préférer celles qui, au-lieu de fuppofer de l'efprit aux enfans, ou d'avoir befoin d'être aidées par leur efprit, aident plutôt l'efprit des enfans, & les amusent par un agréable exercice.

On commencera d'abord par expo

fer à leurs yeux la Mappemonde, qui eft la Carte du Monde entier; ou plutôt le Globe terreftre, beaucoup plus propre à leur donner une jufte idée de la figure de la Terre. On aura foin de leur faire entendre les termes de cet Art qui feront néceffaires, en les mettant à leur portée:Continent, Mer, Ile, Prefqu'ile, Golfe, Détroit, &c.

On peut enfeigner la Géographie par des divifions exactes, & par des détails favans: mais cette méthode charge beaucoup la mémoire,& ne dédommage prefque par aucun plaifir de l'ennui inféparable d'une longue file de noms-propres.

Il feroit, ce me femble, plus utile de conduire & de faire voiager l'enfant fur une Carte, fans y remarquer autre chofe que quelque particularité amufante, qui étant liée avec la figure du païs, aide la mémoire à en conferver le nom & la fituation.

Je fuppofe, par exemple, qu'on veuille faire connoitre l'Afie à un jeune enfant qui fait les termes ordinaires. Je voudrois me contenter de lui en faire parcourir toutes les côtes, en l'avertiffant de ce que chaque païs a de remarquable.

L'Afie, lui dirois-je, commence où finit l'Afrique, qui y eft jointe par l'Ifth

me

me de Suès, que vous voiez entre la mer Méditerranée & la mer Rouge. Cette mer eft appellée Rouge, parce que c'étoit proche de cette mer qu'habitoient les Iduméens defcendus d'Efau ou Edom, dont le nom fignifie rouge, ou de poil roux.

L'Arabie, que cette mer baigne, fe partage en trois : la Pétrée, la Déferte, I'Heureuse.

La Pétrée eft ici à l'extrémité, ou vers le fond de la mer Rouge. C'est là que les Ifraëlites demeurerent durant quarante ans, après avoir paffé à pié fec le lit de la mer Rouge qui s'étoit retirée. Remarquez-y le mont Sinaï, où Dieu donna'aux Hébreux la Loi comprise dans le Décalogue, & beaucoup d'autres Règlemens. L'Arabie Pétrée prend fon nom de l'ancienne ville de Pétra, qui ne fubfifte plus.

La Déferte prend fon nom de fes vaftes folitudes. On y trouve les villes de la Mecque, Médine, & Elcatif. La Mecque eft fameufe par la naiffance du faux Prophete Mahomet. On y a bâti une Mofquée confiderable, où, tous les ans & de tous côtés, fe rend en caravanes un grand nombre de pélerins. Médine eft le lieu de fa fépulture. Le Catif ou Elcatif eft fituée fur le bord du Golfe Per

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